Après plus de dix ans d’absence des circuits automobiles, les cigarettiers reprennent leur activité de sponsoring en Formule 1. Prônant leur volonté de se transformer, les industriels du tabac vont-ils réussir à se réimposer ?
Véritable volonté ou publicité déguisée ?
Les fans de sports automobiles le savent, le sponsoring des écuries de F1 par l’industrie du tabac, a en grande partie disparu des circuits depuis l’année 2006. Mais après plus de dix ans d’absence, les cigarettiers semblent désormais y faire leur grand retour, cette fois-ci à grands coups de publicité pour leurs « produits à risques réduits ».
L’information est rapportée par l’AFP. En octobre dernier, PMI, sponsor historique de Ferrari, revient sur le devant de la scène grâce à un nouveau logo affichant Mission Winnow. Décrit par le cigarettier comme un programme de contenus autour de la science, de l’innovation et de la technologie comme leviers d’amélioration et de transformation pour PMI et ses partenaires, il s’affiche également en MotoGP cette saison, sous les couleurs de la marque Ducati.
Cette semaine, BAT lui a emboîté le pas en annonçant son récent partenariat avec le constructeur McClaren, qui affichera quant à lui le slogan A better tomorrow. Pour l’industriel du tabac, cette petite phrase représenterait une plateforme globale pour accélérer le programme de transformation (du cigarettier).
Difficile cependant de dire si ce retour en force des cigarettiers pourra perdurer. L’Australie a d’ores et déjà fait part de son inquiétude le concernant et a indiqué être en train d’examiner le logo Mission Winnow ressemblant étrangement à celui de Marlboro.
La France a également fait part de son scepticisme puisque le ministère de la santé a déclaré ne pas ignorer que Philip Morris et d’autres compagnies de tabac utilisent ce type de stratégie depuis des décennies pour contrer les politiques contre le tabac et induire le public en erreur au sujet des risques liés à sa consommation.
La Fédération internationale de l’automobile (FIA) a quant à elle préféré se montrer prudente en indiquant qu’elle ne connaissait pas les détails de cet accord ou des modalités de ce partenariat et qu’il était difficile d’en évaluer la nature à ce stade. Elle a cependant rappelé que depuis 2006, la FIA s’est fermement opposée à toute publicité ou sponsoring pour les cigarettes ou les produits du tabac dans le cadre de ses championnats et que cette approche n’a pas changé.
Tabac et automobile : une longue histoire d’amour
Historiquement, l’industrie du tabac a plus ou moins toujours été présente sur les circuits de F1. Dès 1968, le pilote John Love intègre l’écurie Team Gunston, maison spécialement créée afin de pouvoir contourner la réglementation de l’époque qui exigeait que les sponsors des machines ne soient que des produits utilisés pendant la course. Cette année signe ainsi le premier partenariat entre une écurie de F1 et un cigarettier, Gold Leaf.
Cependant, bien que ces nouveaux partenariats soient profitables aux fabricants de cigarettes comme à l’industrie automobile, la fin des années 60 marque également le temps des premières mesures anti-tabac mises en place par différents gouvernements.
En 1976, Simon Veil propose la première loi interdisant la publicité pour le tabac dans plusieurs médias. Quelques années plus tard, l’Italie renforce une mesure mise en place au début des années 60, et relève ainsi le prix des amendes infligées aux marques automobiles sponsorisées par des cigarettiers. Au même moment, l’Allemagne promulgue également une nouvelle loi interdisant la publicité pour la plante déjà si controversée sur les circuits automobiles.
Il faut cependant attendre l’année 2000 pour que la FIA adopte enfin une position officielle et propose une interdiction totale de la publicité pour le tabac sur les circuits. La nouvelle loi entrera en vigueur quelques années plus tard, en 2006.
Suite à sa mise en place, les partenariats entre cigarettiers et écuries automobiles disparaissent. BAR délaisse Lucky Strike pour Earth Dreams, programme environnement de Honda et Renault abandonne Mild Seven et se tourne vers l’organisme financier ING.
L’industrie du tabac disparaît ainsi peu à peu du monde de la F1. Jusqu’à aujourd’hui…
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