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Un simple mégot au sol a suffi à faire naître une idée : et si cette fibre, si proche de la ouate, pouvait servir à isoler plutôt qu’à polluer ? C’est en manipulant de l’isolant que Julien Paque a vu le potentiel d’un déchet trop souvent négligé.
Julien Paque, fondateur de TchaoMegot. © TchaoMegot
Tchao les mégots, bonjour l’isolation écolo
Comment est née l’idée de transformer les mégots de cigarette en matériaux isolants ?
Julien Paque, le fondateur, et ingénieur de base, était en train de réaliser des travaux dans sa maison avec son père. Ils manipulaient de l’isolant, laine de verre. Il a trouvé un mégot ouvert au sol, et a réalisé que celui-ci contenait une matière identique voire similaire à l’isolant. Il a alors réfléchi à une solution possible pour traiter le vrai problème : les substances.
© TchaoMegot
Quels ont été les principaux défis rencontrés lors de la création de TchaoMegot ?
Trouver les financements pour la preuve de concept et réaliser les tests nécessaires afin de prouver que le processus est fonctionnel.
Les défis encore actuels se passent au niveau des lois et du gouvernement. Le mégot n’est pas encore totalement reconnu comme déchet dangereux, et il est encore compliqué de faire prendre conscience du danger sur l’environnement et l’obligation d’envoyer son déchet dans une filière complète aux normes.
Pouvez-vous détailler le processus de dépollution des mégots que vous utilisez ?
Les mégots sont dépollués sans eau ni solvant toxique. Notre procédé utilise un solvant neutre, du CO2 mis à un état dit supercritique. Celui-ci se trouve entre l’état liquide et gazeux, et permet de capturer 100% de la toxicité du mégot. Le solvant tourne en circuit fermé et est réutilisé. Le procédé permet de récupérer en concentré les substances toxiques (soit 0,3% du flux mégot) sans contaminer d’autres ressources précieuses.
La dépollution est réalisée sans eau ni solvant toxique. © TchaoMegot
En quoi votre méthode se distingue-t-elle des autres techniques de traitement des mégots ?
TchaoMegot est l’unique filière aux normes au monde, capable de dépolluer et recycler les mégots sans eau ni solvant toxique. Nous sommes également les seuls labellisés GreenTech Innovation par le Ministère de la Transition Écologique, qui certifie que notre procédé est vertueux et écologique.
© TchaoMegot
Quels types de produits fabriquez-vous à partir des mégots recyclés ?
Nous fabriquons des matériaux isolants éco-conçus : isolant bâtiment (en vrac ou plaques) et textile. Nous pouvons donc créer des produits finis : doudounes, pochettes d’ordinateur.
Une fois dépolluée, l’acétate de cellulose, qui a l’aspect de la ouate, peut être réutilisée. © TchaoMegot
Quel est l’impact environnemental de votre activité en termes de réduction de pollution ?
Nous réduisons considérablement la pollution des mégots au sol. donc la pollution de la faune et de la flore.
Comment mesurez-vous l’efficacité de vos actions de sensibilisation auprès du public ?
Nous pouvons mesurer l’efficacité de nos actions grâce à l’augmentation de bornes installées, aux retours des clients et du public en général. Également, avec la réduction des mégots aux sols.
L’acétate de cellulose peut, par exemple, être utilisée dans le rembourrage de doudounes. © TchaoMegot
Quels sont les retours des collectivités et entreprises partenaires sur vos solutions ?
Nous avons de très bons retours de la part de nos partenaires. Ils se sentent accompagner tout au long de l’action, de la collecte, jusqu’au recyclage. Nous envoyons un kit de communication à chacun de nos clients pour qu’ils puissent mettre en avant leur action au sein de leur ville / structure. Ils reçoivent également un rapport d’impact après chaque collecte : nombre de mégots, kg isolant créé, co2 non généré, et eau épargnée. Ce rapport peut être intégré à leurs bilans carbone et financier.
Quels sont vos objectifs de croissance pour les prochaines années ?
Nous prévoyons d’ouvrir plusieurs autres usines en France afin de réduire toujours plus notre impact environnemental et réduire la pollution.
© TchaoMegot
Envisagez-vous d’étendre vos activités à l’international ?
A terme oui, cela reste dans nos projets, une fois notre action complète réalisée sur le territoire français.
Comment voyez-vous l’évolution du recyclage des mégots en France et en Europe ?
Plutôt positivement ! Les personnes se sentent de plus en plus concernés par l’environnement et veulent s’impliquer dans des actions qui ont du sens. Nous avons énormément de demandes partout en Europe et à l’international également. Nous sensibilisons énormément au recyclage mais également à la problématique du mégot sur la santé.
Les mégots sont collectés avant d’être transportée jusqu’au site de traitement, situé dans l’Oise (60), en France. © TchaoMegot
Quelles initiatives avez-vous mises en place pour sensibiliser le grand public aux dangers des mégots ?
Nous envoyons à chacun de nos partenaires un kit de communication avec une dizaine d’affiches pour sensibiliser leurs collaborateurs / citoyens. Ces affiches traitent de l’impact du mégot sur l’environnement mais également sur la santé.
Le processus de dépollution permet de retirer toutes les substances contenues dans un mégot. Elles représentent environ 0,3 % du déchet. © TchaoMegot
Comment les entreprises peuvent-elles intégrer vos solutions dans leur démarche RSE ?
Les entreprises peuvent intégrer nos solutions en installant nos bornes de collectes sensibilisatrices sur leur site. Ils peuvent également personnaliser la totalité de nos bornes à leurs couleurs et image. Cela couplé aux affiches de communication et au rapport d’impact !
Quels conseils donneriez-vous aux citoyens souhaitant contribuer à la réduction des mégots dans l’environnement ?
Nous sommes tous acteurs de l’environnement, et c’est grâce aux petits gestes de chacun que nous pourrons faire un tabac ! Un petit déchet, mais un gros problème : alors réagissons dès maintenant et protégeons notre planète.
Genève, Suisse
