La cigarette électronique au Luxembourg

La vape qui tâche !

Les sujets légers et populaires du Vaping Post, car il n’y a pas que la politique et la science dans la vape, il y a aussi des trucs bêtes mais sympa à lire !

De plus en plus de fumeurs

Contrairement à beaucoup de pays du monde, le Luxembourg voit son taux de prévalence tabagique augmenter. En 2022, on estimait que 28% de la population fumaient. Un taux qui n’avait jamais été aussi élevé depuis 2004.

Le Luxembourg applique la TPD. Il est ainsi interdit de vapoter où il est interdit de fumer. Le taux de nicotine maximal autorisé pour les e-liquides est de 20 mg/ml. La publicité pour la vape est interdite, mais aucune taxe particulière n’est mise en place sur les e-liquides.

Nos derniers articles au sujet du Luxembourg

Retrouvez toutes les dernières informations au sujet du vaping au Luxembourg.

Le Luxembourg face au défi du tabagisme : entre progression et espoir

Le Grand-Duché du Luxembourg, malgré sa petite taille, fait face à un enjeu de santé publique majeur concernant le tabagisme. Ces dernières années, le pays a connu une évolution en dents de scie de sa prévalence tabagique, avec des périodes d’augmentation inquiétante suivies d’une baisse encourageante récente.

Une évolution préoccupante du tabagisme jusqu’en 2021

Entre 2019 et 2021, le Luxembourg a traversé une période particulièrement sombre en matière de lutte antitabac. En 2019, le taux de fumeurs a littéralement explosé, passant de 21% à 27% de la population résidente de plus de 16 ans, soit une augmentation de 6% en une seule année. Cette hausse brutale a représenté un retour en arrière de plus de 15 ans, le pays n’ayant pas connu un tel niveau depuis 2005.

La situation s’est maintenue à un niveau élevé en 2020 avec 26% de fumeurs, avant d’atteindre un nouveau pic en 2021 à 28% de la population. Ce chiffre alarmant représentait environ 147 500 fumeurs luxembourgeois, dont 100 092 fumeurs quotidiens. Toutes les tranches d’âge ont été touchées par cette augmentation, mais les jeunes ont payé le plus lourd tribut : chez les 18-24 ans, le taux est passé de 26% en 2018 à 37% en 2021, soit une explosion de 68% sur cinq ans.

Un tournant encourageant en 2024

Après ces années difficiles, 2024 marque un tournant encourageant. Selon l’enquête ILRES commandée par la Fondation Cancer en collaboration avec le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale, le taux de tabagisme a significativement reculé pour atteindre 23% de la population, soit environ 123 000 personnes. Cette baisse de 4 points par rapport à 2023 s’accompagne d’une répartition de 15% de fumeurs quotidiens et 8% d’occasionnels.

Fait notable, la volonté d’arrêter de fumer progresse au sein de la population : 46% des fumeurs déclarent vouloir arrêter, un chiffre qui grimpe à 62% chez les 16-24 ans. Cette motivation croissante représente un terreau favorable pour les méthodes de sevrage tabagique, dont le vapotage.

La cigarette électronique au Luxembourg : entre utilisation croissante et cadre réglementaire strict

L’utilisation de la cigarette électronique au Luxembourg s’inscrit dans un contexte réglementaire qui évolue rapidement. Le pays a transposé la directive européenne sur les produits du tabac (TPD) dès 2016, assimilant le vapotage à l’usage de la cigarette traditionnelle dans de nombreux aspects. Ainsi, il est interdit de vapoter dans les lieux où le tabac est proscrit, y compris dans les véhicules en présence de mineurs de moins de 12 ans et dans les enceintes sportives fréquentées par des jeunes.

Depuis le 1er août 2017, la vente de cigarettes électroniques est interdite aux moins de 18 ans, contre 16 ans auparavant. Les fabricants et importateurs doivent obligatoirement déclarer la liste des ingrédients de leurs produits à la Direction de la santé avant toute commercialisation, avec un délai de six mois avant la mise sur le marché. Des contrôles menés en 2024 par l’Administration de l’Environnement ont d’ailleurs révélé que 39 produits sur 45 échantillons n’avaient pas été notifiés conformément à la réglementation et ne pouvaient donc pas être commercialisés légalement.

Une taxation récente et des perspectives incertaines

Le 1er octobre 2024 marque une nouvelle étape avec l’instauration d’une taxe sur les e-liquides. Les fabricants doivent désormais s’acquitter d’un droit d’accise de 12 centimes par millilitre, soit 120 euros par litre, avec une période de transition jusqu’au 1er avril 2025 pour écouler les anciens stocks. Cette mesure s’inscrit dans une politique fiscale visant à générer des revenus supplémentaires pour l’État, le tabac rapportant déjà plus d’un milliard d’euros annuellement au Luxembourg.

Au-delà de cette taxation, le gouvernement luxembourgeois a fait savoir qu’il étudie la possibilité d’une interdiction globale du vapotage, considérant qu’une interdiction ciblée uniquement sur les dispositifs jetables serait insuffisante. Le ministère de la Santé a déclaré adopter une approche d’observation des mesures prises par les pays voisins, notamment la Belgique et la France, avant de déterminer les actions à envisager.

L’utilisation du vapotage chez les jeunes : une réalité complexe

Les données révèlent une utilisation significative de la cigarette électronique chez les jeunes Luxembourgeois. En 2023, le taux de vapotage a bondi à 36% chez les moins de 25 ans, contre 21% en 2022. Ce chiffre est resté élevé en 2024 avec 26% des 16-24 ans utilisant la cigarette électronique, les dispositifs jetables représentant 93% des usages dans cette tranche d’âge.

Il est intéressant de noter que parmi les vapoteurs, 43% ont commencé pour tenter de réduire leur consommation de tabac fumé, objectif atteint pour 47% d’entre eux. Environ trois utilisateurs sur dix considèrent que la cigarette électronique est moins nocive que le tabac fumé. Ces données suggèrent que le vapotage joue effectivement un rôle dans les démarches de réduction des risques, même si 11% des vapoteurs n’avaient jamais fumé avant de commencer.

Les dispositifs d’aide au sevrage tabagique

Le Luxembourg dispose d’un programme officiel d’aide au sevrage tabagique mis en place depuis janvier 2008 par le ministère de la Santé et la Caisse Nationale de Santé. Ce programme prévoit un accompagnement sur huit mois avec des consultations régulières chez le médecin de son choix, entièrement remboursées. Les médicaments de sevrage sont remboursés à 50% à la fin du programme, avec un plafond de 100 euros. Ce dispositif a enregistré un taux de réussite de 30% lors de ses deux premières années.

D’autres structures proposent également un accompagnement, comme la Fondation Cancer qui offre information et conseil, ou la Ligue Médico-Sociale qui organise des consultations de sevrage avec une équipe multidisciplinaire. Ces ressources témoignent de la volonté du pays de proposer des solutions variées aux fumeurs désireux d’arrêter.

Un contexte particulier : le Luxembourg, hub transfrontalier du tabac

Le Luxembourg présente une particularité qui complique sa lutte antitabac : le pays est massivement sur-approvisionné en produits du tabac pour alimenter les achats transfrontaliers, notamment des fumeurs français. Les prix des cigarettes y restent environ deux fois moins élevés qu’en France, ce qui génère un important trafic frontalier. Cette situation économique place le Luxembourg sous une forte influence de l’industrie du tabac, malgré son adhésion précoce à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac dès 2005.

Par ailleurs, le tabagisme passif reste un problème majeur : en 2024, 38% des résidents déclarent y être exposés dans les lieux intérieurs et 71% à l’extérieur, notamment sur les terrasses ou aux arrêts de bus. Près d’un tiers des jeunes y sont exposés quotidiennement, ce qui contribue à banaliser l’usage du tabac.

Vers un avenir sans tabac ?

Le Luxembourg s’est engagé dans le projet Génération Sans Tabac, aux côtés de 37 partenaires, avec l’objectif ambitieux de permettre aux enfants et jeunes d’aujourd’hui de grandir dans un environnement sans tabac, pour devenir la première génération d’adultes sans tabac d’ici 2040. Cet engagement collectif nécessite une approche multiforme combinant prévention, accompagnement au sevrage et régulation des produits nicotiniques.

Dans ce contexte, le vapotage occupe une place particulière : outil de réduction des risques pour certains, porte d’entrée vers la nicotine pour d’autres. Les autorités luxembourgeoises semblent privilégier une approche restrictive, tandis que les données montrent qu’une partie significative des vapoteurs utilisent ces dispositifs dans une démarche de sevrage tabagique. Le défi pour le Luxembourg sera de trouver l’équilibre entre la protection des jeunes et l’accès à des outils de sevrage pour les fumeurs adultes désireux d’arrêter.

Sources