Un livre une vape, c’est une suggestion de lecture et un conseil de liquide pour vaper avec.
Laurent Obertone, journaliste d’investigation, vient de sortir aux Editions Ring « Le Diable du Ciel ». Ce roman-document s’attache aux pas d’un expert du BEA (Bureau Enquête Analyse) chargé d’enquêter sur le crash de l’avion de la Germanwing, crash volontairement provoqué par le copilote Andreas Lubitz. Pour vaper avec ce livre, c’est un liquide rassurant que nous préconisons, le Auguste de -52 AV.
Le livre
Attachez vos ceintures, entrez dans le vol sans retour de la Germanwings et quittez la piste au bord de l’Airbus apocalyptique piloté par Andreas Lubitz. Qui était l’homme-énigme passé sous les radars des psychiatres allemands ?
Premier journaliste au monde à avoir eu accès à l’intégralité de l’enquête du BEA, Laurent Obertone arrache le lecteur du sol et l’entraîne dans l’histoire intime et le minutage fatal du vol suicide au 150 morts du 24 mars 2015.
Un thriller crépusculaire à 38000 pieds d’altitude jusqu’à impact où l’intensité dramatique place Le Diable du Ciel au firmament des romans catastrophes. Bienvenue à bord du vol 9525 de la Germanwings.
Pour vaper en lisant
Pour vapoter avec un livre aussi glaçant, un liquide rassurant s’impose. Notre suggestion, le Auguste de – 52 aV, la nouvelle marque de 814. Une custard au chocolat très crémeuse, bien gourmande, qui réchauffe à la fois le corps, lorsqu’on affronte la montagne froide du crash, et l’âme, quand on se confronte à celle, glacée, de Lubitz.
Le chocolat apporte en exhalation une pointe d’amertume qui vient idéalement rappeler que le livre, s’il est raconté sous forme d’un roman, est vrai. Le hit vous titillera juste ce qu’il faut, et un atomiseur orienté saveurs assez serré amplifiera encore vos sensations autour de 17 à 20 watts.
Les plus courageux liront le livre de Laurent Obertone avec un liquide menthe glaciale.
Interview de l’auteur
Vaping Post : Laurent Obertone, bonjour, merci d’accepter de répondre à nos questions pour Vaping Post.
« Le Diable du Ciel », votre nouveau livre, parle du crash du vol 9525 de la Germanwing, précipité volontairement contre la montage par le copilote Andreas Lubitz. Pourquoi ce sujet ?
Laurent Obertone : Ce sujet implique des thèmes qui me sont chers. La technique, l’organisation, le crime, la domestication… Et l’incapacité pour nos sociétés si complexes d’appréhender l’être humain dans sa totalité, et dans la totalité de ses failles.
VP : Après « Utoya » et « Guerilla », vous revenez à la forme du roman. Dans Utoya, cette forme vous permettait de raconter Breivik de l’intérieur, dans Guerilla, de mettre en scène des données techniques, et dans « Le Diable du Ciel » ?
LO : Il serait périlleux de restituer de manière uniquement clinique un tel dossier d’enquête. Je pense que la forme littéraire permet ici d’approcher le vrai, et donc d’amener avec soi le lecteur, dans ce voyage jusqu’au bout de la folie humaine.
VP : Contrairement à Utoya, vous ne parlez pas en tant que Lubitz, mais vous racontez l’histoire à travers les yeux d’un agent du BEA (Bureau Enquête et Analyse, qui enquête sur les accidents aériens). Pourquoi , est-ce que Lubitz était incompréhensible ?
LO : Lubitz était moins déchiffrable, en effet, et je ne voulais pas tricher. Contrairement à Breivik, il s’est très peu exprimé. C’est même sa caractéristique. Donc il était plus intéressant d’avoir un point de vue extérieur à lui-même, pour renforcer cette impression de se heurter à un mur de silence et de secrets. Et comme les données de l’enquête sont importantes, et devaient être restituées dans leur totalité, mettre en scène un enquêteur me semblait tout à fait approprié.
VP : Vous avez eu accès à l’enquête intégrale du BEA, avec de nombreuses révélations inédites. Est-ce que s’appeler Laurent Obertone et être l’auteur de documents qui ont secoué la France, ça ouvre des portes, ou au contraire, ça rend la tâche plus compliquée ?
LO : C’est précisément à double tranchant : quand vous publiez La France Orange mécanique, le monde semble se diviser entre vos partisans et vos ennemis, qui sont souvent tout aussi farouches les uns que les autres. Mes partisans semblent peu nombreux dans les hautes sphères. En réalité, ils le sont, mais ils cultivent la discrétion… Ce qui ne les empêche pas d’être très désireux de me transmettre leurs informations.
VP : Les révélations sur la façon dont Lubitz a dissimulé son état à sa compagnie laissent à penser que ça a été presque facile, du moins au début. Ca fait froid dans le dos. Depuis le crash, des mesures on-t-elles été prises pour éviter qu’une telle situation se reproduisent ? Sont elles suffisantes ?
LO : Clairement, elles ne le sont pas, tout simplement parce qu’elles ne peuvent pas l’être. Les pilotes qui ne vont pas bien apprennent à le dissimuler, pour ne pas perdre leur licence. Pour autant, la plupart du temps, ils ne se suicident pas avec 149 innocents. Et c’est sur l’improbabilité de cet acte que reposent les conclusions de l’enquête : c’est un scénario bien moins probable qu’une attaque terroriste. Les autorités ont simplement recommandé d’atténuer les conséquences d’une perte de licence. Les compagnies sont priées de demander à leur personnel de ne jamais laisser seul dans le cockpit un des leurs. Mais ces règles sont rarement appliquées.
VP : Pendant que vous tourniez la bande-annonce, il y a eu un incident devant le domicile des Lubitz. Vous pouvez nous en parler ?
LO : En effet, ignorant tout de nos intentions, la famille n’avait pas un a priori positif quant à notre présence. Ce que je peux comprendre. Nous avons d’ailleurs quitté les lieux sans insister. Pour moi, et compte tenu de ce que je sais, cette famille est bien davantage victime que coupable. On peut bien accuser les médecins, sa mère, la compagnie, son enfance ou tout l’univers : celui qui précipite l’avion contre le sol, c’est lui. Et lui seul.
VP : Les parents, particulièrement le père, d’Andreas Lubitz, continue de défendre bec et ongles la mémoire de son fils. Pensez-vous qu’ils sont dans un processus de deuil « normal », continuant malgré tout d’aimer leur fils, ou, différemment, sont ils dans le déni total ?
LO : Nous croyons tout connaître de nos proches, nous n’imaginons pas qu’ils puissent présenter plusieurs aspects d’eux-mêmes, selon les circonstances. C’est pourtant ce que nous faisons tous. Certes, le cas Lubitz est extrême… Jusqu’au bout, il parvenait à donner le change, à dissimuler ce mal qui le rongeait. Au point que certains de ses proches rejettent encore les conclusions de l’enquête.
VP : Vous écrivez des best-sellers, et ce n’est pas une façon de parler : vos livres apparaissent toujours en tête des meilleures ventes à leur sortie. Pourtant, on ne vous voit quasiment pas dans les médias, par exemple, pour le « Diable du Ciel », sauf erreur de notre part, à part Marianne et Funéraire Info, personne ne vous invite. Pourquoi ?
LO : Peut-être justement parce que mes livres rencontrent un certain succès, et qu’ils déplaisent aux grands médias, en particulier depuis La France Big Brother, qui était justement une critique de ce milieu. Le meilleur moyen pour eux de limiter les dégâts, c’est de faire comme si je n’existais pas. Mais je vous rassure : vous entendrez toujours copieusement parler des mauvais livres qui ne se vendent pas, pourvu qu’ils s’appliquent à bien penser.
VP : Vous aimeriez, par exemple, vous retrouver face à Yann Moix et Christine Angot (en admettant qu’elle reste sur le plateau, ce qui n’est jamais certain avec elle) ?
LO : Je souhaite bien évidemment avoir accès à des millions de téléspectateurs, mais un peu moins transformer une enquête sérieuse en débat spectacle avec des professionnels de la chose. Le but est justement de sortir les individus de cette logique de divertissement, de leur expliquer qu’ils doivent faire l’effort de s’informer par eux-mêmes, sans attendre d’y être invités par des artifices publicitaires et promotionnels. Les enjeux sont bien trop importants pour continuer à laisser ce système décider de ce qui doit ou non avoir accès à notre cerveau.
VP : On sent un frémissement sur certaines des thématiques que vous avez soulevées dans les médias. Certains aujourd’hui soulèvent publiquement le problème qu’on n’ose pas nommer les choses. Vous avez été ostracisé précisément pour les avoir nommées il y a quelques années déjà, est-ce une forme de revanche ?
LO : Je n’ai pas d’esprit de revanche. J’espère seulement venir à bout de cette inertie. Il y a encore beaucoup de choses à dire, et il faut les dire, calmement, posément, sans excès. Le réel finira par reconnaître les siens.
VP : On a pu vous voir ou vous entendre sur certains médias Mainstream, récemment. On songe à LCI ou L’heure du Crime de Jacques Pradel sur RTL, y-a-t-il une réhabilitation médiatique de Laurent Obertone ?
LO : Je constate que les médias ont moins de difficultés à évoquer un livre perçu comme politiquement anodin. En revanche, il faut aller en Italie pour lire des articles sur mon livre Guerilla, qui est un best-seller en France. Quand la calomnie ne fonctionne pas, il reste le silence. Ça ne suffit plus pour tuer un livre, grâce à Internet et aux médias alternatifs, mais ça en limite la portée vis-à-vis de tous ceux qui dépendent encore des médias officiels. Qui sont hélas l’immense majorité de nos concitoyens.
VP : On vous voit régulièrement en promo avec le dessinateur Marsault, qui est aussi chez Ring. Un livre d’Obertone illustré par Marsault, c’est un projet qui vous a déjà traversé l’esprit ?
LO : J’espère avoir cette chance un jour ! L’homme est très talentueux, et a la vue perçante.
VP : Laurent Obertone, je ne vais pas vous demander le sujet de votre prochain livre, parce que vous ne me le diriez pas, n’est-ce pas ?
LO : Je me contenterai d’une réponse fort vague : ce sera un essai, le troisième et le dernier consacré à la France, dans la lignée de La France Orange mécanique et de La France Big Brother. Ce sera aussi, à mon avis, le plus complet et le plus important.
VP : Comme de coutume, le dernier mot est pour vous, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de Vaping Post ?
LO : De rester à l’écoute ! D’être sobre et de veiller, de ne pas oublier que le Diable, tel un lion rugissant, rôde autour d’eux, et cherche qui il pourra dévorer.
VP : Merci beaucoup, Laurent, pour cette interview, et rendez-vous au prochain livre, donc. Vous voulez même pas nous donner un minuscule indice sur son sujet, hein, dites ?
LO : Je ne parlerai qu’en présence de mon éditeur !
Pas emballé par la suggestion, sans doute à cause de l’odeur.
Une fragrance qui m’évoque du Marionnaud, ou du Guerlain peut-être ; bref, rien que je ne supporte de respirer, à fortiori d’inhaler.