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La cigarette électronique en soldes

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Les soldes sont un incontournable, et la vape n’échappe pas au mouvement. Mais d’où viennent les soldes ? Et que se passerait-il si la vape suivait réellement le mouvement ? Ces questions angoissantes, seul l’article du vendredi pouvait y répondre.

Les belles histoires de tonton vendredi

C’est merveilleux, les soldes : grâce à elles, vous pouvez vous offrir à vil prix le liquide dont le descriptif vous intrigue mais que vous hésitez à acheter par peur d’être déçu, grâce à elles, vous pouvez acquérir ce mod qui vous plaît à un tarif qui vous permettra de payer la cantine des enfants et l’abonnement à la salle de sport que vous renouvelez depuis quatre ans et où, promis juré, vous irez la semaine prochaine. Ou celle d’après.

Tout ça grâce à un type maladroit mort depuis plus d’un siècle.

Certains vont affirmer que les soldes ont été inventées en 1830 par Simon Mannoury, qui était directeur d’un magasin appelé « le Petit Saint Thomas ». Mais tout respectable et prospère qu’eût été le distingué Monsieur Mannoury, c’est un peu faux. Son fonds de commerce à lui, c’était la nouveauté, et, en cette période de créativité débridée (et parfois farfelue), la nouveauté ne manquait pas.

Évidemment, au bout d’un certain temps, la nouveauté s’étiole, se fane, devient de moins en moins nouvelle. Et donc, Monsieur Mannoury bradait les vieilles nouveautés, parce que, par-dessus tout, il haïssait les oxymores.

Aristide Boucicaut

Mais non, ce n’est pas lui qui a inventé les soldes. Le véritable inventeur des soldes est un employé de Monsieur Mannoury, dénommé Aristide Boucicaut, et non, il n’a pas eu un coup de génie, il a juste loupé une marche. Manque de chance, tandis qu’il trébuche, il lâche la pièce de draps qu’il tenait dans les bras. Celle-ci choit dans le caniveau, du verbe choir, qui signifie « aille, ça fait mal », et le jeune Aristide, qui n’aime pas gâcher, la découpe en petits morceaux qu’il vend à la criée dans la rue, à une vitesse folle.

Devenu son propre patron, en 1873, le jeune Aristide, devenu Monsieur Boucicaut pour ses employés, a l’idée en se remémorant cet incident une froide après-midi de janvier, de vendre à bas prix ses produits à la période de l’année où les rayons de son magasin sont les plus vides. Il appelle ça « le blanc », en souvenir de la couleur de l’étoffe chue et déchue de sa jeunesse.

Voyant la foule affluer dans le magasin de Monsieur Boucicaut, ses concurrents firent pareil, en bradant à la période creuse les vêtements et le linge de maison qu’ils n’avaient pas réussi à vendre. Parce qu’à cette époque, les soldes étaient avant tout textiles, et pour cause, un phénomène sévissait : la mode, qui rend la robe éphémère et le costume incongru.

Parce que déjà, la mode était le triomphe du plus grand nombre sur l’individualité pensante.

On peut donc dire que les soldes sont une invention conjointe et fortuite de Messieurs Mannoury et Boucicaut, une période destinée à attirer des clients dans des magasins déserts en vendant des articles qui ne sont plus des nouveautés.

Oui, d’accord, et ?

L’intertitre est sans doute la question que vous vous posez après avoir lu tout cela : quel est le rapport avec la vape ? Eh bien, c’est une excellente question, pertinente et légitime, et figurez-vous que je me la pose aussi.

Enfin, on est en droit de se la poser pour tout. Tenez, les lave-linges : allez voir dans les enseignes de grande distribution d’électroménager, vous trouverez des lave-linges en soldes. Pourquoi ? Est-ce qu’il y a une mode qui les déclasse ?

« Uh uh, très cher, vous avez un lave-linge à hublot, c’est trop has been, cette année, la mode est à l’ouverture top ». Ou bien « Uh uh, mon ami, mais le tambour de votre lave-linge tourne dans le sens horaire, c’est troooop 80’s ! ».

Vous imaginez, le concept porté à la vape ?

« Dis-moi, ami, que vapes-tu ?
– Beeeen Charlemagne, Sugar Daddy et Faat Jay, comme d’habitude.
– Ah ah ah, mais quel has been ! Ce sont des liquides de l’année dernière, ça, la mode est aux fruités frais ! OK boomer ? ».

Du coup, que dirait-on de ceux qui vapent des liquides très anciens mais toujours présents sur le marché ? Cela va peut-être vous surprendre, mais si vous vapez du FR-M ou du Boba’s Bounty, techniquement, vous êtes grunge.

Voilà. C’est à cet instant que l’article est censé s’achever par une conclusion en forme de chute drôle, mais c’est démodé.

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