Le sevrage tabagique est un défi majeur pour de nombreux fumeurs, notamment en raison de la dépendance physique et psychologique à la nicotine. Parmi les solutions proposées pour accompagner ce processus, les substituts nicotiniques se déclinent en différentes formes, allant des patchs aux gommes à mâcher. Plus récemment, un nouveau dispositif a fait son apparition : les billes de nicotine, également appelées perles de nicotine. Ces petites capsules offrent un mode de délivrance de la nicotine innovant et discret, particulièrement adapté aux fumeurs en quête de flexibilité dans leur consommation de nicotine lors de l’arrêt du tabac.

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Origines et développement

Les perles de nicotine font partie des substituts nicotiniques récents. Photo : Vaping Post©

Les perles de nicotine, ou billes de nicotine, sont nées d’une volonté de répondre à la demande croissante de substituts nicotiniques discrets et flexibles qui soient adaptés aux besoins des fumeurs désireux d’arrêter de fumer. Elles s’inscrivent dans la continuité des gommes à mâcher ou des comprimés/pastilles, qui avaient déjà démontré l’efficacité d’une libération de nicotine par voie orale pour soulager rapidement les symptômes de manque.1, 2, 3

Très récentes sur le marché, elles sont souvent proposées dans de petits emballages contenant quelques dizaines de billes, et peuvent parfois être accompagnées de différents arômes.

 

Les perles de nicotine en bref

  • Un équivalent des pastilles ou comprimés à sucer.
  • Différents arômes disponibles.
  • Un moyen de calmer les envies soudaines de fumer.
  • Un risque de surdosage.
  • Un substitut nicotinique qui n’adresse que le côté physique de la dépendance.

 

En quoi consiste le sevrage tabagique avec les perles de nicotine ?

Les billes de nicotine s’inscrivent dans le cadre du sevrage tabagique en tant que substitut nicotinique. Elles permettent de combler les besoins en nicotine des personnes dépendantes en réduisant les symptômes de manque ressentis lors de l’arrêt du tabac. À la différence des substituts plus classiques comme les patchs par exemple, qui délivrent un flux constant de nicotine, les billes offrent une libération ponctuelle en cas de besoin. Les perles de nicotine peuvent notamment se montrer intéressantes pour les fumeurs qui recherchent une solution pratique et discrète. Comme les comprimés à sucer, les billes ne nécessitent pas de mastication puisqu’il n’y a qu’à les laisser fondre sous la langue. Une discrétion bienvenue dans certaines situations.

Mode d’action

Les perles de nicotine fonctionnent en délivrant une dose prédéfinie de nicotine lorsqu’elles sont placées sous la langue. Ce mode d’administration sublinguale permet une absorption de la nicotine directement dans le sang par les muqueuses buccales. La nicotine atteint le cerveau après quelques dizaines de minutes.4, 5, 6 Ce mécanisme est identique à celui des pastilles ou comprimés à sucer.

Fonctionnement des perles de nicotine

Concrètement, les billes de nicotine sont de petites capsules contenant une dose de nicotine. Dans l’Hexagone, ce sont les marques Nicopop® et Perlz® qui proposent ces produits vendus dans un petit tube contenant 60 billes. Les fabricants indiquent un poids net de 3 grammes et un taux de nicotine de 8 mg/g (ou 1 %), ce qui donnerait une quantité de nicotine par bille de 0,4 mg. Lorsqu’une bille est placée sous la langue, sa membrane se dissout progressivement, ce qui permet de libérer la nicotine qu’elle contient. 

Efficacité des billes de nicotine pour arrêter de fumer

Puisque les perles de nicotine sont un nouveau produit, il n’existe actuellement aucune donnée sur leur efficacité propre pour le sevrage tabagique. En revanche, s’agissant d’un outil qui utilise un mode d’administration sublingual déjà utilisé pour d’autres substituts nicotiniques, nous pouvons consulter les nombreuses recherches à ce sujet.

L’efficacité des billes de nicotine dans le sevrage tabagique repose sur leur capacité à réduire les envies de fumer. Si l’on part du principe que les billes de nicotine sont équivalentes, en termes de fonctionnement, aux comprimés à sucer par exemple, alors plusieurs travaux démontrent qu’elles devraient être efficaces pour réduire les envies de fumer et augmenter les chances de réussir à se sevrer du tabagisme.7, 8, 9

Les avantages

  • Discrétion : leur petite taille et leur mode de consommation sublingual permettent une prise discrète, idéale en milieu social ou professionnel.
  • Flexibilité : elles permettent un dosage à la demande, ce qui donne la possibilité aux fumeurs de contrôler leur consommation de nicotine.
  • Alternative aux autres substituts : elles sont une option viable pour les personnes qui n’apprécient pas les autres substituts nicotiniques.

Les inconvénients

  • Risque de surconsommation : en raison de la rapidité d’action et de la facilité d’utilisation, il est possible que certains utilisateurs aient tendance à consommer plus de billes que nécessaire.
  • Disponibilité : dans certaines régions, leur accès est encore limité comparé aux produits de substitution plus traditionnels comme les patchs ou les gommes.
  • Absorption relativement lente : plusieurs dizaines de minutes sont nécessaires à la nicotine pour faire effet, ce qui ne leur permet pas de soulager les envies soudaines de fumer.

Les limites des billes de nicotine

Les perles de nicotine devraient présenter les mêmes avantages et inconvénients que les pastilles à sucer. Photo : Vaping Post©

Comme beaucoup d’autres substituts nicotiniques, les billes de nicotine se concentrent uniquement sur le soulagement des symptômes physiques liés au manque de nicotine. Elles n’agissent pas sur la dépendance psychologique qui inclut les aspects comportementaux et émotionnels profondément ancrés chez de nombreux fumeurs.10, 11, 12 La prise en compte de cette dimension psychologique est pourtant primordial pour mettre toutes les chances de son côté pour arrêter de fumer. Il est donc conseillé d’accompagner les billes de nicotine d’un soutien comportemental sous la forme d’une thérapie cognitive et comportementale par exemple.

L’utilisation excessive des billes de nicotine peut présenter un risque. Grâce à leur format compact et leur très grande simplicité d’utilisation, certains fumeurs pourraient un peu « perdre le compte » et se retrouver à consommer une quantité de nicotine trop importante. 

Enfin, si la libération de nicotine fournie par les billes est un avantage pour réduire les envies de fumer, elles n’offrent pas une libération de nicotine stable et continue sur une longue période. De ce fait, pour un fumeur ayant besoin d’un apport en nicotine toute la journée, les billes pourraient ne pas suffire. Tout comme elles ne seront d’aucune utilité pour calmer les envies soudaines de fumer qui nécessitent une absorption très rapide de nicotine.

En conclusion

Les billes de nicotine constituent une innovation intéressante dans le domaine des substituts nicotiniques en se démarquant par leur flexibilité et leur discrétion. Leur format compact et sublingual permet aux utilisateurs de doser la nicotine selon leurs besoins spécifiques, ce qui offre une approche personnalisée du sevrage. 

Le risque de surconsommation est toutefois à prendre en compte, tout comme le fait qu’elles n’offrent aucune aide au niveau comportemental. Pour optimiser leur efficacité, il est recommandé d’intégrer les billes de nicotine dans une démarche globale de sevrage tabagique qui inclut également un soutien psychologique et comportemental afin de traiter ce côté de la dépendance qu’elles n’adressent pas. 

Cet article ne constitue pas un avis médical. En cas de doute, rapprochez-vous d’un professionnel de santé.

Les autres méthodes pour arrêter de fumer

Méthode Notre avis
L’arrêt sans aide

Non recommandé

Moins de 5 % des fumeurs parviennent à arrêter de fumer avec cette méthode. Des symptômes de sevrage difficilement supportables.
La cigarette électronique

Recommandé

Permet de gérer la dépendance physique à la nicotine tout comme les mécanismes psychiques de l’addiction. La méthode reconnue par la science comme étant la plus efficace pour arrêter de fumer. Nécessite d’être régulièrement utilisée pour maintenir un taux de nicotine stable dans le sang. Permet de remplacer le tabagisme.
Les patchs de nicotine

Recommandé

En complément d’une thérapie comportementale. Possibilité de les coupler avec une cigarette électronique ou un substitut nicotinique à absorption rapide. Libération stable et continue de la nicotine sur une longue période. Peut permettre d’arrêter de fumer.
Les gommes à mâcher

Recommandé

En complément d’une thérapie comportementale. Libération de nicotine relativement lente qui ne permet pas de répondre aux envies soudaines de fumer. Peut aider dans le cadre du sevrage tabagique.
Les pastilles, ou comprimés à sucer

Recommandé

En complément d’une thérapie comportementale. Libération de nicotine assez lente qui ne répond pas aux besoins immédiats de fumer. Peut représenter une aide pour arrêter de fumer.
Les inhalateurs

Recommandé

Peut permettre d’aider à arrêter de fumer. Permet d’adresser la dépendance physique à la nicotine et de gérer une partie des mécanismes comportementaux du tabagisme. Libération assez lente de la nicotine, peut donc ne pas satisfaire certains fumeurs.
Les sprays

Recommandé

En complément d’une thérapie comportementale. Les seuls substituts nicotiniques qui offrent une absorption rapide de la nicotine, en moins de dix minutes. Peut également être utile en cas d’envie soudaine de fumer. Une aide précieuse pour se sevrer du tabagisme.
La varénicline (Chantix®/Champix®)

Recommandé

En complément d’une thérapie comportementale. Peut permettre d’arrêter de fumer.
Le bupropion (Zyban®/Wellbutrin®)

Recommandé

En complément d’une thérapie comportementale. Peut permettre d’arrêter de fumer.
La cytisine (Tabex®/Desmoxan®)

Recommandé

En complément d’une thérapie comportementale. Peut permettre d’arrêter de fumer. Médicament toutefois interdit en Europe de l’Ouest.
La thérapie cognitive et comportementale

Recommandé

En complément d’un substitut nicotinique ou d’un traitement pharmacologique. Peut permettre d’arrêter de fumer.
La méthode Allen Carr

Prudence

Méthode potentiellement coûteuse dont les résultats ne sont pas garantis, mais qui est efficace pour certains fumeurs. Peut permettre d’arrêter de fumer.
Le snus

Prudence

Contient du tabac. Certaines études lient sa consommation à des problèmes de santé. Sa nocivité reste toutefois bien inférieure à celle du tabagisme. Absorption relativement lente de la nicotine qu’il contient. Peut permettre de remplacer le tabagisme.
Les sachets de nicotine

Recommandé

Peuvent représenter une alternative aux cigarettes combustibles. L’absence de tabac dans leur composition les rend plus intéressants que le snus. Absorption relativement lente de la nicotine.
Les perles de nicotine

Recommandé

Discrètes à utiliser. Un mode d’administration sublingual éprouvé avec d’autres substituts nicotiniques. À compléter avec une thérapie comportementale et un substitut nicotinique à absorption rapide en cas de besoin. Peut permettre d’aider à arrêter de fumer.
Le tabac chauffé

Prudence

Pas commercialisé pour arrêter de fumer mais peut remplacer le tabagisme. Des risques pour la santé supérieurs à ceux de la cigarette électronique.
L’hypnose

Prudence

Efficacité pour arrêter de fumer qui dépend de la réceptivité du patient. À combiner quoi qu’il en soit avec un substitut nicotinique ou un traitement pharmacologique.
L’acupuncture

Prudence

Efficacité dépendante de la réceptivité de chaque individu. Aucune preuve scientifique qu’elle aide à maintenir un sevrage à long terme.
Le laser

Non recommandé

Méthode coûteuse dont l’efficacité pour arrêter de fumer est contestée par toutes les études scientifiques sérieuses.
Le magnétisme

Prudence

Efficacité dépendante de la réceptivité de chaque individu. Absence de données scientifiques fiables sur son aide potentielle pour arrêter de fumer.

Sources et références

1 Hughes, J., Hatsukami, D., Pickens, R., Krahn, D., Malin, S., & Luknic, A. (1984). Effect of nicotine on the tobacco withdrawal syndrome. Psychopharmacology, 83, 82-87. https://doi.org/10.1007/BF00427428

2 Molander, L., Lunell, E., & Fagerström, K. (2000). Reduction of tobacco withdrawal symptoms with a sublingual nicotine tablet: A placebo controlled study. Nicotine & Tobacco Research: Official Journal of the Society for Research on Nicotine and Tobacco, 2(2), 187-191. https://doi.org/10.1080/713688123

3 West, R., & Shiffman, S. (2001). Effect of oral nicotine dosing forms on cigarette withdrawal symptoms and craving: A systematic review. Psychopharmacology, 155, 115-122. https://doi.org/10.1007/s002130100712

4 Harris, D., & Robinson, J. (1992). Drug delivery via the mucous membranes of the oral cavity. Journal of Pharmaceutical Sciences, 81(1), 1-10. https://doi.org/10.1002/JPS.2600810102

5 Molander, L., & Lunell, E. (2001). Pharmacokinetic investigation of a nicotine sublingual tablet. European Journal of Clinical Pharmacology, 56(11), 813-819. https://doi.org/10.1007/s002280000223

6 Squier, C. A. (1986). Penetration of nicotine and nitrosonornicotine across porcine oral mucosa. Journal of Applied Toxicology, 6(2), 123-126. https://doi.org/10.1002/JAT.2550060211

7 Shiffman, S., Dresler, C., & Rohay, J. (2004). Successful treatment with a nicotine lozenge of smokers with prior failure in pharmacological therapy. Addiction, 99(1), 83-92. https://doi.org/10.1111/j.1360-0443.2004.00576.x

8 Shiffman, S. (2007). Use of more nicotine lozenges leads to better success in quitting smoking. Addiction, 102(5), 809-814. https://doi.org/10.1111/j.1360-0443.2007.01791.x

9 Raupach, T., Brown, J., Herbeć, A., Brose, L., & West, R. (2014). A systematic review of studies assessing the association between adherence to smoking cessation medication and treatment success. Addiction, 109(1), 35-43. https://doi.org/10.1111/add.12319

10 Stead, L. F., Koilpillai, P., Fanshawe, T. R., & Lancaster, T. (2016). Combined pharmacotherapy and behavioural interventions for smoking cessation. The Cochrane Database of Systematic Reviews, 3, CD008286. https://doi.org/10.1002/14651858.CD008286.pub3

11 Heishman, S. (1999). Behavioral and cognitive effects of smoking: Relationship to nicotine addiction. Nicotine & Tobacco Research, 1(Suppl 2), S143-147. https://doi.org/10.1080/14622299050011971

12 Pollak, K., Oncken, C., Lipkus, I., Lyna, P., Swamy, G., Pletsch, P., Peterson, B., Heine, R., Brouwer, R., Fish, L., & Myers, E. (2007). Nicotine replacement and behavioral therapy for smoking cessation in pregnancy. American Journal of Preventive Medicine, 33(4), 297-305. https://doi.org/10.1016/j.amepre.2007.05.006

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