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La jeunesse, écran de fumée des antivape

Mis à jour le 15/09/2022 à 17h26
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“Il faut bien que jeunesse se passe” disait le vieux du village, un peu désabusé, devant l’énergie débordante des jeunes. Ces temps semblent révolus : “il ne faut surtout pas que jeunesse vape” est le nouveau leitmotiv psalmodié par ceux qui, hier, les regardaient fumer sans sourciller.

Sic transit gloria mundi

C’est drôle à quel point le vapotage chez les jeunes semble devenir la nouvelle obsession des puritains de tous poils. Puritain : personne qui montre une pureté morale scrupuleuse, un respect rigoureux des principes.

Et il est vrai qu’en matière d’addiction, les principes sont simples : ne pas laisser les jeunes commencer lorsqu’ils sont dans l’âge bête est réduire le risque que, parvenus à l’âge intelligent, ils ne se plongent volontairement dans la dépendance. Dès lors, le dogme puritain en matière de santé publique est simple : “pas touche”.

Il y a plusieurs problèmes. Le politiquement correct, déjà : cette histoire d’âge bête, ce n’est pas un peu discriminant ? Le fait qu’ensuite, cet âge intelligent qui devrait, en toute logique, succéder à l’âge bête, personne n’est capable de le situer avec exactitude. Chez certain, on se demande même s’il n’arrive pas après la mort.

Ensuite, et nous avons déjà bien souvent évoqué le problème à travers toute l’existence du Vaping Post, tant il est récurrent, si nous sommes d’accord pour ne pas laisser les jeunes succomber à l’addiction, quelle qu’elle soit, nous nous demandons quand même que faire de ceux qui sont déjà accros à la cigarette et à qui on refuse la vape.

Mais une autre question gênante est moins posée : c’est maintenant que vous vous réveillez ?

O tempora, ô mores !

Il faut parler de ce qu’on connaît, alors mon cas personnel : j’ai commencé à fumer à 17 ans. J’allais acheter mes cigarettes au tabac qui se trouvait pile en face de l’école, sa porte était sur le passage piéton par lequel on traversait. Jamais, au grand jamais, personne ne m’a demandé une pièce d’identité.

Bien avant que je ne succombe aux sirènes de Big Tobacco, d’autres s’étaient laissé tenter, et un camarade de classe se dévouait pour aller acheter les paquets de cibiches pour ses collègues internes entre midi et deux. Chaque jour, il achetait ainsi sept ou huit paquets, alors qu’il marquait bien ses quinze ans. Jamais il n’a eu la moindre difficulté.

On ne parle pas d’un buraliste en particulier. Étant jeune, j’ai acheté des cigarettes dans beaucoup de bureaux de tabac à Brest. Jamais personne ne m’a demandé quel âge j’avais.

La question, gênante et lancinante, que l’on est alors en droit de se poser est simple : qu’est-ce qui a changé ? Ou plutôt : qu’est-ce qui fait que la consommation de nicotine par les jeunes, qui maintenant est un problème, à juste titre, avant ne l’était pas ? Est-ce que la vape est un danger parce qu’elle menace la santé des jeunes, ou parce qu’elle menace le petit business de quelques uns ?

Question purement rhétorique, évidemment. Mais certains, avant de mener la guerre contre la e-cigarette, feraient bien de faire leur examen de conscience. Inutile de les nommer, ils se reconnaissent, et c’est bien là le pire.

Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.

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