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La qualité de certains e-liquides remise en question par une récente étude

Mis à jour le 6/05/2015 à 11h51
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Varlet, Farsalinos, Augsburger, Thomas et Etter, publient une étude dans le International Journal of Environmental Research and Public Health. Les analyses remettent en cause le professionnalisme de certains fabricants.

Manque de savoir-faire sur les questions de sécurité

Une étude se penche sur la toxicité des e-liquides.

Une étude se penche sur la toxicité des e-liquides.

“Nous avons analysé 42 e-liquides de 14 marques différentes pour la recherche de micro-organismes, de diéthylène glycol, d’éthylène glycol, hydrocarbures, éthanol, aldéhydes, mais aussi nitrosamines spécifiques au tabac (TSN), et des solvants.

Tous les liquides passés à la loupe ont montré une absence de levures, de moisissures, de microbes aérobies, et n’ont pas révélé la présence de staphylocoque doré ou de bacille pyocyanique.

Le diéthylène glycol, l’éthylène glycol et l’éthanol ont été détectés, mais sont restés dans les limites autorisées pour les produits alimentaires et pharmaceutiques. Les composés terpéniques et les aldéhydes ont été trouvés dans les produits, en particulier le formaldéhyde et l’acroléine. Aucun échantillon ne contenait de nitrosamines à des niveaux supérieurs à la limite de détection (1 ug/g).

Les solvants résiduels tels que le 1,3-butadiène, le cyclohexane et l’acétone, pour ne citer qu’eux, ont été trouvés dans certains produits. Aucun des produits analysés était totalement exonéré de composés potentiellement toxiques. Toutefois, pour les produits autres que la nicotine, la toxicité orale aiguë des e-liquides testés semble être une préoccupation mineure.

Cependant, une minorité de liquides, en particulier ceux avec des arômes, ont permis de mettre en évidence des taux particulièrement élevés de composés chimiques, nécessitant une préoccupation sur la question de leur toxicité potentielle en cas d’exposition chronique par voie orale.

Comme ce marché s’est développé rapidement et en dehors d’un cadre réglementaire approprié, certains fabricants et vendeurs manquent apparemment d’un savoir-faire adéquat sur la sécurité.”


Les chercheurs qui ne remettent en question le fort pouvoir de réduction des risques de l’e-cigarette face au tabac, semblent ici vouloir interpeller les fabricants de e-liquides sur les méthodes de fabrication de leurs produits. Les normes AFNOR arrivent à point.


Varlet, V.; Farsalinos, K.; Augsburger, M.; Thomas, A.; Etter, J.-F. Toxicity Assessment of Refill Liquids for Electronic Cigarettes.Int. J. Environ. Res. Public Health 2015, 12(5), 4796-4815; doi:10.3390/ijerph120504796.


Mise à jour 6 mai 2015. Voici la traduction de certains passages contenus dans les points 4.2 et 4.3 de l’étude. Merci de vous reporter à l’étude dans son ensemble pour contextualiser correctement ces informations.

Toxicité chronique orale associée à un usage prédéfini

En vue d’évaluer la toxicité chronique associée à l’usage auquel le produit est destiné, il a été considéré que la composition des liquides reste inchangée après le chauffage et l’évaporation de ces derniers lors de l’utilisation d’une cigarette électronique. Néanmoins, en raison du fait que nous n’avons pas analysé la composition de la vapeur, notre interprétation ne repose que sur les composés identifiés dans les recharges d’e-liquides.

En outre, nous sommes partis du principe que le taux de substances chimiques contenu dans les aérosols était identique à celui présent dans les e-liquides. Ces hypothèses ne sont pas nécessairement vérifiées. Par exemple, les niveaux auxquels de nombreuses substances toxiques dépendent de la tension de la batterie. Cependant, étant donné le manque de données publiées sur la transformation des e-liquides en aérosols, nos hypothèses constituent le scénario le plus plausible pour cette évaluation préliminaire.

En ce qui concerne les aldéhydes, des études ont montré que les formaldéhydes, acétaldéhydes, acétones et acroléines sont produits en supplément lors de la décomposition thermale des ingrédients de base contenus dans les e-liquides (propylène glycol et glycérol). Par conséquent, nous n’avons pas évalué la toxicité chronique potentielle liée à une exposition orale à ces composés étant donné que cette évaluation sous-estimerait les véritables effets ; l’analyse de la vapeur serait plus pertinente dans le cas des aldéhydes.

Aucune information n’est disponible sur la toxicité et les seuils maximums des cyclohexanes 1-méthyl-4-(5-methyl-1-méthylene-4-hexenyl), 2-méthyl-1,3-dioxane, et 2,5-dimethylbenzaldehyde. Par conséquent, leur toxicité chronique orale n’est pas discutée ici, ce qui ne signifie pas que les taux détectés dans nos échantillons d’e-liquides soient sans risque.

Si l’on considère une exposition chronique de 3g d’e-liquide par jour, 5 molécules terpéniques doivent être envisagées :

  • limonène
  • alpha-pinène
  • bêta-pinène
  • gamma-terpinène
  • benzène 1-méthyl-4-(1-méthylethyl).

Les molécules terpéniques sont généralement contenues dans les arômes et leur toxicité orale est relativement faible comparé aux nitrosamines. Cependant, la quantité relativement élevée de ces molécules ne garantit pas l’innocuité des produits qui y sont associés.

Points forts et limitations de cette étude

Les points forts de notre étude incluent l’analyse d’un grand nombre de marques d’e-liquides et l’analyse de deux lots de chaque modèle à des fins de tests microbiologiques. Une des limitations réside dans le fait que certaines marques très connues ne furent pas inclues, ce qui rend notre échantillon d’e-liquides peu représentatif du marché, peu importe le pays.

Nous n’avons acheté que des liquides disponibles dans le commerce même si des liquides fabriqués chez soi et des recettes prises au hasard peuvent représenter un risque toxicologique majeur.

Une limitation supplémentaire est que, pour des raisons financières, nous n’avons testé qu’un lot par modèle, ce qui ne nous a pas permis d’évaluer la variabilité intra-lots. En outre, les données sont limitées en raison du manque de reproduction de données périodiques.

Cette étude a été lancée en 2013 sur la base de données provenant de marques reconnues rassemblées préalablement. Avec l‘évolution rapide du marché, les produits analysés pourraient ne pas représenter les marques qui dominent actuellement le marché américain et européen.

Bien que notre liste de substances analysées soit plus longue que lors de précédents rapports, d’autres analyses de nouvelles substances sont nécessaires. Ces substances incluent les arômes et les parfums, le propylène glycol, le mono glycérol, le di- et triacétate, les colorants alimentaires, les phtalates et les plastifiants (qui peuvent échapper du récipient lors du chauffage et de la vaporisation), les particules métalliques qui peuvent se détacher en raison d’un problème de soudage ou de la bobine, les allergènes et autres agents infectieux.

Qui plus est, la toxicité orale a été évaluée sur la base de normes actuellement en vigueur ; il est important qu’une évaluation toxicologique directe soit effectuée à travers des tests cytotoxiques sur des cultures cellulaires pertinentes, des animaux et dans des études cliniques.

Il convient également de noter que le scénario lié à l’exposition interprète la toxicité orale des composés détectés comme des composés ingérés soumis au métabolisme alors que les composés inhalés ne sont pas métabolisés et sont potentiellement plus toxiques que leurs métabolites. Par conséquent, plusieurs niveaux de sécurité basés sur le mode d’administration devraient être envisagés dans l’interprétation de telles données.

Nous avons uniquement analysé des recharges d’e-liquides mais de nouvelles études devraient également se pencher sur la vapeur car d’autres substances pourraient faire leur apparition lors du processus de chauffage et de vaporisation.

En outre, des tests sur l’uniformité des doses générées et sur la répartition de la taille des particules aérodynamiques  devraient également être effectués car ces tests sont obligatoires dans le cas de médicaments destinés à être inhalés.