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Faut-il croire en la cigarette électronique ?

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Faut-il croire en la vape ? Non, il ne faut y accorder aucune foi. Pourtant, c’est assez tentant : la cigarette électronique fonctionne dans un domaine où d’autres ont échoué, change la vie des vapoteurs dont plusieurs se réunissent pour la défendre et la célébrer en groupes presque mystiques. Mais tout est rationnel.

La vape n’est pas une croyance

La vape présente un bon nombre de similitudes avec des systèmes de croyances élaborés, et pourtant, elle n’en est pas un. Parce que les résultats de la vape sont indépendants du fait de l’opinion qu’on en a. Ce qui fait son efficacité, ce n’est pas le fait de la croire, mais le fait de la vouloir. 

C’est un classique : chacun a tenté, ou connaît quelqu’un qui a tenté dans son entourage de faire appel aux « médecines alternatives ». Magnétisme, homéopathie, recettes chamaniques à base de remèdes naturels et médecine ancestrale dont certaines se réclament du quantique sont monnaie courante. Et ce n’est pas un problème, la plupart du temps. 

En revanche, sur ces sujets, la réponse à l’objection « ça ne marche pas » est bien connue et toujours la même : « c’est parce que tu n’y crois pas ». Tous ces modes de soins semblent basés sur la foi, et ce n’est pas un hasard.

C’est d’ailleurs lié à l’autre discours souvent tenu à leur propos « la science ne s’y intéresse pas parce qu’elle ne parvient pas à l’expliquer » et toutes ses variantes. La théorie serait que les scientifiques méprisent ces connaissances parce qu’elles ne sont pas assez neuves, d’une part, et d’autre part, parce qu’elles sont au-delà de la compréhension humaine, ce que les « savants » qui veulent tout comprendre et tout savoir ne supportent pas.

Petite parenthèse : ce dernier point est particulièrement savoureux quand on sait que la mode, aujourd’hui, pour certains, est de se réclamer du « quantique ». La physique quantique, ça existe. Les spécialistes ont eu plusieurs prix Nobel. Les physiciens qui se sont occupés de physique quantique reconnaissent bien volontiers que, même à eux, la compréhension de certains concepts est impossible. Et par « eux », entendez des personnes comme Dirac, Feynman, Heisenberg, Einstein… 

La physique quantique est tellement absconse que, vue de l’extérieur, elle pourrait s’apparenter à la magie, ce dont certains profitent. On ne va pas développer ici (voir sources si vous voulez aller plus avant), mais c’est une certitude absolue : si un guérisseur parle de médecine quantique, c’est un charlatan. Ne l’écoutez sous aucun prétexte, jamais, il veut juste voler votre argent. Fin de la parenthèse. 

Cette situation guérison mystique inexplicable n’est absolument pas le cas de la vape : l’utilisation d’une cigarette électronique bien configurée comblera le manque par l’administration d’un principe actif, la nicotine. Les produits qui la composent sont bien connus, son fonctionnement et ses effets peuvent être étudiés scientifiquement.

Certains objecteront que la vape ne fonctionne pas sur certaines personnes rétives : ce serait la preuve que si l’on n’y croit pas, elle ne fonctionne pas. En réalité, lorsqu’on analyse les causes de l’échec de ces personnes, ce qui fait défaut, c’est la volonté, qui n’a rien à voir avec la foi. 

Si elle pallie le manque de nicotine, il reste un certain nombre d’efforts conscients à réaliser, le premier d’entre eux étant de prendre conscience et de lutter contre la force de l’habitude, concrètement ici le geste de fumer. C’est purement et simplement un conditionnement psychologique qu’il faut combattre.

Je me dis que

L’affirmation selon laquelle la science ne comprend pas la médecine ésotérique (désignons par ce terme toute démarche de soin non basée sur des principes scientifiques) et ne s’y intéresse pas plus que ça est doublement fausse. Simplement, comme l’astrologie, la science considère que l’affaire est classée depuis longtemps. Le phénomène est connu, a été étudié, et porte un nom : l’effet placebo.

On peut faire remonter l’étude scientifique de l’effet placebo (avec un certain nombre de réserves historiques néanmoins) aux travaux d’Émile Coué, et sa fameuse méthode d’autopersuasion (“je me dis que”, “je me convaincs que”….).

Le placebo est un procédé thérapeutique qui consiste à agir sur le psychisme du patient plutôt que sur l’efficacité propre du médicament. Pour cela, on lui administre un traitement sans aucune charge médicamenteuse (ce qu’on appelle « placebo pur ») ou un traitement avec une charge médicamenteuse qui n’a rien à voir avec la pathologie traitée (appelé « placebo impur »).

L’efficacité du placebo est constatée et mesurable : selon les pathologies, le seuil de 30 % de guérison a été constaté. On parle ici de pathologies mineures, parfois psychosomatiques. Jamais un médecin ne tentera de soigner une maladie grave par l’effet placebo. 

Cet effet placebo, c’est ce qui explique le fonctionnement des médecines parallèles : en considérant le traitement fictif comme une réalité, le patient réagit à ces stimuli exactement comme il le ferait avec un traitement présenté comme une pharmacopée. Ce qui est fascinant, c’est que l’effet placebo reste efficace, un peu moins mais tout de même significativement, même chez des patients qui savent qu’ils se traitent avec un faux médicament. 

L’effet placebo n’existe pas en tant que tel dans la vape. Même si l’effet placebo se manifeste aussi dans le traitement des addictions, la cigarette électronique agit principalement par substitution. D’une part, c’est la plus connue, en remplaçant un mode d’administration de la nicotine par un autre, plus sain et qui offre le contrôle avec la possibilité de baisser le taux. 

Mais, pour certaines personnes, la dépendance à la nicotine n’est pas réellement le problème, la cigarette est plus de l’ordre du fétiche, qui permet de pallier certains inconforts psychologiques. On voit certains fumeurs arrêter de fumer avec un liquide en zéro de nicotine. Là encore, on est dans le domaine de la psychologie, pas de la foi. 

Faut-il croire en la vape ?

Objectivement, donc, la vape ne rentre absolument pas dans le cadre de la croyance. Son efficacité repose sur des ressorts physiologiques et psychologiques que l’on peut étudier et donc expliquer. 

Ce qui implique que nul miracle n’est à attendre. La cigarette électronique n’est donc ni une thérapie magique ni un médicament scientifique qui va agir après administration sans autre intervention de votre part, mais un dispositif d’aide active, ce qui va impliquer un effort de son utilisateur, et donc une volonté. Mais son utilisation et ses effets restent médicalement connus. 

C’est pour cela que l’on peut constater des échecs assez nombreux chez des fumeurs qui sont passés à la vape sous pression de leur entourage : ce n’est pas inefficace parce que le fumeur n’y croit pas, mais parce que le fumeur ne veut pas suppléer à ce que la cigarette électronique ne peut pas faire.

Il convient donc d’aborder le vapotage avec un raisonnement pragmatique. La cigarette électronique va vous aider à arrêter de fumer, mais elle ne le fera pas à votre place, même en vous en persuadant très fort. 

Sources 

Sur la physique quantique et le charlatanisme s’en réclamant : 

“Le cours de physique de Feynman” de Richard FeynmanRobert LeightonMatthew Sands, éditions Dunod, 2018. 

“Confusions concernant le calcul quantique” de Jean-Paul Delahaye, revue Sciences et Pseudo-Sciences, 2016. 

“Fariboles quantiques”, colloque d’octobre 2010 de Richard Monvoisin, GEMMPI

“Les thérapies quantiques revisitent la physique quantique” Association Française d’Information Scientifique (AFIS), 2013.

Sur l’effet placebo

“L’effet placebo et ses paradoxes” par Jean-Jacques Aulas, revue Sciences et Pseudo-Sciences, 2002. 

“L’effet placebo” de Boris Cyrulnik, éditions Philipe Duval, 2016. 

“Les effets placebo” de Alain Autret, éditions L’Harmattan, 2013.

“Comment user au mieux des effets placebo ?” de Jean-Yves Nau, Revue médicale Suisse, 2010. 

“Biological, clinical, and ethical advances of placebo effects” étude, The Lancet, 2010.

Sur le coût réel des médecines alternatives et les pertes de chances

A retrospective cost-analysis of additional homeopathic treatment in Germany: Long-term economic outcomes de Ostermann, J. K., Witt, C. M., & Reinhold, T. (2017).

Comparative effectiveness of homoeopathic vs. conventional therapy in usual care of atopic eczema in children: long-term medical and economic outcomes deRoll, S., Reinhold, T., Pach, D., Brinkhaus, B., Icke, K., Staab, D., … & Witt, C. M. (2013).