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Les bénéfices de la consommation de nicotine : mythe ou réalité ?

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La nicotine divise. Longtemps diabolisée à cause de son association avec le tabagisme, cette substance naturelle fait l’objet d’un débat scientifique nuancé. Si elle est effectivement responsable de l’addiction au tabac, des recherches indépendantes suggèrent qu’elle pourrait aussi présenter certains bénéfices cognitifs dans certaines conditions. Entre idées reçues et données scientifiques, que savons-nous vraiment de la nicotine ? Exploration d’un alcaloïde complexe au cœur de controverses médicales.

Qu’est-ce que la nicotine et comment agit-elle sur l’organisme ?

Si la nicotine est reconnue comme étant la principale substance causant l’addiction au tabagisme, cet alcaloïde présente-t-il d’autres caractéristiques ? Il n’est pas rare de lire ici et là que la consommation de nicotine aurait divers effets bénéfiques, comme la stimulation des fonctions d’apprentissage ou de concentration, l’augmentation de la mémoire, etc. Mais qu’en est-il vraiment ? Que dit la science au sujet de la nicotine ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir aujourd’hui.

La nicotine est un composé organique présent naturellement dans les feuilles de tabac. Appartenant à la famille des alcaloïdes majeurs, c’est-à-dire des substances principalement d’origine végétale qui possèdent des propriétés physiologiques importantes, elle est particulièrement présente dans les feuilles de tabac, chez qui elle peut représenter jusqu’à 5 % du poids. Pour la plante, sa fonction principale est la protection contre les insectes. On retrouve d’ailleurs de petites quantités de nicotine dans d’autres plantes appartenant à la famille des solanacées, comme la pomme de terre, les tomates, ou encore l’aubergine.

Lorsqu’elle est absorbée, la nicotine se fixe aux récepteurs nicotiniques du cerveau en seulement quelques secondes. S’ensuit une activation du circuit de la récompense et la libération de dopamine, souvent surnommée « molécule du plaisir ». C’est ce dérèglement du circuit neuronal qui offre à la nicotine son potentiel hautement addictif.

La consommation de nicotine, aux doses administrées lors du vapotage ou du tabagisme par exemple, ne représente pas de dangers majeurs pour la santé. Outre l’activation du circuit de la récompense, ses principaux effets sur le corps sont d’augmenter la fréquence cardiaque et la pression artérielle.

Tout savoir sur la nicotine

Souvent, la nicotine est perçue comme un composé dangereux pour la santé. Cette erreur vient du fait qu’elle est toujours associée au tabagisme, qui tue plus de 7 millions de personnes chaque année dans le monde. Mais la nicotine n’est pas responsable des maladies causées par le tabagisme. Les cancers et autres pathologies inhérentes aux cigarettes proviennent des milliers de substances nocives présentes dans la fumée, qui sont le fruit de la combustion des feuilles de tabac. Comme l’a déclaré en 1976, Michael Russell, célèbre psychiatre et chercheur britannique spécialisé dans la dépendance au tabac : “People smoke for nicotine but they die from the tar.” Ou, « Les gens fument pour la nicotine, mais ils meurent du goudron. » En bref : la nicotine est ce qui pousse les fumeurs à fumer, mais ce n’est pas elle qui les tue.

Mais au-delà de son rôle central dans l’addiction, la nicotine intrigue aussi pour ses effets possibles dans d’autres pathologies. Ses propriétés addictives bien documentées n’empêchent pas la communauté scientifique d’en explorer d’autres facettes.

Plusieurs études indépendantes ont ainsi ainsi mis en évidence des effets potentiellement bénéfiques à sa consommation, dans certains contextes médicaux.

Que disent les études scientifiques indépendantes qui démontrent des effets bénéfiques à la consommation de nicotine ?

Depuis plusieurs décennies, la nicotine a été largement étudiée par la science. Au cours de ces nombreuses recherches, elle a été reconnue comme étant la principale substance addictive dans le cadre du tabagisme. Mais, ces travaux ont également été l’occasion de découvrir que la nicotine pourrait avoir d’autres effets sur le corps.

En 1994, l’étude Transdermal Nicotine for Active Ulcerative Colitis1 a testé l’application de patchs de nicotine sur 72 patients avec colite ulcéreuse active. Il s’agit d’une maladie inflammatoire du côlon. Lors de cette recherche, les participants ont été séparés en deux groupes : en plus de leur thérapie habituelle, le premier a reçu des patchs de nicotine, et l’autre, un placebo.

17 des 35 patients (48,6 %) ayant reçu des patchs de nicotine ont eu une rémission symptomatique complète, contre 9 des 37 patients (24,3 %) dans le groupe placebo.

L’ajout de nicotine transdermique au traitement d’entretien conventionnel améliore les symptômes chez les patients atteints de colite ulcéreuse.Extrait des conclusions de l'étude Transdermal Nicotine for Active Ulcerative Colitis

En 1996, le travail Nicotine effects on adults with attention-deficit/hyperactivity disorder2, a testé 17 adultes diagnostiqués avec un Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH). Le groupe ayant reçu des patchs de nicotine a montré une amélioration globale significative de la vigueur, une réduction du temps de réaction sur des tests d’attention, mais également une amélioration de la précision d’estimation temporelle.

Cette étude montre qu’en plus de réduire les troubles de l’attention, la nicotine administrée via des patchs transdermiques peut améliorer l’attention chez les adultes normaux non-fumeurs.Extrait des conclusions de l'étude Transdermal nicotine effects on attention

La même année, la recherche complémentaire Nicotine and attention in adult attention deficit hyperactivity disorder (ADHD)3 a testé 7 adultes diagnostiqués avec le même trouble. Après administration de nicotine, les résultats ont démontré une augmentation de la vigueur et de la concentration auto-rapportées, ainsi que des performances améliorées sur les mesures chronométriques d’attention et de précision temporelle.

Ces résultats aigus indiquent la nécessité d’un essai clinique plus long et d’une comparaison avec d’autres stimulants dans le traitement du TDAH chez l’adulte.Extrait des conclusions de l'étude Nicotine and attention in adult attention deficit hyperactivity disorder (ADHD)

En 2001, les travaux Smoking History and Nicotine Effects on Cognitive Performance4 se sont penchés sur les effets de l’administration de nicotine par le biais de gommes à mâcher. S’intéressant à l’attention visuelle, le traitement de l’information verbale ou encore la mémoire, la nicotine a démontré un bénéfice sur le temps de réaction dans la tâche de recherche visuelle.

Les résultats indiquent que la nicotine peut influencer la concentration de l’attention chez les fumeurs comme chez les non-fumeurs, et que les différences de traits dans certains domaines cognitifs, tels que la mémoire de travail, peuvent être soit des effets à long terme, soit des facteurs étiologiques liés au tabagisme.Extrait des conclusions de l'étude Smoking History and Nicotine Effects on Cognitive Performance

En 2012, les auteurs de Nicotine treatment of mild cognitive impairment: a 6-month double-blind pilot clinical trial5 ont cette fois testé les effets des patchs de nicotine sur 74 participants âgés en moyenne de 76 ans, ayant des troubles cognitifs légers.

Le groupe ayant reçu les patchs de nicotine a récupéré 46 % des performances normales pour l’âge en mémoire à long terme, tandis que celles du groupe ayant reçu le placebo se sont dégradées de 26 %.

Nous concluons que cette étude initiale fournit des preuves d’une amélioration cognitive induite par la nicotine chez les sujets atteints de TCL ; Cependant, la question de savoir si ces effets sont cliniquement importants nécessitera des études plus importantes.Extrait des conclusions de l'étude Nicotine treatment of mild cognitive impairment: a 6-month double-blind pilot clinical trial

Bien sûr, de nombreuses autres études se sont intéressées aux bénéfices potentiels de la consommation de la nicotine. Les recherches précédemment citées font simplement partie des plus rigoureuses (financements indépendants, méthodologies rigoureuses, résultats relus par des pairs, protocoles et résultats publiés, etc.). Mais leurs conclusions signifient-elles pour autant que la consommation de nicotine peut assurément être bénéfique ? Non.

Malgré leur rigueur, ces études ont toutes été réalisées avec un très faible nombre de participants, auprès de populations spécifiques, et sur des durées inférieures à six mois. Les résultats de ces travaux doivent donc être considérés comme préliminaires, parfois controversés, et nécessitant davantage de recherche.

Une molécule à double visage, encore mal comprise

Preuve supplémentaire de la nécessité de poursuivre les recherches au sujet des effets de la nicotine, il y a deux jours, une équipe de scientifiques japonais a tenté d’expliquer pourquoi le tabagisme aggraverait la maladie de Crohn, mais aurait un effet protecteur contre l’ulcère colite. Cette recherche6 fait directement écho à celle de 1994 dont nous avons parlé dans cet article, et dont les conclusions indiquaient que la nicotine pourrait avoir un effet protecteur contre la colite ulcéreuse.

Nous avons démontré que le tabagisme affecte le système immunitaire intestinal en modulant le microbiote muqueux. Nos résultats donnent un aperçu de la façon dont le tabagisme peut avoir des effets bénéfiques ou néfastes sur la colite ulcéreuse ou la colite, respectivement, et peuvent faire la lumière sur les raisons pour lesquelles les personnes atteintes de colite ulcéreuse qui arrêtent de fumer connaissent une exacerbation de la maladie.Extrait des conclusions de l'étude Smoking affects gut immune system of patients with inflammatory bowel diseases by modulating metabolomic profiles and mucosal microbiota

Contrairement à la première étude, les scientifiques japonais ne se sont pas intéressés à la nicotine en particulier, mais au tabagisme dans son ensemble. Au cours de leurs travaux, ils ont constaté que les niveaux de plusieurs métabolites intestinaux étaient plus élevés chez les patients fumeurs que chez les anciens fumeurs. Parmi ces métabolites se trouvait l’hydroquinone, qui favorise la croissance d’une bactérie buccale : Streptococcus.

Selon eux, c’est la présence accrue de cette bactérie dans la muqueuse intestinale qui réduirait l’inflammation et donc les risques de colite ulcéreuse. Autrement dit, la nicotine n’expliquerait pas complètement l’effet « protecteur » de l’exposition au tabac contre cette pathologie. Là où l’essai de 1994 laissait penser que la nicotine pouvait, à elle seule, expliquer l’amélioration des symptômes, les travaux japonais suggèrent au contraire que d’autres mécanismes, liés au microbiote et aux métabolites, pourraient être plus déterminants.

La nicotine mérite donc d’être étudiée comme une molécule pharmacologique à part entière, bien distincte du tabac fumé qui en a terni l’image.

Sources et références

1 Pullan, R. D., Rhodes, J., Ganesh, S., Mani, V., Morris, J. S., Williams, G. T., … & Thomas, G. A. (1994). Transdermal nicotine for active ulcerative colitis. New England Journal of Medicine, 330(12), 811-815. https://doi.org/10.1056/NEJM199403243301202.

2 Levin, E. D., Conners, C. K., Sparrow, E., Hinton, S. C., Erhardt, D., Meck, W. H., … & March, J. (1996). Nicotine effects on adults with attention-deficit/hyperactivity disorder. Psychopharmacology, 123(1), 55-63. https://doi.org/10.1007/s002130050750.

3 Conners, C. K., Levin, E. D., Sparrow, E., Hinton, S. C., Erhardt, D., Meck, W. H., … & March, J. (1996). Nicotine and attention in adult attention deficit hyperactivity disorder (ADHD). Psychopharmacology Bulletin, 32(1), 67-73. (DOI non disponible).

4 Ernst, M., Heishman, S. J., Spurgeon, L., & London, E. D. (2001). Smoking history and nicotine effects on cognitive performance. Neuropsychopharmacology, 25(3), 313-319. https://doi.org/10.1016/S0893-133X(01)00257-3.

5 Newhouse, P., Kellar, K., Aisen, P., White, H., Wesnes, K., Coderre, E., … & Levin, E. D. (2012). Nicotine treatment of mild cognitive impairment: a 6-month double-blind pilot clinical trial. Neurology, 78(2), 91-101. https://doi.org/10.1212/WNL.0b013e31823efcbb.

6 Miyauchi, E., Taida, T., Uchiyama, K., Nakanishi, Y., Kato, T., Koido, S., Sasaki, N., Ohkusa, T., Sato, N., & Ohno, H. (2025). Smoking affects gut immune system of patients with inflammatory bowel diseases by modulating metabolomic profiles and mucosal microbiota. Gut, gutjnl-2025-334922. https://doi.org/10.1136/gutjnl-2025-334922.

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