Et si on interdisait les filtres dans les cigarettes manufacturées ? C’est l’idée émise par Grégoire Vittoz, directeur d’Addiction Suisse, dans un éditorial du British Medical Journal. Cette idée peut sembler de prime abord saugrenue… Mais finalement géniale. Et soulève une question pour la vape.
Disruptif, vous connaissez ?
Connaissez-vous le mot disruptif ? Il définit la rupture d’une décharge électrique par une étincelle. Mais le mot est entré dans le petit monde des secoueurs de cerveaux, brainstormers si vous préférez, et l’on peut se féliciter qu’ils aient choisi une métaphore à la fois si évocatrice en même temps qu’un mot français, pour une fois.
Une idée disruptive est une étincelle qui met fin à une séquence. Et disruptive, l’idée de Grégoire Vittoz, directeur d’Addiction Suisse, l’est réellement. Même si elle a causé une petite étincelle : l’édito dans lequel il l’a exprimée, paru dans le British Medical Journal, date d’octobre 2019.
Mais tout de même. Grégoire Vittoz propose rien de moins qu’interdire les filtres dans les cigarettes manufacturées. Oui, carrément.
L’idée est double : d’une part, lutter contre la prolifération des mégots qui désespère les écologistes, et s’allier par la même les défenseurs de l’environnement dans la lutte antitabac. D’autre part, rendre l’acte de fumer beaucoup moins facile pour le fumeur.
La philosophie de cette idée est de changer les moyens de lutte contre le tabac, en s’attaquant non plus à la distribution du produit, au sens global, ceci incluant surtout sa taxation, mais le produit lui-même. Plus de filtre égale une fumée plus âcre, des petits bouts de tabac dans a bouche, et la fin de l’illusion du filtre qui retient des particules toxiques.
Mais et la vape ?
Tout cela est bel et bien bon : l’alliance des antitabac et des écologistes pour une cause commune ne peut s’avérer que constructive, d’autant que les défenseurs de la planète gagnent du poids politique à chaque élection, dans beaucoup de pays, au fur et à mesure que les préoccupations (et les températures) augmentent.
Mais cela pourrait donner des idées à certains. Il n’y a qu’un pas à franchir d’ici à ce que les antivape mènent une croisade sur le thème « les résistances usagées, batteries au lithium, et autres flacons plastiques, ça ne dérange personne ? ».
Le thème existe déjà, il est sous-jacent, et peut passer inaperçu si l’on n’y prête pas attention. Ce sont les clients, par exemple, qui demandent, en boutique, ce qu’ils doivent faire de leurs résistances et flacons usagés. Ceux qui demandent si ils peuvent ramener leurs vielles batteries, entendez la question « avez-vous une solution de recyclage ? ».
La vape produit des déchets, en quantité. Et plus la lutte conter le tabac sera efficace, plus le nombre de vapoteurs augmentera, plus la production de déchets s’accélérera. La mise en place d’une filière de recyclage dédiée à la vape s’avère plus que jamais une nécessité. Pour éviter, déjà, que les bonnes idées de la lutte antitabac deviennent les arguments efficaces de la lutte antivape.
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