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Le plus grand mystère de la vape

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La vape, bien que relativement jeune, est déjà riche en histoires, mystères et controverses. Mais, parmi toutes ces grandes questions, s’il ne devait en rester qu’une entre toutes, la plus lancinante, la plus étrange, la plus opaque, ce serait : mais qui est Norbert ?

L’époque des grandes guerres

Origen Dripper

Oui, se seront peut-être demandé les plus jeunes vapoteurs, mais qui est ce Norbert ?

La réponse courte est : un modeur, un fabricant artisanal de vape généralement haut de gamme. Norbert fait son apparition en 2012 sur le forum VaporWall. À l’époque, c’était le rendez-vous des plus acharnés des passionnés, où les modeurs présentaient et vendaient leur matériel à une communauté qui cherchait toujours plus, et surtout toujours mieux. La meilleure vape de l’époque, c’était un cartomiseur Boge à 7 watts.

C’était le temps où des noms aujourd’hui connus bricolaient leurs premières idées dans leur garage ou sous leur escalier. La fameuse époque de la « guerre du F5 ». Je vois les jeunes écarquiller les yeux. Une explication s’impose.

En ce temps héroïque des débuts de la vape, les modeurs étaient minuscules, et vendaient à une communauté de vapoteurs qui, bien que mondiale, était elle aussi minuscule.

Aujourd’hui, pour acheter un atomiseur reconstructible haut de gamme ou un mod mécanique, s’il n’est pas tout simplement disponible dans une boutique (ce qui semblait totalement inconcevable, il y a dix ans) la procédure est simple : on s’inscrit sur le groupe Facebook du modeur, le jour venu on remplit le Google Form pour passer commande, et si on n’est pas assez rapide, eh bien on attend la seconde production, quelques semaines plus tard.

Au pire, arriver en retard vous fera perdre quelques semaines pour obtenir l’objet convoité, qui sera produit à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’exemplaires.

Mais il y a dix ans, les modeurs n’avaient pas l’assise financière de plusieurs milliers de clients potentiels prêts à payer en avance pour que l’artisan puisse produire sur des machines outil performantes. Il produisait tout seul, chez lui, parfois avec un outillage rudimentaire.

Origen Genesis V2

Demandez aux modeurs d’aujourd’hui combien ont commencé dans leur abri de jardin avec pour seul outillage un étau et un Dremel. Ou sous son escalier, comme Aniki, qui vous aurait probablement traité de fou si vous lui aviez dit à quel point Animodz deviendrait un modeur qui compte aujourd’hui.

Et pour vendre sa petite production, le modeur annonçait « la prochaine production sera de cinq exemplaires qui seront mis en vente jeudi soir à minuit ». Il fallait alors enquêter pour savoir de quel minuit il parlait, selon le fuseau horaire où il se situait, puis, le jour dit, s’installer devant son ordinateur bien avant l’heure dite, puis, après avoir prié longuement pour que le serveur tienne, tabasser sa touche F5 pour rafraîchir la page jusqu’à ce qu’un bouton « commander » apparaisse.

Celui qui avait appuyé sur sa touche F5 au bon rythme, avait la connexion la plus fiable et les nerfs les plus solides achetait, les autres n’avaient que leurs yeux pour pleurer. C’était ce qu’on appelait « la guerre du F5 ».

Le mystère Norbert

La box Origen, projet qui n’a jamais vu le jour.

Et ce fameux Norbert arrivait avec ce qui se faisait de mieux, à l’époque : un atomiseur génésis, baptisé Origen. Un produit ultra-confidentiel, mais qui allait être suivi, en 2013, de l’atomiseur qui allait bâtir sa légende : l’Origen Dripper.

Le premier du nom se tailla une jolie réputation, mais sa version V2 allait asseoir Norbert sur son trône : distribué dans quelques magasins spécialisés en haut de gamme, l’Origen Dripper était réputé pour son rendu, sa polyvalence et ses finitions exemplaires.

D’autres modèles suivirent, Origen Dripper V3, Origen Tank 16 mm, puis le 22 mm (le seul échec patent de Norbert à ce jour) et Origen Génésis V2, qui allait faire le bonheur de fans de la customisation, comme Alliancetech Vapor, qui deviendraient plus tard eux-même des modeurs réputés avec leurs propres créations.

Faites vos recherches, c’est l’occasion de se plonger dans les annales des forums, exercice souverain quand il s’agit de réaliser à quel point, aujourd’hui, nous sommes heureux et bien servis. Cet article ne traite pas de cet aspect là de Norbert. Il ne parle pas de l’œuvre, il parle de l’homme, et il n’en est même pas sûr.

L’Origen Genesis a inspiré bien des créateurs. Son plateau était entièrement modulable.

Parce que personne, absolument personne, ne sait qui est Norbert.

Certains ont discuté avec lui, certes. Mais par le biais des messages privés ou des mails, toujours tournant autour de la vape. Tel ou tel modeur est plus ou moins discret et n’aime pas, parfois, se mettre en avant. Mais même les plus réservés peuvent être rencontrés dans des salons de la vape autour du monde.

Sauf Norbert. Personne ne l’a jamais vu, ni même parlé au téléphone.

Tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il est hongrois. Ou qu’ils sont hongrois. Ou qu’elle est hongroise, pourquoi pas ? Du moins, que la personne qui se fait appeler Norbert et fabrique des atomiseurs se trouve en Hongrie, rien ne prouve qu’il en soit natif ou qu’il en ait la nationalité. Ou Elle. Ou ils. Ou elles. 

Et même avec ceux qui ont échangé de manière intensive avec lui, Norbert reste un mystère. Il a toujours esquivé les questions trop précises sur son identité ou sa vie privée. Allant jusqu’à observer, à quelques reprises, un silence obstiné de plusieurs mois face à ceux qui se montraient insistants. 

Au final, tout ce que l’on sait, c’est que les atomiseur siglés Norbert sont expédiés depuis la Hongrie et que les échanges se font avec quelqu’un dont l’anglais n’est pas la langue natale. Point.

Et depuis 2012, la personne derrière ce prénom a su devenir le plus célèbre inconnu de la vape.

C’est une histoire qui valait la peine qu’on la raconte.

Merci à Xavier de Phileas Cloud pour les photos. 

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