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Arabie Saoudite : la cigarette comme symbole de liberté

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En Arabie saoudite, voir une femme fumer ou vaper dans la rue n’est plus une anomalie. Dans ce pays ultra conservateur, de nouvelles lois ont permis l’émancipation sociale, et la consommation de nicotine en est devenue un symbole. Pour le meilleur ou pour le pire.

Une image modérée

Le prince héritier Mohammed ben Salman, souverain de fait du royaume d’Arabie Saoudite, est un homme pragmatique. Après que le roi Salmane l’ait désigné comme successeur et lui ait confié officieusement la conduite des affaires du royaume, un ensemble de lois plus souples économiquement et socialement ont été proclamées.

Ce n’est pas un hasard. Considéré comme « moderne » du fait de sa passion pour les jeux vidéos, le prince héritier de 34 ans sait que l’Arabie Saoudite ne pourra pas toujours compter sur la manne du pétrole. Il faut diversifier, pousser les entreprises étrangères à investir afin de tisser des liens d’échanges et d’intérêts économiques en dehors de la péninsule arabique.

Mais deux obstacles se dressent devant ses incitations : la finance islamique, qui a des règles très strictes, et les entreprises qui craignent pour leur réputation si des activistes des droits de l’homme s’avisent de les prendre pour cible du fait de leur implantation dans ce régime considéré comme dur.

Mohammed ben Salman a résolu le problème très simplement : pour l’économie, en autorisant des régimes d’exception, et socialement, en autorisant les femmes à fumer. Enfin, pas exactement…

Torches de la liberté, deuxième

Mohammed ben Salmane, prince héritier d’Arabie Saoudite

Les femmes sont désormais autorisées à conduire, à assister à des manifestations sportives et à des concerts publics, ou à obtenir un passeport sans l’approbation d’un tuteur masculin, père ou époux, comme cela était le cas auparavant.

Ces réformes ont considérablement déstabilisé la population masculine d’un royaume où toutes ces choses étaient impensables il y a encore trois ans, mais où remettre en cause l’autorité du roi l’est tout autant.

C’est alors que, saisissant l’opportunité du trouble, des femmes ont décidé de pousser un peu plus loin le bouchon de l’émancipation. En ne portant pas le voile en public, ou en fumant. Cette dernière solution est, volontairement, ou non, inspirée des Torches de la Liberté, une opération d’émancipation féministe… Qui était en réalité un coup monté de toutes pièces par Edward Bernays, le neveu de Freud, pour le compte de Lucky Strike.

Bernays venait d’appliquer sa théorie et d’inventer la propagande moderne.
Sur place, les femmes optent pour la consommation de cigarettes, chicha et vape en public, non pas par envie de fumer, mais parce qu’il s’agit d’un acte militant non ostensible.

Comment la propagande fut inventée pour vendre des cigarettes

Si, au niveau individuel, en effet, il y a plus de libertés, il s’agit surtout d’une campagne de séduction lancée par le royaume Saoudien en direction des investisseurs étrangers. Ainsi, si les femmes fument dans la rue, sortent sans hijab ou mettent du vernis à ongle (« délits » pour lesquels la police religieuse pouvait encore les enfermer il y a quelques mois), les opposants ou les militant(e)s trop vindicatifs sont toujours arrêtés.

L’inconscient collectif fumeux

Que conclure de tout cela ? Si l’on ne peut que se réjouir de l’allègement des lois attentatoires à la liberté des femmes dans le royaume saoudien, il convient de s’interroger sur la prégnance du tabac comme symbole de liberté dans l’inconscient collectif.

La bonne nouvelle, de ce point de vue, est que la vape est considérée comme tout aussi subversive et symbolisant tout aussi bien la liberté. Mais dans un pays plus habitué à manier l’interdit et le tabou que la prévention, les campagnes de lutte contre le tabagisme ou en faveur du vapotage sont inexistantes.

En adoptant la cigarette comme symbole de libération les saoudiennes n’ont sans doute pas conscience de s’enfermer elles-même dans une cage tout aussi dangereuse. 

La conquête de la liberté par les femmes saoudiennes risque de se payer au prix fort, en termes de santé publique, dans quelques années. Pour la plus grande joie des producteurs de tabac qui n’ont même pas besoin d’appuyer sur les leviers habituels : l’image de leur produit, suffisamment bien implantée, le fait pour eux.

Du fond de sa tombe, Georges Washington Hill, qui avait engagé Edward Bernays pour vendre ses Lucky Strike, peut se féliciter de chaque dollar qu’il lui a versé : son investissement continue de fructifier aujourd’hui.

Pour aller plus loin 

Un excellent article du Time of Israel, qui décrit la situation au royaume d’Arabie Saoudite (en anglais). 

Notre article sur la vape et l’Islam : 

La cigarette électronique haram