La Commission européenne s’apprête à lancer l’évaluation de sa politique antitabac, première étape vers une révision majeure de la réglementation européenne. Mais le commissaire chargé du dossier, le Hongrois Oliver Várhelyi, multiplie les déclarations scientifiquement erronées sur le vapotage et la nicotine. Pire encore, il est désormais visé par des accusations d’espionnage.
Le commissaire chargé de la révision de la TPD empêtré dans les scandales

Crédit photo : profil X d’Oliver Várhelyi – @OliverVarhelyi
Selon des sources proches du dossier, la Commission européenne serait en train de préparer un rapport d’évaluation sur sa politique de lutte contre le tabac. Ce rapport, qui marquerait le début du processus de révision de la réglementation européenne, pourrait déboucher sur une consultation publique avant la fin de 2026, suivie d’une proposition de modification de la Tobacco Products Directive (TPD) au premier semestre 2027.
Toujours selon les informations rapportées, le rapport serait piloté par le Hongrois Oliver Várhelyi, commissaire européen chargé de la santé et du bien-être animal. Problème, en poste depuis seulement quelques mois, l’homme a déjà fait de nombreux faux pas.
Une série d’erreurs factuelles inquiétantes
En mai dernier, à l’occasion d’une réunion entre la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen, Oliver Várhelyi avait déclaré que « l’une des préoccupations les plus courantes au sujet des cigarettes électroniques est qu’elles pourraient provoquer la maladie des poumons pop-corn (pop-corn lung). Cela est dû au fait que certains arômes utilisés dans les e-liquides pour fournir un goût de beurre contiennent du diacétyle, qui, à des niveaux d’exposition très élevés, a été associé à une maladie pulmonaire grave, la bronchiolite oblitérante ».
Comme le rappelle le centre de recherche britannique, Cancer Research UK, aucun cas de bronchiolite oblitérante n’a été attribué au vapotage, et le diacétyle est interdit dans les e-liquides depuis 2016.
Des tweets controversés sur la nicotine et le cancer
Il y a à peine deux semaines, Oliver Várhelyi a de nouveau commis une erreur factuelle en publiant sur X (ex-Twitter), un post dans lequel il affirmait que « la nicotine est addictive, cause des dommages au cœur et provoque le cancer. » Un tweet qu’il a rapidement supprimé avant de le remplacer par un nouveau, au ton plus modéré, mais tout aussi erroné : « La nicotine crée une dépendance, nuit au cœur et contribue au développement du cancer. »
Nicotine is addictive, damages the heart and contributes to cancer development. After the Tobacco Taxation Directive, we’ll move forward with ambitious revisions of the Tobacco Products & Tobacco Advertising Directives to curb the nicotine epidemic and protect young generations.
— Oliver Varhelyi (@OliverVarhelyi) September 30, 2025
Rappelons que, si la nicotine est effectivement addictive et responsable d’une augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle, le consensus scientifique établit que ce sont les produits de combustion du tabac, et non la nicotine elle-même, qui sont les principaux responsables des cancers liés au tabagisme.
Pour en savoir plus sur les effets pour la santé de la nicotine, vous vous recommandons la lecture de notre guide à ce sujet.
Quelques semaines plus tôt, il déclarait également que « pour la première fois, nous reconnaissons que les nouveaux produits du tabac et les produits à base de nicotine présentent des risques pour la santé comparables à ceux des produits traditionnels. »
3/4 #MFF
For the first time ever, we acknowledge that new #tobacco and nicotine products pose health risks comparable to traditional ones. With new market developments and the need to protect future generations, rates should be further assessed.— Oliver Varhelyi (@OliverVarhelyi) July 16, 2025
Autrement dit, la cigarette électronique ou le tabac chauffé seraient aussi nocifs que le tabagisme. Là encore, une affirmation qui va à l’encontre de toutes les données scientifiques sérieuses.
Autant de déclarations qui soulèvent des questions sur l’objectivité avec laquelle sera conduite l’évaluation de l’efficacité de la TPD, dirigée par Oliver Várhelyi.
Un passé d’espionnage qui le rattrape
À moins que le Hongrois ne soit forcé d’abandonner son poste de commissaire suite aux récentes accusations d’espionnage qui pèsent sur lui.
La semaine dernière, Direkt36, un collectif de journalistes hongrois, en collaboration avec le média belge De Tijd et l’agence d’investigation allemande Paper Trail Media (fondée par deux journalistes lauréats du prix Pulitzer pour les Panama Papers, N.D.L.R.), a publié une enquête révélant que les services de renseignements hongrois auraient espionné la Commission européenne entre 2012 et 2018, grâce à des agents secrets sous couverture diplomatique à la Représentation permanente de la Hongrie à Bruxelles.
Selon les témoignages rapportés, ces agents auraient tenté de recruter des fonctionnaires européens hongrois en leur offrant de l’argent, des opportunités d’avancement de carrière ou en faisant appel à leur devoir patriotique, dans le but de s’assurer que Viktor Orbán, Premier ministre de Hongrie, reçoive des informations anticipées sur toute action de Bruxelles qui pourrait menacer ses intérêts.
Et qui était à la tête de la Représentation permanente de la Hongrie pendant quatre des six années durant lesquelles aurait duré cet espionnage ? Oliver Várhelyi.
L’homme s’est défendu de ces accusations en indiquant simplement qu’il n’était « pas au courant ». La Commission européenne, de son côté, a indiqué qu’elle allait mettre en place un groupe interne pour examiner ces allégations d’espionnage. De quoi fragiliser la crédibilité de celui qui doit bientôt juger de l’efficacité des politiques européennes de santé publique.
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