En perdant près de 20 % de son budget, l’organisation va devoir prioriser ses activités, et avec un peu de chance, oublier la cigarette électronique.

À peine arrivé, il secoue le cocotier 

Avec les USA, c’est une partie des financements de l’OMS qui s’en va.

Avant même sa première élection en 2020, Donald Trump était bien connu pour ses prises de position appuyées, et bien souvent, atypiques. Au cours de son premier mandat, le milliardaire aura pris de nombreuses décisions qui, si certaines ont pu choquer l’opinion, resteront gravées dans les mémoires. Parmi elles, citons par exemple la volonté du milliardaire de faire construire un mur entre son pays et le Mexique, afin de freiner l’immigration illégale, ou encore le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, s’exclamant à ce moment-là : « Alors que nous sommes les meilleurs dans la protection environnementale. On ne va pas se laisser imposer des obligations par les plus grands pollueurs »

Si les frasques de Trump ont fait le tour du monde, le début de son second mandat semble prendre la même tournure. Parmi les premiers décrets signés lors de son retour au pouvoir il y a quelques jours, le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), paraphé le 20 janvier. 

Faisant partie des membres fondateurs de l’organisation en 1948, ce retrait est un véritable coup dur pour l’OMS. Chaque année, les États-Unis abreuvent l’organisation de financements (1,3 milliard entre 2022 et 2023), à tel point que le pays représente à lui seul, près de 20 % du budget de l’organisme. Un manque à gagner tel que suite à l’officialisation de cette sortie par le président américain, l’OMS a annoncé la suspension des recrutements en cours, « sauf dans les domaines les plus critiques ». Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général, a aussi informé ses collaborateurs, dans un courrier interne dont l’AFP a pu obtenir une copie, être actuellement en train « d’examiner les activités à financer en priorité ».

Le fantôme du COVID-19 hante toujours les esprits

Mais que reproche Donald Trump à l’OMS ? L’animosité du président ne date pas d’hier. Lors de son premier mandat, à plusieurs reprises, il avait accusé l’organisme d’avoir mal géré l’épidémie de Coronavirus qui avait fini par paralyser le monde entier. Il reprochait à l’Organisation mondiale de la santé d’avoir été complaisante avec Pékin, expliquant notamment qu’à ses yeux, « la Chine a toujours raison ». Il n’avait pas non plus manqué d’affirmer que « si l’OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l’épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts »

Il reste toutefois difficile de savoir si le président américain a raison. D’abord, parce que, comme le dit l’adage, « avec des si, on refait le monde », et ensuite parce que l’épidémie de Coronavirus s’est révélée être une épreuve pour l’OMS comme pour le reste du monde. Un livre enquête a d’ailleurs été récemment publié à ce sujet en France. Baptisé Les Juges et l’assassin (éd. Flammarion), il est signé de la main de deux journalistes d’investigation au journal Le Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, et révèle certains des nombreux manquements dont aurait fait preuve le gouvernement de l’Hexagone dans la gestion de cette crise. 

Mais la gestion de l’épidémie de COVID-19 n’est pas le seul reproche que Donal Trump adresse à l’OMS. Sur le plan économique, l’inventeur du slogan “America First” estime que les USA paient trop, en particulier par rapport à la Chine. Il faut dire que Pékin participe, chaque année, à hauteur de 157 millions d’euros, soit 88 % de moins que les USA, alors que le pays compte 300 % d’habitants en plus, comme le souligne la Maison-Blanche. 

Notons également que le nouveau ministre de la Santé américain, nommé par Donald Trump, n’est autre que Robert F. Kennedy Jr., un complotiste chevronné s’étant toujours opposé à l’OMS, accusant l’organisme d’essayer de « voler la souveraineté des pays », comme le rappelle le New York Times

Reste que ce retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé va l’obliger à revoir ses priorités, comme le confirme la docteure Joanne Liu, ex-Présidente internationale de l’association Médecins sans frontières, qui parle d’un « gros trou dans la caisse » et du fait qu’il va y avoir « des arbitrages à faire ». Et avec un peu de chance, parmi les domaines mis de côté, se trouvera celui du vapotage, au sujet duquel l’OMS ne cesse d’accumuler les inepties depuis de nombreuses années

L’OMS, antivape depuis ses débuts 

S’il existe, depuis plusieurs années, un consensus scientifique autour de l’intérêt de la cigarette électronique en tant qu’outil de sevrage tabagique, l’OMS n’est pas de cet avis. Dès 2012, l’Organisation mondiale de la santé suggérait de bannir le vaporisateur personnel, au prétexte qu’il banalisait la consommation de tabac. Si, déjà à cette époque, cette position pouvait interloquer de par l’absence de tabac dans les e-liquides, le secteur du vapotage commençait à peine à se développer, et les informations à son sujet restaient rares, pouvant expliquer sa mauvaise perception par les grandes agences de santé mondiales. 

Problème, près de 15 ans après, le vapotage n’est plus un inconnu, ni du grand public, ni des organisations de santé. Aujourd’hui, de nombreuses données démontrent que, dans bien des pays, le gain en popularité de la cigarette électronique s’est accompagné d’une diminution du tabagisme. La composition des e-liquides est désormais étroitement surveillée, certains pays comme la France ayant été jusqu’à mettre en place des normes de qualité spécifiques au vapotage. Les effets de l’utilisation d’un vaporisateur personnel sur la santé ont aussi été largement étudiés, et plusieurs dizaines, si ce n’est centaines d’études, ont conclu que les effets néfastes du vapotage étaient bien moindres que ceux du tabagisme

Pourtant, malgré les nombreuses données disponibles au sujet de la cigarette électronique, l’OMS continue de la dénigrer. Il y a moins de deux ans, l’organisme publiait encore des recommandations au sujet des e-cigarettes, appelant à une « action urgente » des pays du monde entier, aux prétextes que le vapotage n’aide pas à arrêter de fumer, qu’au lieu de ça, il conduit au tabagisme, et que le seul intérêt des arômes dans les e-liquides est d’attirer les jeunes dans un phénomène de dépendance à la nicotine. Autant d’arguments contre la cigarette électronique, que de très nombreuses recherches scientifiques ont démentis. 

En 2020, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, l’OMS avait été jusqu’à lancer une campagne mettant en scène des enfants âgés d’une dizaine d’années, vapoteuse à la main, qui n’avait pas manqué de faire réagir de nombreux experts. Une campagne financée grâce à son budget, désormais largement amputé par le retrait des États-Unis. Reste désormais à voir si l’organisme trouvera les fonds pour continuer sa propagande antivape. 

Le retrait des USA devrait être acté dans un an, délai que le pays est obligé de respecter avant de pouvoir effectivement se retirer. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà tenté de quitter l’OMS. Un départ qui avait finalement été annulé par Joe Biden, lors de son investiture. Cette fois, le président devant rester en poste pour les quatre prochaines années, rien ne devrait interférer dans ce retrait. Les fonds américains continueront ainsi d’abonder pour l’année en cours, mais 2026 s’annonce d’ores et déjà comme une année difficile pour l’Organisation mondiale de la santé. 

Le reste de l’actualité politique

Annonce