Au moment où l’article 23 visant à assassiner la vape entre en discussion au Parlement français, est publiée une étude menée auprès de médecins spécialistes. Et, contrairement aux politiques, ils sont très clairement en faveur de l’e-cigarette.
- Une étude publiée dans Archives of Public Health réunit l’avis de médecins francophones sur la vape.
- La majorité des experts considère la cigarette électronique comme un outil de réduction des risques.
- Ils insistent sur un usage encadré, intégré à un suivi médical et adapté au profil du fumeur.
- Le consensus rappelle que la vape n’est pas sans effets et doit rester interdite aux non-fumeurs.
- Cette reconnaissance prudente marque une avancée majeure pour la place de la vape dans le sevrage tabagique.
Une étude cruciale

Conçue sous la forme d’un consensus rapide de type Delphi (qui vise à obtenir un consensus à partir du recueil d’opinions d’experts sur un sujet donné, à travers une série de questionnaires anonymes et structurés), cette recherche pilotée par la Société francophone de tabacologie visait à dégager un terrain d’entente entre spécialistes, dans un contexte où les débats restent vifs entre partisans de la réduction des risques et défenseurs d’une abstinence stricte.
Rappelons au passage que l’affirmation selon laquelle la vape est au moins 95 % moins dangereuse que le tabac provient d’une étude du même genre.
Dès son introduction, l’article souligne un constat partagé : malgré les progrès enregistrés dans la lutte contre le tabagisme, une partie des fumeurs demeure réfractaire aux méthodes traditionnelles de sevrage.
Dans ce paysage, la cigarette électronique s’impose comme une alternative controversée, à la fois porteuse d’espoir pour ceux qui n’ont pas réussi à arrêter autrement, et source d’inquiétude pour ceux qui redoutent une nouvelle forme de dépendance. Pour dépasser les positions idéologiques, les auteurs ont choisi une approche pragmatique, fondée sur la confrontation structurée des points de vue d’experts issus de France, de Suisse et d’autres pays francophones.
Protocole d’écoute
Le protocole retenu repose sur deux séries de questionnaires anonymes adressés à un panel de spécialistes. Chaque proposition concernant l’usage de la cigarette électronique dans le sevrage a été évaluée selon une échelle de neuf points, allant du désaccord total à l’accord complet, puis commentée afin d’affiner les positions lors du second tour.
Ce dispositif, s’il n’a pas la rigueur d’un essai clinique, permet en revanche de saisir les nuances du jugement professionnel et d’identifier les points d’équilibre dans un domaine encore mouvant.
Les résultats montrent une évolution sensible du discours scientifique. La grande majorité des participants considère désormais que la cigarette électronique peut constituer un outil de réduction des risques lorsqu’elle est proposée à des fumeurs qui n’ont pas réussi à se sevrer du tabagisme autrement. Loin d’être présentée comme une panacée, elle apparaît comme un instrument transitoire, à condition d’être intégrée dans une prise en charge globale du sevrage, incluant un accompagnement médical, un suivi régulier et un travail sur les comportements.
Les experts s’accordent également sur l’importance de rappeler que la vape n’est pas sans effets, que la qualité du matériel et des liquides doit être garantie et que la prévention de l’usage chez les non-fumeurs et les jeunes demeure une priorité absolue.
La réduction des risques en priorité
Cette position, plus pragmatique que militante, s’inscrit dans une logique de santé publique fondée sur la réduction du risque plutôt que sur l’absolu de l’abstinence. Les auteurs insistent sur la nécessité d’un encadrement professionnel et d’une adaptation personnalisée du taux de nicotine pour éviter la rechute. Ils rappellent aussi que l’objectif final reste l’arrêt total de la consommation de produits nicotiniques, même si celui-ci peut s’inscrire dans un processus progressif.
Le consensus ne gomme pas pour autant les divergences. Certains experts s’interrogent sur la durée acceptable d’un usage de la vape dans une démarche de sevrage, d’autres sur la frontière entre réduction du risque et maintien d’une dépendance prolongée. La question du rôle des professionnels de santé demeure également centrale : doivent-ils prescrire, recommander ou simplement tolérer la cigarette électronique ? Autant de sujets qui, selon les auteurs, méritent des recherches complémentaires.
Des limites, mais un bon espoir
Les limites de l’étude tiennent à son périmètre. Les participants sont tous membres ou proches de la Société francophone de tabacologie, ce qui restreint la représentativité du panel. Il s’agit d’un consensus d’opinion, et non d’une évaluation clinique mesurant l’efficacité de la vape dans le sevrage. Les auteurs reconnaissent également que le contexte technologique et réglementaire évolue rapidement, rendant nécessaire une actualisation régulière des conclusions.
Ce travail marque néanmoins une étape symbolique. Il consacre l’entrée de la cigarette électronique dans le champ des pratiques reconnues, non comme une solution miracle mais comme une option crédible lorsque d’autres méthodes ont échoué.
En somme, le message porté par ce consensus peut se résumer en une formule : la cigarette électronique n’est ni un ennemi ni un sauveur, mais un outil parmi d’autres dans la lutte contre le tabac, à manier avec discernement et dans le cadre d’un accompagnement structuré.
Pour le monde du vapotage, cette reconnaissance prudente des experts francophones constitue une avancée importante : elle légitime l’usage raisonné de la vape comme levier de santé publique. Voilà qui devrait interroger tout décideur responsable, si toutefois il en reste.
Sources et références
1 Lüthi, E., Velarde Crézé, C., Lebon, L. et al. Electronic cigarette for smoking cessation: a fast-track Delphi consensus of French-speaking experts. Arch Public Health 83, 260 (2025). https://doi.org/10.1186/s13690-025-01725-x
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