Pendant que l’on se demande si la vape “made in Big Tobacco” est une bonne nouvelle ou une hérésie, il y en a qui doivent bien rigoler chez British American Tobacco. Si le géant constate une progression nette de son secteur vape, celui du tabac chauffé explose, sans coup férir…
Risques potentiellement réduits
Vous connaissez la différence entre un produit à risques réduits et un produit à risques potentiellement réduits ? Un produit à risques réduits, c’est par exemple la vape, considérée par de nombreuses études, et très officiellement par le Ministère de la santé britannique, comme 95 % moins dangereuse que le tabac, au minimum. C’est bien.
Un produit à risques potentiellement réduits, littéralement, c’est un produit dont on peut peut-être affirmer sans trop le savoir qu’ils est éventuellement un peu moins dangereux que le tabac. Pour résumer, à risques réduits, on le dit parce que quelques éléments de preuves viennent corroborer cette théorie, alors que pour le second, on n’en sait rien.
Plus que ça, c’est un piège sémantique : l’industrie du tabac a créé elle-même cette appellation de produits à risques potentiellement réduits, en anglais PRRP (Potentially Reduced Risk Products) et y a aussitôt entremêlé la vape et le tabac chauffé. Parce que les deux sont nouveaux, comparativement parlant au tabac, et parce que les deux font intervenir la technologie.
C’est coup double : d’un côté, le tabac chauffé bénéficie de l’aura de confiance dont dispose la vape auprès d’un public conquis, mais modérément informé, de l’autre, il amalgame l’un et l’autre pour entretenir la méfiance auprès des fumeurs et des antivape. On dira ce qu’on veut de Big Tobacco, mais certainement pas que c’est un ramassis d’idiots. Au contraire.
Le succès du tabac chauffé
Parce que, l’air de rien, BAT a révélé lors de son dernier meeting annuel, que ça va bien, merci. Le segment vape est en progression de 26 % par rapport à l’année précédente. Et le segment tabac chauffé ? Plus 180 %. Oui, oui, sur la tabac chauffé, BAT a plus que doublé son marché entre deux exercices.
La société a d’ailleurs annoncé espérer doubler aussi le nombre de dépôts de brevets en 2019, par rapport à 2018, qui en avait vu enregistrer 130. Excusez du peu.
Cela veut dire que, chez BAT, il y a des gens qui travaillent, et qui travaillent avec des moyens colossaux, dont la vape indépendante ne peut même pas rêver. Et cela veut dire que, puisque cet investissement s’avère rentable, les actionnaires, seuls à même de fermer les vannes, veilleront à les laisser grandes ouvertes.
Cela veut aussi dire que BAT ne compte pas renoncer au tabac, mais seulement lui offrir une nouvelle coupe et un nouveau costume. Comme ils l’avaient clairement annoncé dans leur interview.
Petit à petit, le tabac refait son nid. Et, comme le coucou, il ne rechignera pas à aller se nourrir dans celui des autres, la vape, en l’occurrence.
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