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Vape et code de la route : notre question gênante au Premier ministre

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Depuis ce dimanche, la vitesse sur les routes nationales françaises sans séparateur central est réduite à 80 kilomètres par heure. Une mesure impopulaire défendue par le Premier ministre, qui la justifie par un principe de précautions. Ça tombe bien, Monsieur Philippe, il fallait que je vous parle de vape.

Pour les 3693 morts de la route

Ce matin, sur RTL, Édouard Philippe, Premier ministre français, vous défendiez la réduction de vitesse à 80 kilomètres par heure sur les routes nationales sans séparateur central. Pour être honnête, vous étiez venu parler de l’action de votre gouvernement, mais les auditeurs ne vous ont parlé quasiment que de cela.

Vous avez justifié cette mesure par un principe de précautions : à 80 km/ heures, il faut treize mètres de moins pour s’arrêter, ce qui devrait sauver de nombreuses vies. Tant pis si cela déplaît à beaucoup.

Pourquoi pas ? Même si un rapport du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire de mars 2018 assurait que le bilan socio-économique en serait négatif : entre les économies réalisées sur l’accidentologie et les pertes engendrées par le temps supplémentaire que prendraient la plupart des trajets, ce sont 160 millions d’euros de pertes pour le budget de l’état.

Mais, Monsieur Édouard Philippe, vous assumez, malgré les protestations aussi bien des élus que des associations de défense des automobilistes, malgré le coût de la mesure, malgré les pertes financières envisagées, malgré la vox populi et l’effondrement de votre popularité dans un sondage.

Ceci signifie une chose : vous êtes exactement l’homme dont nous avons besoin.

Pour les 73 000 morts du tabac

Parce que la montée de la vape va entraîner une chute des recettes fiscales dues à la baisse des ventes des produits du tabac. Elle va entraîner le mécontentement des associations de lutte anti-tabac qui abordent le sevrage sous l’angle punitif, le mécontentement des professionnels du tabac qui vont y perdre directement. Elle va aussi entraîner un mouvement de méfiance du grand public, majoritairement hostile à la vape parce que mal informé, et sans doute une baisse de la popularité de son initiateur jusqu’à ce que le vapotage fasse ses preuves.

Vous venez de la démontrer, Monsieur le Premier ministre : c’est pile dans vos cordes.

D’après les Echos, vous avez distribué aux préfets un argumentaire dans lequel vous soulignez que la mesure sur la sécurité routière pourrait sauver entre 200 et 400 vies par an en France. Si on se base sur la fait que la vape est moitié moins dangereuse que le tabac, vous sauveriez 36 500 vies par an. Et si la vape était, comme certaines études l’affirment, 95 % moins dangereuse que le tabac, chiffre retenu par l’agence de santé publique anglaise, vous sauveriez par an 69360 vies, toujours sur la base de 73 000 morts par an en France.

A côté de ça, les 400 vies sauvées par an sur la route, ce serait juste l’échauffement.

Deux poids, deux mesures ? 

Pourtant, vous ne le faites pas. Vous ne faites pas le choix, Monsieur le Premier ministre, de pousser la vape, comme l’a fait l’Angleterre, meilleur et hélas seul exemple du genre. Pire, vous laissez la Commission européenne planifier une taxe sur le vapotage qui laissera bon nombre de fumeurs en cours de sevrage démunis.

Pourtant, promouvoir et libérer la vape serait beaucoup plus facile et « rentable », si l’on peut parler de rentabilité lorsqu’il s’agite de vies humaines, que cette décision d’abaisser la vitesse à 80 kilomètres par heures sur les départementales sans séparateur central. En fait, vous sauveriez en deux jours avec la vape autant de vies qu’en un an de 80 kilomètre heures, en prenant à chaque fois les chiffres les plus optimistes.

Contrairement aux 80 km/h, cela bénéficierait directement à l’économie, en permettant au secteur de se développer et de créer des emplois en France. Cela serait moins risqué politiquement, parce que la majorité des gens ne seraient pas impactés par cette mesure.

La liste des bénéfices pour vous serait immense.

Et vous ne faites rien. Monsieur Edouard Philippe, Premier ministre français, j’ai une question pour vous, d’apparence anodine mais, au fond, terriblement gênante : pourquoi ?

Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.