Le sixième rapport indépendant du Public Health England (PHE) sur la cigarette électronique, commandé à des chercheurs du King’s College London, a été publié le mercredi 4 mars 2020. Il traite de la perception et de l’utilisation de la vape, et comporte deux chapitres spécifiques sur les femmes enceintes et sur les patients atteints de troubles mentaux.
Un rapport annuel et indépendant
Le rapport annuel et indépendant du PHE sur l’e-cigarette fait le point sur l’utilisation des produits de vaporisation de la nicotine chez les jeunes et les adultes, et sur la perception du public quant à la nocivité de la vape.
Depuis la dernière édition de ce rapport, en 2019, la consommation est restée stable chez les adultes et les jeunes. En revanche, le rapport souligne sa préoccupation quant au nombre de fumeurs qui pensent aujourd’hui que la vape est plus nocive que le tabac, chiffre en très forte hausse. Cette croyance va à l’encontre des encouragements des professionnels de santé publique britanniques à passer au vapotage si l’on est fumeur.
C’est, bien entendu, la crise américaine de l’automne 2019 qui est à la source de cette hausse de la défiance vis-à-vis de l’e-cig. Bien que les autorités américaines aient confirmé que l’acétate de vitamine E, un agent épaississant ajouté aux produits à base de vapeur de cannabis, était l’une des causes principales de l’épidémie américaine, la peur subsiste. PHE rappelle au passage que l’utilisation de cette substance est interdite dans la vape au Royaume-Uni.
Le rapport insiste particulièrement sur ce point et enjoint de surveiller la perception du vapotage par le grand public, faute de quoi les fumeurs pourraient être dissuadés de choisir ce moyen d’arrêt, ce qui aurait des conséquences funestes en termes de vies perdues. Le tabac provoque 220 décès chaque jour au Royaume-Uni.
Arômes, maternité et pathologies mentales à la loupe
Autre sujet abordé par le PHE : les arômes dans les liquides. L’avis émis par le rapport est sans appel : leur interdiction briderait considérablement le vapotage, ce qui se traduirait par une baisse de son efficacité dans la lutte contre le tabagisme. Et des morts, donc.
Deux chapitres, l’un sur les vapoteurs atteints de troubles mentaux et l’utilisation de la vape en milieu psychiatrique, et l’autre sur le vapotage chez les femmes enceintes, concluent que les données manquent et que des études complémentaires devraient être menées. Le PHE fait remarquer que les professionnels de la psychiatrie sont, d’une manière générale, assez mal informés sur le vapotage, malgré la consommation de tabac élevée chez les patients atteints de pathologies mentales.
L’avis du PHE reste que les fumeurs devraient passer aux e-cigarettes pour les aider à arrêter de fumer, mais que les non-fumeurs ne devraient pas se lancer dans les vapeurs de nicotine.
Dans les autres pays européens, il n’existe aucun équivalent à ce rapport annuel. Seuls les britanniques « font le job » de surveiller la vape et son évolution, d’informer et d’inciter la population à adopter ce substitut, et cela se traduit par une baisse de la prévalence tabagique au Royaume-Uni très largement supérieure à celui de ses homologues continentaux. Il faut sans doute y voir l’indépendance dont a toujours fait preuve le Royaume-Uni vis-à-vis de la Commission européenne, même avant le Brexit.
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