USA : un concours pour arrêter de fumer ou de vapoter promet 2 500 dollars au gagnant

À l’occasion de son 25e anniversaire, la ligne téléphonique d’aide à l’arrêt du tabac de New York lance un concours original : 2 500 dollars à gagner pour celles et ceux qui réussiront à rester sans tabac ni vape pendant 25 jours. Un concept motivant, à première vue… mais qui interroge.

Un concours… aux effets paradoxaux

À l’occasion de son 25e anniversaire, la New York State Quitline, service d’aide au sevrage tabagique de l’État éponyme, a organisé un concours : toutes les personnes qui ne fument pas, ou ne vapotent pas, entre les dates du 1er au 25 août, seront éligibles pour participer. Et la récompense est alléchante, puisque 2 500 $ sont promis au chanceux tiré au sort, et 250 $ aux dix suivants. Seules conditions pour que la participation soit validée : être âgé d’au moins 18 ans, vivre dans l’État de New York, et avoir fumé ou vapoté quotidiennement, depuis ou avant le 1er juin. L’arrêt du tabac ou du vapotage sera bien sûr vérifié, puisque les gagnants se verront envoyer un kit salivaire qu’ils devront retourner afin de confirmer leur abstinence durant la période du concours.

Si les incitations financières fonctionnent toujours, et que tous les moyens sont bons pour arrêter de fumer ou de vapoter, la méthode américaine soulève quand même plusieurs questions.

De multiples failles

D’abord, qu’est-ce qui empêcherait un non-fumeur, ou un non-vapoteur, de commencer à consommer simplement pour participer à ce concours ? En vérité, pas grand-chose. Bien que le règlement stipule qu’il fallait déjà consommer avant la date du 1er juin, il semble compliqué pour les organisateurs de le vérifier. Ce concours pourrait donc, théoriquement, inciter à la consommation des produits que le service cherche justement à combattre.

Ensuite, qu’est-ce qui empêcherait un non-fumeur/non-vapoteur de participer lui aussi ? Là encore, rien du tout. Comme l’indique la New York State Quitline, l’abstinence tabagique sera vérifiée à l’aide d’un échantillon de salive qui devra être renvoyé par le gagnant. L’analyse de salive pour la détection du tabagisme se base sur la détection de deux substances : la nicotine et la cotinine. Cette dernière étant le principal métabolite de la première, c’est-à-dire le produit de transformation de la nicotine par l’organisme.

La nicotine peut être détectée dans la salive pendant un à trois jours après la dernière cigarette. La présence de cotinine, quant à elle, peut être étudiée jusqu’à quatre jours après la consommation. Entre le délai de réception du test, son renvoi par les participants, et la nouvelle réception par le laboratoire, difficile d’imaginer que moins de quatre jours seront passés. Autrement dit, tous les tests renvoyés seront très probablement négatifs, qu’importe si leur propriétaire a réellement arrêté de fumer ou de vapoter.

Les laboratoires pourraient éventuellement s’intéresser à certains alcaloïdes mineurs, comme l’anabasine, l’anatabine ou encore la myosmine. Mais d’autres problèmes se poseraient alors : ces substances sont généralement détectées dans l’urine, et sont absentes dans le cadre du vapotage. Sans parler du fait que la myosmine, par exemple, se retrouve également dans les noix, le lait, ou encore les céréales…

Pour finir, rien n’empêcherait, non plus, à un quelconque participant, d’envoyer la salive de quelqu’un d’autre, qui n’a jamais consommé de nicotine.

Ce concours, en apparence bienveillant, pourrait au final encourager la fraude… voire initier certains à la consommation. Une drôle de façon de promouvoir l’abstinence.

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