Au cours d’une interview accordée à RegulatorWatch, le professeur canadien David Sweanor s’est exprimé sur la guerre menée contre l’e-cigarette par certains acteurs de santé publique. Pour lui, “c’est l’une des choses les plus contreproductives qu’il n’a jamais vue”.
“Dans leur guerre, certains professionnels ont perdu de vue l’objectif de santé publique”
L’enseignant chercheur David Sweanor, qui exerce à la faculté de droit d’Ottawa, a consacré sa carrière à la lutte contre le tabac. Il est à l’origine des mesures canadiennes qui ont permis l’interdiction de publicités pour les cigarettes, la mise en place des lieux sans tabac et l’augmentation des prix du tabac par l’application de taxes.
Convaincu du potentiel des principes de la réduction des risques pour diminuer considérablement les morts et maladies liées au tabac, il a pris des positions très nettes en faveur de la cigarette électronique. Ses relations sont devenues difficiles avec une bonne partie des acteurs de la lutte anti-tabac qui rejette ce dispositif. Il a d’ailleurs dénoncé leur pouvoir “contre-productif” récemment lors d’une interview accordée au site RegulatorWatch.com.
“Nous savons depuis des années que les gens fument pour la nicotine, mais qu’ils meurent à cause du goudron. La quantité de nicotine que les gens absorbent n’est pas dangereuse, on peut comparer cela à la consommation de caféine” a expliqué Sweanor.
“Si nous consommions notre caféine en fumant des feuilles de thé, nous serions mort à cause des dommages de la fumée sur nos poumons et non pas à cause de la caféine” a-t-il ajouté.
“La majorité des professionnels de santé publique oeuvre pour la réduction des risques mais perd de vue l’objectif quand il s’agit du tabac”
Selon David Sweanor, un grand nombre de professionnels de santé publique soutiennent les principes de la réduction des risques pour bien d’autres questions. Mais s’agissant du tabac, ils voient les choses tout noir ou tout blanc, certains ont perdu de vue l’objectif de santé publique et veulent simplement détruire ce qui s’apparentent pour eux au “diable” : l’industrie du tabac.
L’enseignant chercheur redoute cependant que leur combat ne soit très néfaste pour l’image de la cigarette électronique. Il craint en effet qu’ils ne fassent paraître la vape aussi dangereuse que le tabac, et que par conséquent moins de fumeurs ne remplacent leur cigarette classique par un vaporisateur, faisant perdurer les décès et maladies liés au tabac.
Pour lui, lorsque des institutions reconnues présentent des recherches en expliquant combien ces “choses” sont mauvaises, elles effraient la population, “c’est un message clair adressé aux fumeurs : Continuez à fumer !”.
“Tout ce qu’ils font”, conclut Sweanor “c’est protéger le marché de la cigarette et tuer plus de canadiens.”