La cigarette électronique en Corée du Nord

Énormément de fumeurs !

Bien qu’il soit compliqué d’obtenir des données fiables sur le nombre de fumeurs en Corée du Nord, un rapport de l’OMS, daté de 2019, estimait que 46,1 % de la population du pays fumaient.

Un grand leader qui est un… grand fumeur

Comment combattre le tabagisme dans un pays dont le leader est sans cesse en train de consommer des cigarettes ? Voilà la question que de nombreux observateurs du monde entier se posent.

Pourtant, à la fin de l’année 2020, l’agence de presse officielle nord-coréenne a annoncé la mise en place d’une nouvelle loi de lutte contre le tabagisme. Celle-ci interdit notamment de fumer dans les zones destinées à « l’éducation politique et idéologique » ainsi que dans certains lieux publics parmi lesquels les théâtres, les cinéma, les établissements de santé publique, etc.

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Le tabagisme en Corée du Nord : un fléau de santé publique majeur

La Corée du Nord présente l’un des taux de tabagisme les plus élevés au monde, particulièrement chez les hommes. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé, près de 46 % des hommes âgés de plus de 15 ans sont fumeurs, tandis que le taux officiel chez les femmes serait de 4,5 %. Toutefois, ces chiffres concernant les femmes sont probablement sous-estimés, le tabagisme féminin étant socialement très mal perçu dans le pays, poussant les fumeuses à pratiquer leur consommation en privé.

L’impact sanitaire du tabac est particulièrement lourd en Corée du Nord. En 2021, les statistiques indiquaient que 14,2 % des décès dans le pays étaient liés à des maladies causées par le tabagisme, plaçant la nation au sixième rang mondial pour ce triste indicateur. Selon le Tobacco Atlas, environ 71 000 décès seraient dus chaque année à des maladies causées par le tabagisme, un chiffre comparable à celui de la France, alors que le pays ne compte que 25,5 millions d’habitants.

Une culture du tabac profondément ancrée

Le tabagisme est socialement acceptable pour les hommes en Corée du Nord, où il fait partie intégrante de la culture quotidienne. Les trois dirigeants successifs du pays – Kim Il-sung, Kim Jong-il et Kim Jong-un – sont tous fumeurs, ce qui complique les efforts de réduction du tabagisme tout en devant maintenir l’image publique des leaders. L’industrie du tabac locale est particulièrement dynamique, avec diverses marques nationales dont la célèbre 727, nommée d’après la date de l’Armistice de Panmunjeom.

À l’inverse, le tabagisme féminin demeure un tabou social fort en Corée du Nord, considéré comme plus grave que l’alcoolisme. Seules les femmes de plus de 50 ans dans les zones rurales peuvent fumer avec moins de jugement social. Cette disparité de genre se reflète dans les statistiques officielles, bien que la réalité soit probablement différente.

Des efforts de lutte contre le tabagisme

Malgré la prévalence élevée du tabagisme, la Corée du Nord a entrepris des démarches pour lutter contre ce fléau. Le pays dispose d’une agence nationale comptant huit personnes employées à plein temps, dont l’objectif est de limiter la consommation de tabac. La première grande campagne contre le tabagisme a été organisée en 2004, et ces initiatives sont devenues plus nombreuses dans les années 2010.

Une réglementation progressive

Des restrictions concrètes ont été mises en place progressivement. Le tabagisme est désormais interdit dans de nombreux lieux publics, notamment les établissements médicaux, les écoles, les cinémas et théâtres, les hôtels, les gares, et certains centres d’éducation politique. Toutefois, il reste autorisé dans les tramways, aux arrêts de bus, près des entrées des bâtiments, dans les restaurants, cafés et bars. L’application de ces lois varie selon les régions, et il n’existe pas d’amendes systématiques en cas de non-respect.

Les paquets de cigarettes doivent comporter un message d’avertissement, bien que leur apparence ne soit pas standardisée. Il s’agit généralement d’un texte en petites lettres affirmant simplement que le tabagisme nuit à la santé. L’Organisation mondiale de la santé reconnaît que la Corée du Nord participe à la Journée mondiale sans tabac chaque année et mène un travail de sensibilisation aux dangers du tabagisme.

La cigarette électronique en Corée du Nord : une interdiction stricte

Contrairement à certains pays qui ont adopté la cigarette électronique comme outil de réduction des risques, la Corée du Nord a choisi une approche restrictive. Selon les rapports de l’OMS datant de 2018 et confirmés par diverses sources, les cigarettes électroniques contenant de la nicotine sont interdites dans le pays. Cette interdiction s’inscrit dans une politique générale de contrôle des produits nicotinés.

Une position hostile au vapotage

Bien qu’il soit difficile de se procurer des informations précises sur ce pays fermé, les autorités nord-coréennes semblent avoir adopté une position hostile à la cigarette électronique. Suite aux incidents pulmonaires survenus aux États-Unis en 2019 (EVALI), plusieurs journaux officiels de Corée du Nord ont alerté la population en affirmant que les opinions selon lesquelles les e-cigarettes seraient plus sûres que les cigarettes ordinaires auraient été “complètement démenties”, et que l’utilisation d’une e-cigarette conduirait au tabagisme.

Cette position tranche avec celle adoptée par de nombreux pays qui considèrent la cigarette électronique comme un outil potentiel de réduction des méfaits pour les fumeurs adultes. En Corée du Nord, l’interdiction des produits de vapotage contenant de la nicotine prive les fumeurs d’une alternative moins nocive que le tabac combustible.

Un défi de santé publique majeur

Avec un taux de tabagisme en baisse constante depuis le début des années 2000 mais qui reste parmi les plus élevés au monde, et l’interdiction des alternatives comme la cigarette électronique, la Corée du Nord fait face à un défi majeur de santé publique. La difficulté de mettre en œuvre efficacement les lois antitabac dans un pays où le tabagisme masculin est si répandu, combinée à une industrie du tabac locale dynamique, rend la lutte contre le tabagisme particulièrement complexe.

Les données concernant la Corée du Nord restent toutefois limitées et doivent être interprétées avec prudence, la plupart provenant d’études menées auprès de réfugiés nord-coréens vivant en Corée du Sud, ce qui peut biaiser les résultats.

Sources et références