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Une vague de désinformation en provenance du Japon arrive sur nos côtes

Mis à jour le 10/07/2024 à 15h42
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La cigarette électronique contient 10 fois plus de composés cancérigènes que la cigarette de tabac. Oui vous lisez bien.

L'e-cigarette serait, elle aussi, cancérigène, d'après une mauvaise dépêche AFP depuis reprise en boucle.

L’e-cigarette serait, elle aussi, cancérigène, d’après une mauvaise dépêche AFP depuis reprise en boucle.

C’est en substance ce que les médias britanniques, à l’image du Daily Mail, sont en train de véhiculer dans leurs gros titres de la journée, l’e-cigarette étant un sujet très lucratif quand on l’associe à la peur. C’est une dépêche AFP envoyée ce jeudi qui serait à l’origine du raz-de-marée et dans laquelle on apprend qu’un groupe de scientifiques aurait rendu le rapport d’une étude sur la cigarette électronique commanditée par le Ministère de la Santé du Japon.

Les deux mêmes ingrédients cuisinés dans une sauce OMS

Nous n’avons pas encore le détail de cette étude ni du rapport, mais il semblerait que le contexte de cette information reste malheureusement assez classique. Deux composés que l’on connait bien seraient en fait mis en cause : le formaldéhyde et l’acétaldéhyde. La présence de ces composés dans la vapeur n’est pas nouvelle, de nombreuses études ont en effet mis en évidence certains niveaux de concentration jugés comme préoccupants sans pour autant remettre en cause le pouvoir de réduction des risques que le produit peut apporter aux fumeurs de tabac.

Il faut rappeler que la grande majorité des composés jugés comme très nocifs (qui se comptent en milliers) ou cancérigènes avérés (environ une soixantaine) dans la fumée des cigarettes de tabac n’est pas présente dans la vapeur des cigarettes électroniques. Selon certaines conclusions d’études (fortement conditionnées par les protocoles utilisés) les composés préoccupants qui peuvent se trouver dans la vapeur se comptent sur les doigts de la main et restent à des niveaux très inférieurs à ceux détectés dans la fumée du tabac.

Mise à jour : Source de l’étude et commentaires de K. Farsalinos

Dire aujourd’hui, comme le fait le journal Les Échos, que la cigarette électronique est elle aussi cancérigène est un non-sens et représente un véritable danger pour la santé publique. Apeurer les fumeurs sur une méthode de réduction des risques, c’est les conforter dans leur consommation de tabac.

D’après les articles de presse parus pour le moment, ni le directeur d’étude (Naoki Kunugita) ni le Ministère de la Santé du Japon n’aurait commenté cette actualité. L’AFP n’a en revanche pas attendu pour greffer à cette information les derniers communiqués de l’OMS pour saler encore un peu plus la nouvelle. Le véritable caractère alarmiste de cette mauvaise actualité proviendrait également de la chaine de télévision japonaise TBS qui aurait hâtivement tiré des conclusions sur la présence de ces deux composés.

Cet article sera mis à jour au fil de la journée.


Mise à jour : 13h44

L’étude en question est disponible sur le site du Journal of Environmental Research and Public Health, publiée le 28 octobre 2014. Si il s’agit bien de celle-ci, à notre grande surprise les conclusions ne mentionnent en aucune façon une cause de cancer de l’e-cigarette ou une augmentation des risques qui serait similaire ou supérieure à la fumée du tabac.

Voici la conclusion des chercheurs :

Des études ont montré que les cigarettes électroniques pouvaient émettre des composés carbonylés, issus d’une décomposition thermique. Ces substances peuvent avoir un effet néfaste sur la santé; cependant, dans la plupart des cas, ces niveaux sont en dessous de ceux trouvés dans la fumée de cigarettes. Il est important d’étendre la recherche dans ce domaine, pour mieux comprendre l’origine des composés carbonylés émis par les e-cigarettes et trouver des moyens de les réduire.

Le niveau le plus élevé que les chercheurs ont pu détecté était 8 fois inférieur à celui compris dans la fumée de tabac (table 1 dans le document de l’étude).


Source : “Carbonyl Compounds Generated from Electronic Cigarettes” / Kanae Bekki, Shigehisa Uchiyama, Kazushi Ohta, Yohei Inaba, Hideki Nakagome and Naoki Kunugita.
Int. J. Environ. Res. Public Health 2014, 11(11), 11192-11200; doi:10.3390/ijerph111111192


Mise à jour : 15h56

Commentaires de Konstantinos Farsalinos

Il est intéressant de noter que les médias rapportent la présence de carcinogènes – au pluriel – pourtant le texte ne mentionne que le formaldéhyde. Cette substance « trouvée dans les matériaux de construction et de liquides d’embaumement » est en fait présente partout dans l’environnement, dans chaque maison, dans chaque ville, village, région urbaine ou rurale. Tout le battage médiatique ne concerne en fait qu’une seule substance. Le titre est trompeur, car le niveau de formaldéhyde 10 fois plus élevé que dans les cigarettes de tabac ne concerne qu’une seule marque d’e-cigarette.

L’histoire qui se cache derrière tout cela est encore plus intéressante. J’ai immédiatement contacté le professeur Kunugita pour lui demander les résultats de l’étude. Sa réponse a été instantanée, elle mentionne la liste des études publiées qui lui ont fourni ces résultats. Les résultats de l’analyse de 13 marques japonaises sont présentées dans le tableau 1. Ils ont été obtenus dans le cadre d’une étude récente sur les carbonyles générés par l’e-cigarettes. Cette étude a été publiée [ndlr: comme mentionné plus haut] dans International Journal of Environmental Research and Public Health.

Via E-cigarette Research