Vous êtes ici : Vaping Post » Politique » Amendements à l’article 23 du PLF 2026 : l’avenir de la vape française en jeu

Amendements à l’article 23 du PLF 2026 : l’avenir de la vape française en jeu

    Annonce
  • Calumette
  • le petit vapoteur
  • le petit vapoteur
  • Pulp
  • Vaporesso
  • Innokin
  • Vincent
  • Voopoo

À quelques jours de la reprise des débats sur le projet de loi de finances 2026, les députés se préparent à examiner une série d’amendements susceptibles de bouleverser le sort de la cigarette électronique en France. Entre suppressions, ajustements et nouvelles contraintes, l’avenir de la filière se jouera en grande partie dans les prochains jours.

Une bataille décisive pour l’avenir de la vape en France

Assemblée nationale françaiseAlors que les députés ont jusqu’au 12 novembre pour se prononcer sur le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS), les vapoteurs français n’ont qu’une date en tête : celle du 13 novembre, qui marquera le retour des discussions sur le projet de loi de finances, texte qui comprend le désormais célèbre article 23, qui signerait la mort de la filière française de la cigarette électronique.

L’article 23, dans sa version initiale, propose la mise en place d’une accise sur les e-liquides, une interdiction de la vente en ligne des produits du vapotage, et un changement de statut pour les vape shops, probablement calqué sur le modèle des buralistes, et qui entraînerait la fermeture de la plupart d’entre eux. Selon la FIVAPE, syndicat interprofessionnel du secteur, l’article 23 menacerait directement 4 000 emplois, et indirectement 20 000 de plus.

Une situation qui n’a pas échappé à certains députés, qui ont proposé de nombreux amendements à l’article 23. Certains qui répondent aux espérances de la filière du vapotage, en exigeant par exemple la suppression pure et simple de l’article, et d’autres, qui enfonceraient davantage le clou sur un cercueil qui serait de toute façon déjà scellé.

Nous vous proposons de retrouver ci-dessous le résumé de certains des amendements* déposés par les différents groupes parlementaires présents dans l’Hémicycle.

Les principaux amendements à l’article 23

Concernant le vapotage

Pierre Cordier

DR
Suppression de l’article 23.

Amendement n°I-176

Aurélien Le Coq

LFI-NFP
Suppression de l’article 23.

Amendement n°I-2277

Eric Ciotti

UDR
Suppression de l’accise sur les produits du vapotage.

Amendement n°I-1732

Bastien Marchive

EPR
Suppression de l’accise sur les produits du vapotage.

Amendement n°I-2588

 

Lise Magnier

HOR
Instauration d’une accise fixe de 0,10 €/ml, peu importe le taux de nicotine.

Amendement n°I-679

Laurent Wauquiez

DR
Accise fixée à 0 € pour les produits du vapotage.

Amendement n°I-3638

Charles De Courson

LIOT
Accise unique pour les e-liquides, peu importe le taux de nicotine. Taxation plus élevée que celle proposée par le gouvernement.

Amendement n°I-1164

Ludovic Mendes

EPR
Ajouter l’obligation d’avoir au moins 20 % de son chiffre d’affaires qui proviennent de la vente des produits du vapotage pour pouvoir prétendre à l’agrément.

Amendement n°I-2518

 

Anna Pic

SOC
Ne pas interdire la vente en ligne des produits du vapotage.

Amendement n°I-2594

Béatrice Bellay

SOC
Repousser l’interdiction de la vente en ligne pour les départements d’Outre-mer.

Amendement n°I-2467

 

EPR : Ensemble pour la République (92 membres)
LFI-NFP : La France insoumise – Nouveau Front Populaire (71 membres)
SOC : Socialistes et apparentés (66 membres)
DR : Droite Républicaine (49 membres)
HOR : Horizons & Indépendants (34 membres)
LIOT : Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (23 membres)
UDR : Union des Droites pour la République (15 membres)

Concernant les sachets de nicotine

Lise Magnier

HOR
Confier la vente des sachets de nicotine aux buralistes exclusivement.

Amendement n°I-3816

 

HOR : Horizons & Indépendants (34 membres)

Concernant le chanvre et le CBD

Hubert Brigand

DR
Exclure CBD de l’accise, autoriser la vente en circuit court pour le chanvre, et interdire la vente en ligne des produits nicotinés.

Amendement n°I-1706

Sandrine Le Feur

EPR
Exclure les produits CBD sans nicotine de l’accise.

Amendement n°I-1512

Josiane Corneloup

DR
Exclusion de l’industrie du chanvre de l’article 23.

Amendement n°I-723

 

EPR : Ensemble pour la République (92 membres)
DR : Droite Républicaine (49 membres)

*Les amendements rédactionnels, retirés, irrecevables, déposés en plusieurs exemplaires et/ou similaires à d’autres (sauf exception), ne sont pas compris dans cette liste. La liste complète de tous les amendements est disponible dans le tableau ci-dessous.

Le tableau des amendements

Amendement Groupe(s)* Objet Amendements similaires
Suppression totale de l’article
I-176 DR, LFI-NFP Suppression complète de l’article 23. I-1277
Chanvre / CBD – Exclusion de l’accise
I-1512 EPR, LIOT, HOR Exclure le chanvre/CBD (produits sans nicotine) de l’accise. I-1699, I-1795, I-2519
I-1706 DR, EPR, LIOT Exclure vapotage non nicotiné et CBD de l’accise + interdire vente en ligne pour produits nicotinés + autoriser vente en circuit court pour producteurs de chanvre. I-1819, I-2520
I-760 DR Fixer à 0 € l’accise sur les produits bruts à fumer ne contenant pas de tabac (chanvre/CBD).
I-723 DR Maintenir “sans changement” les taux pour produits bruts à fumer sans tabac (chanvre/CBD) + supprimer le monopole de vente aux buralistes pour ces produits.
Produits du vapotage – Suppression complète de l’accise
I-1732 UDR, LIOT Supprimer complètement l’accise sur tous les produits du vapotage. I-2588
I-3638 DR Maintenir l’accise, mais fixer le tarif à 0 €/ml pour tous les produits du vapotage.
Produits du vapotage – Taux d’accise unique
I-2517 EPR, LIOT, HOR Taux d’accise unique pour tous les e-liquides, avec ou sans nicotine. Taux proposés allant de 0,10 €/ml à 0,15 €/ml selon l’amendement. I-679, I-1164
Produits du vapotage – Deux taux, mais augmentés
I-1166 LIOT Maintient deux taux selon la nicotine, mais les augmente : 0,10 €/ml (faible nicotine) et 0,20 €/ml (forte nicotine).
Définitions et catégories fiscales
I-2515 EPR, LIOT, HOR, UDR Clarifier les définitions fiscales en distinguant produits « fumés », « chauffés » et « inhalés » (tabac à chauffer ≠ tabac à fumer). I-2271, I-2341
Agrément des boutiques
I-2518 EPR, LIOT Obligation de réaliser au moins 20 % du CA dans le vapotage pour obtenir l’agrément de vente.
Vente en ligne
I-2594 SOC Maintenir la vente en ligne (suppression de l’interdiction prévue).
I-2467 SOC Reporter l’interdiction de la vente en ligne spécifiquement pour les DOM.
Protection des mineurs
I-3551 LIOT Appliquer l’interdiction de vente aux mineurs aux produits du vapotage.
Sachets de nicotine – Création d’un cadre réglementaire
I-998 LIOT, HOR, EPR, RN Créer une catégorie fiscale pour sachets de nicotine : accise de 22→44→66 €/kg sur 3 ans, plafond 16,6 mg/sachet, interdiction de vente aux -18 ans, monopole de vente aux buralistes, interdiction des billes/perles de nicotine. I-682, I-1324, I-1491, I-1863, I-2163, I-2165, I-3816, I-3817, I-3818, I-3820
Légende des groupes parlementaires
* La colonne « Groupe(s) » regroupe le ou les auteurs de l’amendement présenté, ainsi que le ou les groupes ayant déposé des propositions similaires.   


DR : Droite Républicaine   
EPR : Ensemble pour la République   
LIOT : Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires   
HOR : Horizons & Indépendants   
LFI-NFP : La France insoumise – NFP   
UDR : Union des droites pour la République   
SOC : Socialistes   
DEM : Démocrates (MoDem)   
RN : Rassemblement National

Des amendements à l’avenir incertain

Si certains amendements offrent de l’espoir à la filière française du vapotage, son avenir reste largement incertain. D’abord, parce que les députés sont pris par le temps. Lorsqu’ils reprendront les discussions sur le PLF 2026, le 13 novembre, ils n’auront que dix jours pour arriver à bout des nombreux amendements qui restent à discuter (+ de 2 000). Délais constitutionnels obligent, le projet de loi de finances devra partir au Sénat, au plus tard, le 23 novembre à minuit. Passé cette date, si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée sur l’intégralité des amendements proposés par les différents groupes parlementaires, c’est le texte initial du gouvernement que les Sénateurs recevront. Et tous les débats menés par l’Assemblée n’auront servi à rien.

Et les députés en ont bien conscience. Alors que Jean-Philippe Tanguy (RN) n’hésite pas à souligner que cette Assemblée « n’est pas faite pour constituer un budget », d’autres expliquent que le travail parlementaire ne peut pas être correctement réalisé dans ces conditions.

« On travaille en commission la deuxième partie du PLF pendant qu’on discute du PLFSS en séance, avant de revenir à la première partie du PLF : tout ça n’a aucun sens », déplore Perrine Goulet (MoDem) auprès du journal Le Monde. Une course à la montre, parfois dans un sens illogique, qui démontre « le fonctionnement obsolète de l’Assemblée » pour Charles Sitzenstuhl (Renaissance).

Et cette course à la montre a de quoi frustrer. Certains députés se questionnent par exemple sur l’objectif de leurs travaux en commissions, notamment concernant l’étude de la partie « dépenses » du PLF, qui ne sera de toute façon jamais discutée à l’Assemblée par manque de temps. Des tensions naissent même à l’intérieur des divers groupes parlementaires. Ceux qui assurent une présence continue dans l’Hémicycle commencent à voir d’un mauvais œil leurs collègues, de plus en plus nombreux, qui désertent les bancs de l’Assemblée, que ce soit par lassitude, ou simple fatigue due au rythme effréné de ces dernières semaines.

Et si l’absentéisme grandissant, le manque de temps, ou encore les difficultés à se mettre d’accord sont de véritables problèmes pour les députés, ils ne sont pas les seuls. « On travaille au pifomètre, ce n’est pas du tout sérieux », s’exclame de son côté Philippe Vigier (MoDem). En cause, l’absence d’outils pour évaluer l’impact des mesures si difficilement votées.

Bref, l’avenir de la cigarette électronique en France n’a jamais été aussi incertain. Si quelques amendements pourraient la sauver, encore faut-il que les députés aient le temps de s’y intéresser. Et quand bien même, encore faudrait-il qu’ils les votent, mais aussi qu’ils réussissent à s’exprimer sur tous les suivants.

Dans ce contexte parlementaire tendu, l’avenir de la filière française du vapotage reste suspendu à une course contre la montre dont l’issue demeure très incertaine.

Les commentaires sont fermés.