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Beurk Research, une histoire de fous

Mis à jour le 24/07/2024 à 12h03
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Beurk Research propose une gamme d’e-liquides à l’univers, tant gustatif que visuel, très… particulier. Nous avons pu interroger Bertrand Baillot, créateur de la gamme, entre les murs capitonnés où il réside.

Bonjour, agent vaping

Le patient Bertrand Baillot, quelques heures avant son évasion, déguisé en psychiatre.

Le couloir est long, blanc, immaculé. Il semble y régner un silence paisible, mais, lorsqu’on tend l’oreille, on entend des cris, des bruits, des coups, étouffés par le capiton des murs. Le médecin à l’air austère qui me guide dans ce dédale s’arrête devant une porte massive et blindée.

“Voilà, c’est ici” dit-il sobrement. Puis il ajoute “Rappelez-vous : n’approchez pas de lui. Ne lui donnez rien, pas un tank, pas un dripper, rien. Tenez.” Il me tend une photo. “La semaine dernière, une infirmière a relâché son attention et a vapoté trop près de lui. Voici ce qu’il lui a fait.”

En regardant la photo, je sens ma bouche s’assécher aussitôt. Je crie plutôt que je ne demande “Oh, mon Dieu, c’est bien ce que je pense ? C’est… C’est…”

“Un microcoil coton sur un axe de 1,5 millimètres, oui” confirme le médecin, dont le badge indique “Dr Argouët”. Un Corse, certainement. Puis, soudain, il tourne les talon et me jette en s’éloignant “attention. Ne vapez rien de ce qu’il vous donne. Pour votre bien.”

Une fois en présence du patient, je ne perds pas de temps : “Allongez-vous sur le divan et racontez.” 

Un peu surpris, Bertrand Baillot s’exécute “Euh… Bien, je suppose que ça a commencé à ma naissance, je suis né…”.

Je le coupe “Passons directement aux crimes”

Naissance des liquides

Beurk Research est le nom d’une gamme de quatre e-liquides aussi soignés sur l’aspect gustatif que sur l’aspect visuel. Une gamme dotée d’une double personnalité.

Il y a d’abord eu les liquides Beurk Research “Ça a commencé en 2016, explique Bertrand Baillot, lorsque la TPD a pointé le bout de son nez sans qu’on sache trop exactement les conséquences que ça allait avoir. J’avais peur de ne plus trouver les liquides que j’aimais, à commencer par ceux à tête d’Alien…”

(Note : le patient a des visions d’abduction extraterrestres)

Bertrand poursuit : “Je me suis donc mis à faire moi-même mes propres liquides, comme je voyais d’autres en faire. À ce moment-là, la disponibilité pérenne du DIY n’était pas encore garantie, mais bon, c’était un risque à prendre.” 

(Note : syndrome de paranoïa sévère)

Bertrand poursuit.“Et d’ailleurs, ça n’est pas forcément économique puisque les arômes, il faut les essayer, il n’y a pas d’autre moyen, et donc on finit par en acheter beaucoup. Certains ayant une durée de vie très réduite entre le déballage du colis et la poubelle… J’ai donc commencé à me faire mes petits jus et à les ajuster de version en version, avec l’irrépressible envie d’utiliser tout mon entourage comme cobaye. Les quelques grimaces que j’ai eu à subir ont forgé ma persévérance…”

(Note : comportement compulsif avéré)

La création de Beurk Research

Les mascottes de Beurk research.

Bertrand Baillot l’explique très bien lui-même : au début, Beurk Research, c’était un trollage en règle. “Mon métier, c’est graphiste, je travaille dans le marketing. Et donc, pour mes liquides, je me suis amusé à créer des étiquettes rigolotes, pour mon usage personnel. Puis ça m’a tellement amusé que j’ai lancé le site Beurk Research. C’était purement une parodie”.

Qu’est-ce qui t’as donné le thème ? “C’était les fake news qu’on trouvait autour de la vape. L’eau dans les poumons, les souris qui meurent et j’en passe. Je voulais m’amuser à ridiculiser tout ça. Et c’était aussi une sorte d’exutoire par rapport à mon métier quotidien. On me demande du joli, des choses impeccables, je me suis défoulé avec Beurk en faisant de l’antidesign, avec des visuels dérangeants et une mise en page de travers.”

(Note : perception déformée de la réalité)

Cependant, on ne se renie pas “En fait, ce n’est pas facile, de faire de travers, sourit Bertrand. “Il faut que ce soit fait d’une manière très ordonnée, sinon, c’est juste moche !” Et puis, au final, “quand tout ça a commencé à bien avancer, je dois avouer que ça me faisait marrer, cette idée de faire de bons liquides et de les appeler Beurk !”

La professionnalisation

“C’est en 2018 que le tournant a eu lieu”, explique Bertrand. “Jusqu’ici, je faisais goûter mes liquides à des amis. Bon, ils me disaient tous que c’était bon, mais ce sont des amis, ils veulent me faire plaisir. Si ça se trouve, quand j’ai le dos tourné, ils vont vomir ! Du coup, j’ai commencé à faire goûter à des gens que je ne connaissais pas forcément et de préférence à des professionnels.”

(Note : tentative d’assassinats de masse, la psychopathologie criminalistique se confirme)

C’est là qu’arrive un second tournant. “J’ai rencontré Michel Argouët en 2018, à peu près à l’époque où je me demandais ce que valaient vraiment mes créations. Nous avons beaucoup échangé sur le sujet, et c’est lui qui m’a dit que j’avais les produits et un concept qui tournait autour, pourquoi ne pas passer à l’étape supérieure ? J’y pensais déjà, un peu, et ça a été le déclic”.

Mot retrouvé dans les locaux d’Exaliquid. A ce jour, nous n’avons retrouvé aucune trace d’aucun des employés.

À l’aide de l’équipe d’Exaliquid, Bertrand sélectionne et peaufine chaque liquide. “Il y en avait huit, j’en ai retenu quatre à la fin”. Mais quelles sont ses intentions à long terme “Honnêtement, je ne tire pas de plans sur la comète. Les liquides plaisent, pour l’instant, mais le marché de la vape est changeant et impossible à prédire. Je n’ai pas planifié d’en faire mon métier, aujourd’hui. Ce qui compte, c’est que tout le monde y trouve son plaisir, moi à raconter ces histoires, et les vapoteurs à les déguster.”

La gamme est donc enfin disponible, et vous pouvez vous procurer les liquides sur le site de Beurk Research ou d’Exaliquid, ainsi que dans quelques boutiques, dont le nom sera donné au fur et à mesure sur la page Facebook de Beurk.

L’entretien prend fin lorsque quatre infirmiers costauds entrent dans la pièce. “Alors ?” demande celui qui semble être le chef.

Je commence à lui expliquer. “Et bien, le patient semble atteint de pathologie paranoïde à tendance hallucino-paranoïaque qui…” mais l’infirmier coupe court. “C’est pas à vous que je parle !” Bertrand reprend aussitôt la parole “C’est bon, j’ai pu établir mon diagnostic. Le patient est  complètement cintré. On le garde”.

Je pense que ce malentendu finira par se dissiper. Ça serait bien que ça soit rapide, parce que le gilet qu’ils m’ont forcé à enfiler me serre aux bras. Pour vaper, ce n’est pas pratique.

Beurk Research, la revue trop gloups

Toute la gamme Beurk research est caractérisée par un goût puissant. Non pas obtenu par saturation d’arômes (les recettes ne dépassent pas les 12 %), mais par le choix de ces derniers. C’est fait pour être dégusté, et c’est sur un Keras monté avec un coil de 1 ohm et un Creek monté avec un coil de 0,5 ohm que j’ai testé toute la gamme. Et croyez-moi, coiler ces atos avec une camisole, ça n’a pas été simple. 

Tarte de la Montagne : “J’ai voulu rappeler ces Tartes mûres/myrtilles qu’on mange l’été à la montagne” explique Bertrand. Ce qui démontre que le personnage n’est pas vraiment sain d’esprit : à la montagne, on mange de la raclette, l’hiver. L’été, on n’y va pas, parce qu’il fait trop chaud pour manger un plat aussi lourd. 

La recette est typique de ce qu’est Beurk Research : effectivement, la promesse est tenue, vous aurez une tarte aux mûres, mais avec quelque chose derrière. On sent qu’au-delà des arômes attendus, il y en a d’autres, peut être un fond d’épices douces, une touche de crème, un certain nombre d’ingrédients mystérieux, qui poussent la promesse au-delà des promesses, justement. C’est une tarte aux mûres, mais pas une parmi d’autres. Il y a cette touche de je-ne-sais quoi qui la rend reconnaissable à la première puff.

Ah, je n’aime pas la tarte aux mûres. J’en ai vapé 30 ml. Il faut que je consulte.

Classic Vaurien : “J’ai voulu en faire un classic presque gourmand, puisque la plupart du temps ce sont souvent des neo-vapoteurs qui vapent les classics, et je voulais les initier, ceux de mon entourage en tout cas, aux possibilités de gourmandise dans la vape”.

Effectivement, c’est un classic, bien gourmand et extrêmement complexe. Là, j’avoue être embêté, parce que je n’ai pas du tout aimé, mais ce sont mes goûts personnels qui sont en cause. On va faire bref : le Grumpy’s Hooch vous manque ? Vous voudriez retrouver un liquide du même calibre, voire en mieux si possible ? Prenez le Classic Vaurien, sans hésiter.

Double Enigma : “Pour le Double Enigma j’ai voulu équilibrer tous les ingrédients pour qu’ils se marient sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre”. Voilà le liquide le plus particulier de la gamme. Clairement, c’est du gourmand.

“Mais quel genre de gourmand ?” demanderez-vous, avide d’informations. Ben je ne sais pas. Gourmand, c’est le mot qui vient à l’esprit. J’ai coutume de dire qu’en vape, on peut tout faire, même inventer des goûts qui n’existent pas. Clairement, avec ce liquide, Bertrand l’a fait. Selon les moments, le matériel, la puissance que vous utilisez, vous sentirez plutôt une tarte ou un cake, de la vanille ou de la frangipane, un fond liquoreux ou non… Indescriptible.

C’est un liquide que l’on pourra adorer ou détester, mais dont on pourra vaper des litres sans jamais réussir à déterminer si on l’aime ou on le déteste. Pour ma part, le vrai coup de cœur de la gamme. Et certainement celui qui porte le mieux son nom.

Tarte au citron : “Je t’ai parlé au téléphone de mon amour de la tarte au citron en général… Bon, il fallait un liquide dont le nom soit un appel, et la tarte au citron et clairement celui qui parlera aux vapoteurs, mais aussi celui sur lequel je serai jugé.”

Effectivement. On ne plaisante pas avec la tarte au citron. Et, d’emblée, on voit que Bertrand la prend très, très au sérieux. Quoi d’étonnant pour celui qui n’hésite pas à traverser Paris pour goûter la tarte au citron dans une pâtisserie qu’il ne connaît pas.

Le liquide est citronné. Un bon citron, bien naturel, juste sucré ce qu’il faut, avec la touche d’acidité qui va bien. La tarte aussi est impeccable, elle se fera juste un peu discrète à bas wattage. Difficile de décrire, finalement, une recette de tarte au citron. Tout le monde sait ce que c’est, et il n’y en a que deux catégories : les bonnes, et les mauvaises. Celle ci se positionne d’emblée sur le podium. Clairement, elle n’invitera pas la Lady au Dinner : elle vise plutôt à lui faucher sa chaise, en proposant une déclinaison plus subtile et moins sucrée de la recette classique.

Croyez Bertrand : quand il dit qu’on peut rire de tout, sauf de la tarte au citron, c’est du sérieux.

Bilan : Avec ses quatre liquides, beurk Research fait une entrée fracassante dans le petit monde de la vape. Entre les classiques revisités et les originaux surprenants, chacune de ces quatre recettes est une réussite, qui ne laissera pas indifférent. A tester de toute urgence, surtout si vous en avez assez de toujours avoir l’impression de vaper la même chose. 

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