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E-cigarette et passerelle vers le tabagisme : un concept poussé par l’industrie pharmaceutique ?

Mis à jour le 15/09/2022 à 14h45
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C’est depuis le journal britannique The Times que la nouvelle se répand progressivement sur le web. Un article signé du journaliste Alex Ralph met la lumière sur de possibles tentatives de lobbying de la part d’une grosse société pharmaceutique auprès du gouvernement britannique.

Une lettre adressée au Ministère de la Santé du Royaume-Uni

GlaxoSmithKline (GSK) a vu ses ventes de patchs baissé de moitié en 2013.

Selon The Times, GlaxoSmithKline (GSK) souhaiterait que l’e-cigarette soit considérée comme un produit pharmaceutique.

Alors que la publication du Times date de plusieurs mois (février 2014), c’est Michael Siegel qui est venu la repêcher hier pour dénoncer une fois de plus les conflits d’intérêts qui alimentent les débats sur l’e-cigarette dans le monde.

L’information reposerait essentiellement sur la fuite d’un document, une lettre adressée à Jane Ellison, la secrétaire d’État en charge des questions de santé au Royaume-Uni, par la société GlaxoSmithKline (GSK), numéro 7 de l’industrie pharmaceutique.

Selon le quotidien britannique le contenu de la lettre expliquerait comment l’orientation prévue par la TPD pourrait porter préjudice au marché des substituts nicotiniques, un marché sur lequel GlaxoSmithKline souffre énormément depuis la popularisation grandissante de la cigarette électronique en Europe. Sophie Ragot, une responsable marketing chez GSK, parlait même il y a quelques mois d’un véritable « décrochage » des ventes.

Telle qu’elle est en train d’être dessinée la situation politique européenne n’arrange guère les intérêts de ce fabricant de médicaments. La nouvelle révision de la TPD donne en effet la possibilité à chaque État membre de choisir l’option pharmaceutique ou non pour réglementer l’e-cigarette, concurrente directe des traitements pour le sevrage tabagique. Dans ce contexte économique hostile au développement du géant pharmaceutique sur ce front là, on comprend facilement vers quel chemin législatif il souhaiterait voir son gouvernement s’orienter.

Alex Ralph raconte dans son article que GSK a tenté d’avertir les autorités sur le fait que la cigarette électronique pourrait renforcer la dépendance au tabac et constituer une passerelle vers le tabagisme. Des concepts qui constituent l’argumentaire principal des opposants à l’e-cigarette.

La compagnie aurait déclaré : « une réglementation pharmaceutique empêcherait que l’usage récréatif de la cigarette électronique ne conduise vers un renforcement de la dépendance au tabac […] Nous devons également nous assurer que les pratiques publicitaires minimisent le risque que les produits contenants de la nicotine [autre que le tabac] puissent devenir une passerelle vers les produits du tabac ».

La force de conviction de GSK aurait-elle suffit pour influencer dans les premiers temps la décision du Royaume-Uni à choisir la voie pharmaceutique ?

C’était en tous cas l‘option qu’avait annoncée l’été dernier le gouvernement britannique, avant que le vote de la Directive sur les produits du tabac ne traite finalement l’ecig comme un produit connexe. Un vote qui laisse néanmoins libre champ à l’industrie pharmaceutique si le produit contient plus de 20mg/ml de nicotine.

Le journaliste du Times rappelle que selon les analystes d’Euromonitor, le marché global de l’e-cigarette pèserait 1,8 milliards de livres sterling contre 1,3 pour le marché des substituts nicotiniques.