Victime d’un grave accident de santé quelques jours avant le Vapexpo de Lyon, son organisateur Patrick Bédué livre ses impressions sur l’événement et sa vision sur le marché de la vape.
Patrick Bédué, grand manitou du Vapexpo
Patrick, vous avez eu de graves problèmes de santé récemment, comment ça va aujourd’hui ?
Oui, j’ai eu un problème à la vésicule biliaire, qui a éclaté. Sans prise en charge dans les trois quarts d’heure, c’est un accident fatal.
C’est arrivé quand ?
Le 23 février.
Donc juste avant le Vapexpo Lyon…
Oui, j’ai eu de la chance, j’étais à l’hôpital ce jour-là, j’ai été pris en charge instantanément, j’y suis resté quinze jours. Je suis sorti et, deux jours après, j’étais à Lyon avec encore des pansements, c’était n’importe quoi (rires).
Vous êtes rétabli aujourd’hui ?
Ça va mieux, mais de temps en temps, j’ai encore des douleurs atroces qui me font flipper et tu mets du temps à te nourrir normalement. Mais on peut très bien vivre sans vésicule biliaire. Je tiens à remercier l’équipe de Vapexpo qui a été remarquable pendant mon hospitalisation car sans eux, Vapexpo Lyon n’aurait pas pu se faire.
Quel bilan tirez-vous du Vapexpo Lyon ?
Du positif, même si on a beaucoup stressé au début parce que c’est un salon complètement nouveau, après deux ans sur Paris. C’était un nouveau défi avec une ville qu’on ne connaissait pas, même si on savait qu’il y a beaucoup de vapoteurs dans cette région.
Vous aviez peur de quoi ?
Du côté des exposants, tout le monde nous a suivis et j’avoue que les stands se sont vendus assez vite. Stratégiquement, Lyon est à deux heures de route de Marseille, deux heures de TGV de Paris, c’est proche de la Suisse et de l’Italie. On avait surtout des doutes sur le fait que le public se déplace, en fait. Finalement, ç’a été un succès parce qu’on a fait plus de 3 100 entrées (2 500 aux Innovaping Days à Paris à la même période en 2016, ndlr), et c’est là qu’on se rend compte que Vapexpo est devenu une sorte de marque, qui rassure les gens en leur proposant un salon de qualité.
Vous avez senti une différence au niveau des visiteurs ?
Oui, les gens sont moins blasés, moins stressés qu’à Paris. À un moment, on a eu un problème à l’entrée avec la billetterie, à Paris on se serait fait brûler vif alors qu’à Lyon, les gens nous disaient de ne pas stresser, de prendre notre temps, ils nous ont même aidés, c’était super mignon. Et puis, il y avait plus de curiosité, en comparaison de Paris où les gens sont habitués à La Villette. Là, ils venaient avec des yeux neufs. C’était le but : leur apporter Vapexpo à domicile, parce que c’est compliqué pour quelqu’un de Marseille de venir à Paris. Ça coûte cher, ça prend du temps, il faut prendre le train, payer l’hôtel alors que là, ils pouvaient faire l’aller-retour dans la journée.
Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?
On essaie d’apporter plus de matériel, mais c’est très, très dur. On peut améliorer les conférences, mais ça dépend du sujet chaud du moment. Et puis c’est plus calme au niveau des thèmes, notamment sur la TPD. Je pourrais dire qu’on pourrait faire un accueil pour les fumeurs, mais ce n’est pas le but du salon, on est dans le B2B. Après, on essaie d’améliorer l’accueil des exposants en permanence. Sur les prochaines éditions, on va travailler sur un plan interactif via une application smartphone Vapexpo pour trouver les stands plus facilement. On va travailler aussi sur l’interactivité des conférences.
Les conférences n’ont pas été très suivies…
C’est toujours compliqué d’attirer les visiteurs aux conférences. Ce sont des pros qui sont là surtout pour faire du business. L’emplacement au fond de la salle a aussi peut-être joué, mais on a fait ce choix pour des raisons techniques. De toute façon, je n’ai pas envie de les arrêter, c’est la marque de fabrique de Vapexpo.
Quel regard vous portez sur l’industrie de la vape en France ?
Elle s’est largement professionnalisée, particulièrement sur la fabrication de l’e-liquide. Par rapport à d’autres pays, ils sont beaucoup professionnalisés et sécurisés. Les normes sont beaucoup plus importantes et respectées. Les principaux acteurs de la vape, comme Alfaliquid, VDLV, etc., ont donné le tempo. Les autres ont suivi et tant mieux. Ça prouve qu’on est sérieux et conscient de la problématique. C’est d’ailleurs dommage que nos décideurs politiques, le ministère de la Santé, la Direction générale de la Santé, ne viennent jamais sur le salon pour qu’on leur explique ce que font nos leaders de ce corps de métier. Ça pourrait leur ouvrir les yeux en termes de création d’emplois, de sérieux.
Vous les invitez ?
Tout le temps ! On leur envoie des lettres recommandées, mais on n’a jamais de réponse.
Vous avez senti une frilosité de la part des exposants avant l’application de la TPD ?
Non, pour être honnête, on a ouvert les réservations mi-novembre, donc en pleine période de notification, un lundi. Et le vendredi suivant, on était plein. Au contraire, les exposants étaient pressés et fiers de présenter leurs produits TPD ready. Le message, c’était “On est prêt”.
Quelle ambiance avez-vous ressentie sur les stands ?
C’était très business, donc bon signe. Comme d’habitude, j’ai fait la tournée pour dire bonjour à tout le monde. Mais là, les gens n’avaient pas forcément le temps, ils étaient pris par des clients et ça sur tous les stands, c’était hallucinant. J’ai l’impression que le business se porte bien et je le vois dans mes boutiques (Patrick Bédué est gérant du réseau de boutiques Bocalinda, ndlr).
Comment voyez-vous la vape évoluer au niveau du matériel ?
Heureusement que l’eGo AIO de Joyetech est sortie. Elle est très simple d’utilisation et ç’a relancé le marché et séduit beaucoup de nouveaux vapoteurs. J’ai vu d’anciens clients qui avaient abandonné avec une eGo et un T3 à l’époque, qui sont revenus parce qu’ils avaient vu des gens de leur entourage qui avaient l’AIO et qu’ils voulaient recommencer avec celle-là.
Qu’est-ce que vous pensez de l’innovation dans la vape en ce moment ?
À mon avis, les fabricants devraient travailler sur les tubes primovapoteurs. Mais à mon avis, les fabricants estiment que ça fonctionne, ils en vendent énormément et ne cherchent pas plus loin.
Vous avez d’autres projets dans les cartons ?
Déjà, pour le Vapexpo Paris, on a écouté les retours des exposants et on réduit la formule sur deux jours très denses. On a un projet à Barcelone, Vapexpo Barcelona, qui va se faire sûrement en novembre en collaboration avec l’organisateur qui avait le salon de Madrid en novembre 2016. On fera sûrement des nocturnes jusqu’à 22 heures.
Et en termes de projets annexes ?
Avec Ghyslain Armand, on envisage de donner une suite à Beyond The Cloud. On aimerait s’intéresser à la vape dans les pays en voie de développement, en y intégrant des interviews de personnes qui s’en sont sorties. Il aura un traitement tourné plus vers l’humain que le côté politique, mais on n’en est qu’au début du projet.