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Après le permis de conduire, le permis de voler, de sauter en parachute, voici le permis de vapoter !

Mis à jour le 26/07/2024 à 16h23
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Devra-t-on bientôt demander à un médecin l'autorisation pour acheter une cigarette électronique ?

Devra-t-on bientôt demander à un médecin une autorisation pour acheter une cigarette électronique ?

Je reste toujours songeuse devant le caractère péremptoire et parfois franchement irritant d’un article dans lequel une sommité donne son avis sur la « moins mauvaise façon » d’appréhender cette cigarette électronique sous forme de patate chaude avec laquelle elle serait obligée de jongler d’une main à l’autre.

Dernier en date, celui du Pr. Bertrand Dautzenberg, pneumologue et président de l’Office français de prévention du tabagisme (in Psychologies.com- mai 2013), qui suggère un encadrement des plus stricts de sa vente : en pharmacie exclusivement, et après la délivrance par un médecin d’une ordonnance médicale !

Sans entrer ici, car ce n’est pas le sujet, dans le débat concernant la composition des liquides et la commercialisation (depuis toujours) du produit exclusivement sur le net et par des revendeurs qui se sont pour la plupart spécialisés (et ont donc investi en temps, formation et argent) dans le produit, la tentation est bien sûr grande de céder à un cri général de révolte anti-liberticide dans cette société qui semble bien ne plus savoir comment « gérer » autrement l’organisation des moindres faits et gestes de ses citoyens que par des taxes…ou des permis !

En effet et dans un domaine de plus en plus large, force est de constater que soit elle taxe chèrement ce qu’elle permet du bout des doigts (la taxation des e-liquides est un des cœurs de cible des débats actuels…), soit elle délivre des « permis de » (qu’au passage, elle fait payer aussi).

Mais concernant le mode de distribution de cette cigarette électronique devenue tout à coup décidément bien embarrassante pour notre Etat Providence moribond (mais qui sait encore parfaitement se manifester dès qu’il s’agit d’interdire ou de règlementer), difficile de croire qu’une telle vague de débats nationaux, européens, relayée par des parlementaires, des scientifiques, des médecins soit parfaitement innocente et organisée dans le seul « intérêt » des utilisateurs pour être dénuée de toute pression ou intérêt commercial sous-jacents. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que nous avons allègrement franchi en France le cap des 500.000 vapoteurs…

Voilà donc un scientifique, médecin, chercheur en tabacologie tout droit sorti (si l’on veut caricaturer un peu) de ses laboratoires où il se penchait sur les effets absolument néfastes du tabac pour sembler découvrir presque comme du jour au lendemain un mode alternatif avant tout d’absorption de nicotine, qu’il admet bien être globalement « moins dangereux que la cigarette »-car c’est quand-même avant tout de cela qu’il s’agit, lequel soit-dit en passant se démocratise de plus en plus depuis bientôt 8 ans.

A qui notre ministre de la santé Madame Touraine décide tout à coup de commander étude et rapport sur le public concerné, l’éventuelle toxicité, et- est-ce un hasard…- son mode de distribution le plus adéquat.

Pourquoi ne pas imaginer un certificat de dépendance tabagique établi par un médecin qui permettrait d’avoir accès au produit – (B. Dautzenberg)

Et qui, plus qu’en géniale idée, érige presque en postulat (car ce n’est pas la première fois : cf son enquête de 2012 Paris sans Tabac dans laquelle il imaginait déjà de donner à l’e-cig dans un statut de médicament de substitution -« comme la méthadone pour l’héroïne ») un encadrement très strict de sa vente et « pourquoi ne pas imaginer un certificat de dépendance tabagique établi par un médecin qui permettrait d’avoir accès au produit ».

Question : Faut-il bannir la cigarette électronique alors qu’elle peut tout de même impliquer une réduction des risques pour les gros fumeurs qui abandonneraient pour elle le tabac pur et dur ?

Réponse : « Il faut que la cigarette électronique reste un produit de réduction des risques sanitaires du tabagisme. Sa vente doit donc être placée sous haute surveillance, idéalement en pharmacies, et (par extenso) délivrée sous ordonnance médicale. »

A lire Bertrand Dautzenberg, on fait et c’est dommage bien peu de cas de la liste des avantages incontestables de l’utilisation de la cigarette électronique (même si « pas encore » officialisés par des rapports publics) sur notre santé mise en péril par le tabac (n’hésitons pas à le répéter : l’extrême nocivité de son ingérence sous forme de fumée) et on plonge à pieds-joints dans la certes problématique addiction à la nicotine (mais qui pourtant à elle seule, à ces doses-là, n’a jamais tué personne)…

On préfère une fois de plus choisir la voie de l’ostracisme et, au prétexte que la nicotine, qui n’est pas un médicament mais un produit vénéneux, doit d’autant plus être appréhendée dans un cadre strictement médicalisé, envoyer les gens consulter leur médecin traitant (ou mieux : le centre anti-tabac !) se faire délivrer (après une série de questionnaires et de tests- bien sûr payants puis remboursés par la sécurité sociale (sic)) un certificat de dépendance tabagique pour avoir (éventuellement) accès au « produit » !

Et courir à la pharmacie pour acheter leur cigarette électronique, tout comme leurs patchs ou leurs gommes à mâcher.

De là à espérer alors que nous serons diagnostiqués comme suffisamment dépendants pour avoir le droit de vapoter, il n’y a qu’un pas…

Et quand bien-même, tout porte à croire que les contraindre à en arriver à de telles extrémités serait certainement le meilleur moyen pour dissuader les fumeurs « de bonne volonté » de se lancer dans un tel parcours du combattant.

Et les voir se cantonner pour la plupart et pour de bon à continuer sans même penser à tester un nouveau moyen même (bien) moins dangereux d’appréhender la nicotine à continuer à fumer leur bonne vieille cigarette.


Merci à Luc Dussart pour avoir repéré cet article de psychologies.com et nous l’avoir transmis.