Un comité technique du ministère de la Santé malaisien chargé d’étudier les effets de la cigarette électronique et de la chicha sur la santé, vient de rendre son verdict : le vaporisateur personnel devrait être réglementé comme un produit pharmaceutique.
L’interdiction pure et simple a été envisagée
Et la recommandation aurait pu être bien plus lourde. En effet, initialement, ce comité présidé par le docteur Abdul Razak, ancien directeur de l’Institut de médecine respiratoire de Kuala Lumpur préconisait l’interdiction pure et simple, mais cela aurait posé « beaucoup de problèmes », comme l’indique le docteur Abdul Razak dans un article du site malaisien Thestar.com, sans vouloir s’étendre sur la question. Le comité a donc opté pour une réglementation stricte. Rappelons que l’année dernière, le ministre du Développement régional et rural, Seri Ismail Sabri Yaakob, avait déclaré qu’une interdiction des e-liquides nicotinés tuerait l’industrie de la vape malaisienne.
Rejetant les arguments des associations pro-vape, pour qui réglementer l’e-cigarette comme un produit pharmaceutique augmenterait les coûts et les rendrait inaccessibles aux fumeurs qui veulent cesser de fumer, le docteur Abdul Razak fait le parallèle avec l’achat de médicaments. « Est-il difficile d’acheter des médicaments en Malaisie ? Il y a beaucoup de pharmacies dans tout le pays », évacue-t-il.
Une réglementation inspirée de la TPD européenne
« Nous recommandons la réglementation comme un produit pharmaceutique plutôt que comme un produit de consommation courante, parce que nous ne voulons pas avoir des gens qui vendent des cigarettes électroniques comme des produits cosmétiques, explique le docteur Razak, avant d’ajouter, une fois que vous les classer comme produits de consommation, vous perdez tout contrôle sur eux ».
Le docteur Razak ajoute que le modèle malaisien sera similaire à la Directive sur les produits du tabac de l’UE (TPD), mais qu’elle prendra aussi en compte ce qui se passe à l’échelle mondiale.
L’âge minimum légal pour la vente de produits de la vape est également en discussion. Idéalement, le docteur Abdul Razak souhaiterait une norme réglementaire mondial. Sachant, que ce n’est pas réaliste à l’heure actuelle, il est pour l’interdiction à moins de 21 ans, mais ne s’oppose pas à une interdiction aux moins de 18 ans.
L’étude de Farsalinos, à priori, mise en doute
On l’aura compris, le président de ce comité technique du ministère de la Santé malaisien n’est pas vraiment un activiste pro-vape. Il remet d’ailleurs en cause l’étude du professeur Konstantinos Farsalinos pratiquée sur 7124 malaisiens, qui conclue, entre autres, qu’une très grande proportion de vapoteurs malaisiens qui utilise la cigarette électronique est constituée d’anciens fumeurs et qu’elle a cessé de fumer ou réduit son tabagisme.
« L’étude a-t-elle été effectuée d’une manière appropriée, éthique ? interroge le docteur. Laissez-moi vérifier ça d’abord. Nous savons que le vaporisateur personnel mène à la dépendance nicotinique. Nous ne voulons pas qu’il soit une passerelle vers le tabac. L’objectif est de dénormaliser le tabagisme d’ici à 2045. Inciter les gens à vapoter serait contre-productif. Pour moi, le vapotage zéro est autant un objectif que le tabagisme zéro ».
Pas d’affolement côté français
Du côté des professionnels français de la vape en relation constante avec la Malaisie, l’inquiétude n’est pas à l’ordre du jour. « À chaque fois que ça bouge en Malaisie, ça fait l’effet d’une bombe, relativise Benjamin Lozach, distributeur exclusif des e-liquides malaisiens Fcukin’ Flava en France et dans plusieurs pays d’Europe, mais concrètement, il ne se passe pas grand-chose. Le gouvernement a fait le ménage en fermant les boutiques qui ne respectaient pas les règles en début d’année et, aujourd’hui, il va réglementer le marché. Mais il y a trop d’emplois en jeu là-bas pour que la vape devienne un produit pharmaceutique. D’ailleurs, il s’y passe aussi des choses positives. Une conférence sur la vape a été retransmise sur une chaîne de télé locale avec de gros acteurs de la vape, qui mettaient en avant le fait que la Malaisie est un gros acteur de la vape mondiale. »
En mai 2016, le ministre de la Santé, le docteur Subramaniam a annoncé que les lois visant à réglementer l’industrie de la vape seraient prêtes avant la fin de l’année.
Et avec
tout ça il ne faut surtout pas classer la cigarette dans les produits dangereux
ou encore comme médicament, pourquoi médicament ? Parce que je considère ma dépendance
à la nicotine comme une maladie et nous le savons tous les médicaments ont des
effets secondaires, celle de la cigarette c’est la mort l’effet secondaire.
Il ne faut surtout
pas rendre l’accès à la cigarette difficile