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Bonne année fantômes, martiens et vapotos

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Il y a quelques jours, Alistair écrivait un article assez différent de son style habituel, pour se réjouir de l’existence de la communauté de la vape. Ne voulant pas être en reste, je me suis dit que je devais saluer cette communauté à l’occasion des vœux pour 2019. Donc : bonne année, personne.

L’article d’Alistair est ici

Bigfoot, sa vie, son œuvre

Il y a quelques jours, dans les forêts du Montana, un chasseur a tiré sur un autre chasseur. Un événement assez commun, il est vrai que, sur le vieux continent, la mode est plutôt au canardage de cyclistes. Mais dans ce cas précis, le tireur a justifié son geste aux autorités en expliquant qu’il avait cru voir Bigfoot, une créature légendaire du folklore américain, sorte de Yéti Yankee.

Il y aurait fort à disserter sur le simple fait que le premier réflexe de l’homme, en apercevant une créature légendaire dont tout le monde cherche une preuve d’existence depuis des siècles, ait été de lui tirer dessus. Mais, fort heureusement, la communauté de la vape ne craint rien, parce que ce n’est pas demain la veille que quelqu’un prétendra l’avoir aperçue.

D’accord, ce comparatif est tendancieux. Il y a des tas de gens qui prétendent avoir vu la communauté de la vape, et manifestement, si on en juge l’absence de victime, personne n’avait de fusil.

C’est juste que, si l’on s’en tient au sens strict des mots, la communauté de la vape n’existe pas. Tout au plus pourra-t-on constater l’existence de groupuscules de personnes qui ont en commun une certaine pratique de la vape et dont le passe-temps habituel consiste à créer des mélodrames bon marchés en prétendant avoir été insultés par d’autres groupuscules qui vapotent différemment. De cette grande famille qui partage un sentiment d’appartenance parce que la e-cigarette les a sauvés du tabac, en revanche, nulle trace.

Ce que j’ai vu à travers la pénombre

Ne vous laissez pas abuser par l’intertitre qui précède, je voulais juste ajouter un petit côté roman gothique à cet article.

Il se trouve que, il y a quelques mois, j’ai rejoint l’équipe d’une boutique de vape, le samedi, en plus de mon activité habituelle au Vaping Post. Pour trois raisons : la première était que le patron est un ami et qu’il avait besoin de quelqu’un rapidement. La seconde était que lui rendre service m’offrait la possibilité de voir la vape sous un autre point de vue, plus concret, ce qui ne pourrait qu’être bénéfique à mes articles ici.

Et la troisième ? Oh, les réductions proposées aux employés sur les e-liquides sont vraiment canon.

Ce poste m’a donc permis de rencontrer monsieur et madame vapoteur. Non pas l’accro des réseaux sociaux qui partage son temps entre drama, slogan pour la vape libre et commandes groupées de juices, mais madame et monsieur tout le monde, qui a une vie en dehors de Facebook. Ces vapoteurs qui n’ont jamais vu un mod high end, qui sont incapable de reconnaître une Billet Box d’une Ego One, et qui représenteraient 90 % des vapoteurs. La majorité.

Et force est de le constater : la majorité s’en fiche.

Ignorance paisible et culpabilité sélective

Il y a souvent des remarques sur le fait que les liquides nicotinés ne soient pas disponibles en flacon de plus de 10 ml, que les biberons à booster soient souvent limités à du 6 mg/ml pour les plus chanceux, mais le fumeur qui a arrêté avec la vape, quand il aborde ces sujets, fait juste la remarque que ce n’est pas terrible.

Quand on lui répond que c’est interdit, qu’il demande pourquoi et qu’on lui explique, l’Europe, les lobbys, on voit rapidement son regard se voiler. C’est l’expression typique de quelqu’un qui regrette d’avoir posé la question et qui se demande quand son calvaire prendra fin. Par calvaire, entendez l’explication.

J’ai songé un instant être barbant, après tout, pourquoi pas ? Mais il semble que non : peu importe qui explique, les gens ne veulent pas savoir. Ils veulent vapoter, et si ils ne peuvent plus vapoter, tant pis, ils feront autre chose. Signer une pétition, essayer de convoquer un référendum européen, s’engager dans une association ? Très peu pour eux.

Ce n’est pas de l’indifférence : les personnes travaillent, s’occupent de leurs familles quand ils en ont, et, à côté, s’impliquent socialement. Membres de partis politiques, d’association de parents d’élèves, d’œuvres de bienfaisance, impliqués dans la gestion d’un club local ou d’activités paroissiales, la plupart d’entre eux ne peuvent être accusés d’égoïsme ou d’être des moutons.

Alors pourquoi la défense de la vape les intéresse si peu, alors qu’ils ont conscience de son importance dans le sevrage tabagique ? Je n’ai pas de réponse, juste des hypothèses. Mais ils sont des millions, alors que ceux qui, aujourd’hui, se présentent comme la communauté de la vape sont des milliers, avec indulgence. Ce n’est pas assez pour faire une communauté.

Mais une communauté, c’est quoi ? 

On m’objectera que la communauté de la vape existe, puisqu’il existe des groupes de vapoteurs réunis ensemble pour faire avancer la cause. Ou faire des commandes groupées, ou s’insulter les uns les autres, ou… 

Oui, mais : ce sont des communautés de vapoteurs. Pas la communauté de la vape. Une communauté désigne soit des personnes vivant ensemble, soit des personnes partageant un patrimoine commun, soit des collectivités historiques ou culturelles. 

On trouve de cela, dans la vape. Oui, il y a des vapoteurs qui se réunissent en groupe, en communautés d’intérêts. Mais la communauté de la vape, ce n’est pas cela. La communauté de la vape, ce serait l’ensemble des personnes qui vapent unies pour défendre ce moyen de sevrage. Et ça, ça n’existe pas. 

Il existe un petit groupe de personnes persuadées de constituer la communauté de la vape. Ils ne sont en général représentatifs que d’eux-même et personne, en dehors du groupuscule baptisé “communauté de la vape” n’a entendu parler d’eux, surtout parmi les millions de vapoteurs indifférents au sujet. 

Suis moi, je te fuis

Le problème perdurera tant que la “communauté” autoproclamée de la vape persistera à reprocher à ces anciens fumeurs leur indifférence plutôt que de se reprocher à elle-même de n’avoir pas su leur parler. 

Souhaiter la bonne année à la communauté de la vape, c’est comme la souhaiter aux fantômes ou aux martiens. On sait pragmatiquement qu’elle n’existe pas, mais quelques uns y croient, irrationnellement, et n’en démordront pas.

En revanche, c’est avec une réelle sincérité que je souhaite une bonne et heureuse année 2019 aux lecteurs du Vaping Post et à toutes celles et tous ceux qui, chaque jour, individuellement ou collectivement, réfléchissent aux meilleurs moyens de faire avancer la cause de ce grand enjeu de santé publique qu’est la vape comme moyen de sevrage du tabac.

Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.