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Image de la vape : deux résultats contradictoires et une question

Mis à jour le 1/08/2019 à 16h26
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Quelle est la popularité de la vape et sa vision par le public est elle positive ou négative ? A cette problématique assez simple mais cruciale vient à présent s’ajouter un mystère : une étude et un sondage, dont les résultats se contredisent, et pas qu’un peu. Explications.

Étude contre sondage

La presse a abondamment traité, récemment, de la publication du baromètre annuel de Santé Publique France. Ce dernier indique que la vape est en hausse et la consommation de tabac en baisse, sans surprise. Néanmoins, le rapport annuel portait sur une question, et l’intégralité des travaux de Santé Publique France n’avait pas été publiée, puisque les thèmes étaient différents.e.

Une question resté inédite du rapport Santé Publique France traite de la vision qu’ont les français de la vape. 

L’agence vient donc de publier le deuxième volet, portent sur l’utilisation de la vape, ses résultats et son image. Et les chiffres sont préoccupants. Curieusement, il y a quelques semaines, un autre organisme, spécialisé dans la vape et lié à l’industrie du tabac, nous a envoyé un communiqué de presse. Celui-ci présentait les résultats d’un sondage contredisant totalement les résultats de Santé Publique France.

Nous n’avons pas l’explication à cette contradiction. Néanmoins, quelques pistes intéressantes sont à explorer.

Les résultats de Santé Publique France

Les résultats en sont alarmants.

L’étude de Santé Publique France est alarmante. Entre 2014 et 2017, les français à penser que la vape est plus dangereuse que la cigarette ordinaire a quasiment doublé, passant de 6,4 % à 11,3. ceux qui pensent que la vape est au moins aussi dangereuse voient leurs effectifs également augmenter de 3 %, passant à 40,2 %. Par contre, ceux qui pensent que la vape est moins dangereuse que la cigarette ordinaire perdent 4 %, arrivant à 35,1 %.

Un nombre important de fumeurs pense que la vape est plus dangereuse que le tabac.

Pire encore : les fumeurs sont deux fois plus nombreux à considérer la vape comme plus dangereuse que la cigarette tabac. Ils sont 19,5 % à le penser, contre 8,5 % chez les non-fumeurs n’ayant jamais fumé.

La vision la plus positive de la vape se trouve chez les CSP + et les plus âgés. 

Presque aussi surprenant, ce sont les plus âgés, population entre 45 et 75 ans, et les catégories économiques les plus aisées, qui ont la vision la plus positive de la vape, puisque c’est dans cette tranche d’âge et dans les catégories CSP + que ceux à penser que la vape est moins dangereuse que le tabac sont les plus nombreux. Peut-être est-ce dû à un niveau d’enseignement et culturel supérieur.

Contradiction sondagière

Une fédération liée à l’industrie du tabac publie les résultats d’un sondage.

Et voilà qu’une fédération, liée à l’industrie du tabac, envoie un communiqué de presse à l’occasion de la journée sans tabac, proposant les résultats d’un sondage qui pose, grosso modo, les mêmes questions. Et qui obtient des réponses… Dire qu’elles sont différentes serait un euphémisme.

Le sondage a été réalisé par Harris Interactive, en ligne, sur un échantillon de 3001 personnes âgées de plus de 18 ans.

Et ce dernier dit exactement l’inverse. 

Les premiers résultats ne sont pas surprenants : 57 % des français s’estiment mal informés sur la vape, et nous ne pouvons qu’acquiescer vigoureusement. Il reste encore beaucoup à faire. 60 % aimeraient d’ailleurs en savoir plus sur son efficacité pour lutter contre le tabac. Là encore, nous opinons du chef.

Mais ensuite, les complications arrivent : 73 % des français considèrent la vape comme un moyen efficace pour réduire sa consommation de tabac, et 52 % d’arrêter définitivement. 62 % aimeraient voir des campagnes publiques inciter à la consommation du vapotage.

Arithmétique létale

Le problème posé est alors évident. Parce que si on additionne les chiffres de Santé Publique France, 53 % des français (arrondi) ont une mauvaise opinion de la vape, mais selon Harris Interactive, 62 % voudraient la voir promue. Donc, soit 9 % des français sont des tueurs en série par procuration, soit un des deux a tort.

Deux études, deux méthodes différentes, mais aussi deux objectifs distincts.

D’un côté, Santé Publique France. L’organisme est rigoureux, rôdé à la réalisation de baromètres comme celui-ci, et l’objectif est d’apporter une estimation la plus précise possible pour que les décideurs puissent prendre des décisions en toute connaissance de cause.

De l’autre, Harris Interactive, société qui, elle aussi, connaît son métier. Le problème des sondages, c’est qu’ils sont parfois des reflets inexacts de la réalité. Il suffit de comparer les sondages politiques aux résultats d’élections. Le problème des sociétés comme Harris Interactive, c’est souvent leur client, qui paie en espérant qu’on lui dise quelque chose.

Les méthodes ne sont pas comparables, les buts non plus.

Evidemment, la question à poser est : les deux méthodes sont-elles comparables ? Non, certainement. La différence de méthode vient de la différence de moyens, mais aussi de la différence d’objectifs. On y revient. 

Il reste une troisième hypothèse, que nous ne pouvons écarter : les résultats de Santé Publique France couvrant une période allant jusqu’en 2017, il s’est produit entre-temps un basculement inverse de l’opinion. Ce n’est pas l’impression que cela donne sur le terrain, mais une impression n’est pas scientifique. 

Dans l’ombre du tabac 

La conclusion qu’en tire la fédération qui a commandé le sondage, c’est qu’il faut que la vape soit plus visible et mieux considérée. Jusqu’ici rien d’extraordinaire. Mais aussi, qu’elle dispose d’un cadre juridique et réglementaire adapté. Ce qui est déjà le cas, mais reste une exigence forte de l’industrie du tabac, qui aimerait une législation plus favorable à ses produits et moins à la vape indépendante.

Seule chose qui mette tout le monde d’accord : l’information du public sur la vape doit encore progresser. 

Ceci n’est peut-être qu’une coïncidence. Admettons. Mais si nous devions faire pencher la balance, nous prendrions plutôt en compte les résultats de Santé Publique France, organisme moins soumis au conflit d’intérêt.

Il est certain que l’image de la vape peut, et doit, progresser dans le grand public. La question n’est pas seulement de comment le faire, elle est aussi “qui pour le faire ?”. Et cette dernière est cruciale.

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