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La vape n’est pas morte. Du moins pas encore …

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Ca y est, c’est fait : l’article 18 a été voté le mercredi 26 février 2014, signant l’acte de décès de la vape. A moins que ce ne soit voir le verre à moitié vide. Est-ce réellement si grave ?

La vape au coeur des préoccupations politiques de beaucoup de français ?

La vape au coeur des préoccupations politiques de beaucoup de français ?

Je me rappelle d’un auteur de science-fiction anglais que j’aimais bien, Douglas Adams, qui s’était rendu célèbre pour sa trilogie en cinq volumes (oui) du Routard Galactique. C’était l’histoire d’un anglais typique qui apprenait, dans la même journée, qu’on allait démolir sa maison, puis qu’on allait démolir sa planète, et, pour couronner le tout, que son meilleur ami était en réalité un extra-terrestre chroniqueur au Guide du Routard Galactique, quelque part entre le guide gastronomique et le bréviaire survivaliste intergalactique. Le Guide en question avait pour devise, écrite en larges lettres amicales sur sa couverture « Pas de panique ».

Tu n’es pas un criminel

Curieusement, c’est la pensée qui m’est venue, « pas de panique ». Ce matin, à cinq heures cinquante cinq, je me suis fait un petit café, j’ai pris un accu que j’ai mis dans mon MOD, j’ai vissé sur l’ensemble un dripper, j’ai choisi un excellent juice dont j’ai humecté les mèches en coton, et, café dans une main, MOD dans l’autre, j’ai fixé alternativement la pendule et la porte.

A six heures, savez-vous ce qui s’est passé ? Absolument rien.
C’est curieux, parce que, d’après les réseaux sociaux, à six heures pétantes, horaire légal à partir duquel la police peut intervenir, le GIGN aurait dû donner l’assaut à ma maison. Je m’apprêtai a mourir en brave, Pipeline Pro, et Origen à la main, après avoir tiré une ultime bouffée de Dark Virginia.

Oui, l’Europe a voté mercredi un texte. Pas une loi, un texte. La vape est encore légale, et il est inutile de planquer vos bouteilles de 100 ml de Grant’s Vanilla Custard à peine débarquée du dernier batch, elles sont encore légales.
Il faut savoir que l’Europe est un système complexe et parfaitement imbuvable qu’on peut résumer ainsi : le parlement peut voter directement des lois qui régissent les rapports entre états, mais celles qui s’appliquent à la vie courante des citoyens doivent d’abord être transposées dans la législation de chaque état. Il y aura donc un délai entre le vote de cette prescription et un quelconque projet de loi de notre gouvernement bien-aimé.

La révolution ? Je peux pas, j’ai piscine

Beaucoup ont appelé aux armes, hurlé à la dictature, invoqué la révolution.
D’autres ont publié les listes de députés français qui ont voté pour la résolution tabac avec l’article 18 dedans, en appelant à ne pas réélire les eurodéputés. En France, ça va vite : tous les eurodéputés l’ont votée, sauf ceux du Front National. Quelque chose me dit que ça va être rigolo, les cas de conscience, chez certains.

Plus sérieusement, réfléchissez à une chose : les politiques blâmables, sont ceux qui ont introduit l’article 18 au milieu d’une directive tabac. A ceux-là, oui, on peut demander des comptes. Les autres, les députés qui ont voté, ils n’ont pas voté contre la cigarette électronique. Ils ont voté un ensemble de lois sur le tabac, avec la cigarette électronique au milieu. En somme, il avaient le choix entre soit voter le texte, tout le texte, soit ne pas le voter, et devoir se justifier après.

Rappelez vous qu’il y a quelques mois, quand on leur a soumis un texte contre la vape, et juste sur la vape, ils avaient voté contre.

En l’occurrence, sur ce texte, les eurodéputés se sont fait piéger par un texte sournois.
Vous me direz qu’alors, nous pouvons demander des comptes aux dirigeants qui ont écrit ce texte, mais je vous rétorquerai qu’ils s’enfichent, ils ne sont pas élus. « Pas élus ? Mais qui a autorisé cela ? » demanderez-vous peut être ? La réponse est simple : vous. Traité de Maastricht, 1992. Ben oui, avant de voter un texte, il faut le lire.

Mais, alors, tout est foutu ?

Rassure-toi, ami vapoteur : tout n’est pas foutu. Le texte doit d’abord être transcrit dans la législation nationale. Rien ne sera fait avant juin : il y a les élections européennes, et on ne voudrait surtout pas vous donner l’envie de voter pour des souverainistes, non ?
Ensuite, il faudra adapter la législation nationale. Là, il sera possible de peser dans la balance. Parce que la directive est floue : chaque état pourra l’adapter à sa façon. Songez-y : si on fait des calculs selon les différents sondages, une mobilisation des vapoteurs, de leurs conjoints et proches, de toutes les personnes qui ont saisi l’importance de la chose et qui n’ont pas de convictions politiques profondément ancrées, c’est un million de voix. Au second tour, aucun politique ne peut se permettre de tourner le dos à un million de voix.

Enfin, la loi sera votée. Toujours pas de panique : là, il sera temps de la dénoncer devant les tribunaux, pour entrave, par exemple, à la libre circulation des biens, contraire au principe même de l’Europe.
Le tout, avec le soutien de la communauté médicale dans sa majorité, avec le soutien, récent mais puissant, des grands médias, TF1 en tête qui a consacré un sujet élogieux à la vape dans son journal de 20 H, et même avec le soutien, réticent, des associations anti-tabac.
En substance, vous avez largement le temps de voir venir avant que la vape ne devienne illégale.

Donc, ce texte est il une mauvaise nouvelle ? Oui, assurément. Mais il n’est pas l’arrêt de mort de la vape, pas encore. Il le sera si la communauté des vapoteurs ne cesse pas de perdre du temps à crier au loup, et n’arrive pas à se fédérer pour devenir un groupe d’influence. Bref, l’alternative est simple : soit vous vous résignez à subir la politique, soit vous en faites.