Reynolds-American souhaite que la FDA ménage la concurrence, peut-être parce que le fabricant américain de cigarettes a le plus à perdre. Dans un rapport de 119 pages soumis à l’agence des produits alimentaires et des médicaments, Reynolds affirme que le gouvernement américain devrait interdire l’utilisation des vaporisateurs personnels au profit des cigalikes.
La cigalike c’est mieux
Reynolds est en passe d’acquérir le leader des fabricants d’e-cigarettes, Lorillard. La compagnie devrait céder la marque blu eCigs dans le cadre d’un accord de fusion et se concentrer sur sa propre cigarette électronique, Vuse. Mais la concurrence fait rage, et pas seulement du côté d’Altria. De nouveaux acteurs ont fait leur apparition, comme Logic Technology Development, qui s’est récemment retrouvé numéro un en termes d’unités vendues dans les magasins de proximité aux Etats-Unis avec 24,3% de parts de marché, contribuant à étendre le marché pour désormais inclure les vaporisateurs personnels (VP).
Ces vaporisateurs diffèrent des e-cigarettes (ou cigalikes) sur plusieurs points importants. Alors que les e-cigarettes sont constituées d’une batterie qui chauffe une solution de nicotine liquide contenue dans une cartouche et qui produit une vapeur qui est ensuite inhalée, les VP contiennent très souvent une capsule liquide qui est insérée dans la cartouche.
Une vaste sélection d’arômes est généralement disponible, ce dont les fabricants d’e-cigarettes rechignent à offrir depuis qu’ils ont été harcelés pour avoir attiré prétendument les adolescents avec leurs liquides aromatisés. La FDA a récemment interdit les cigarettes aromatisées et songent même à limiter voire à interdire les cigarettes menthol. L’industrie du tabac évite donc d’offrir des e-cigarettes aromatisées, de peur d’attirer à nouveau l’attention de l’agence de réglementation.
10 milliards de dollars d’ici à 2021
Bien que les données publiées par Nielsen fassent état d’une chute des ventes de 17% dans les magasins de proximité pour la période se terminant en juin, les analystes de Wells Fargo maintiennent leurs prévisions selon lesquelles les ventes pourraient atteindre 10 milliards de dollars d’ici à 2021 et même dépasser celles des cigarettes traditionnelles. Ils estiment que les ventes ne sont plus limitées aux magasins de proximité mais ont désormais atteint les boutiques spécialisées et autres boutiques non traditionnelles.
C’est ce démarquage par rapport aux e-cigarettes et en faveur des vaporisateurs qui préoccupe Reynolds. La société a investi beaucoup d’argent dans le développement de Vuse, ne la lançant sur le marché américain qu’au mois de juin dernier, au moment même où Altria sortait sa e-cigarette MarkTen. Même Lorillard a vu ses revenus de ventes d’e-cigarettes baisser de 14% au premier trimestre de l’année, à $49 millions, et de 23% au trimestre suivant, mettant en cause les faibles volumes et l’introduction des kits rechargeables moins chers.
Aussi bien Lorillard qu’Altria ont soumis leurs commentaires à la FDA sur le sujet des vaporisateurs, mais d’après le Winston-Salem Journal, leur position est loin d’être aussi virulente ou critique que celle de Reynolds. Ce dernier a critiqué la fabrication des liquides, affirmant qu’ils provenaient de l’étranger, qu’ils étaient contenus dans des emballages dangereux pour les enfants et qu’ils étaient disponibles au goût fruit et bonbon, ce qui pourrait attirer les plus jeunes.
Un cadre réglementaire pour que tous les fabricants soient égaux
D’un côté, il est certainement hypocrite de la part de Reynolds-American de vouloir interdire les vaporisateurs personnels car le géant américain vend de la nicotine liquide aromatisée, sachant à quel point ils se sont opposés à ce que la FDA interdise les cigarettes aromatisées. D’un autre côté cependant, Reynolds affirme que si l’agence de réglementation a l’intention d’autoriser ces marques à accéder au marché, elle doit alors « définir un cadre réglementaire devant lequel tous les fabricants de produits non-combustibles seraient égaux ».
Reynolds-American a déboursé beaucoup d’argent en recherches et développements pour sa cigarette électronique, avec un coût en hausse de 16% en 2013 après une baisse de 10% l’année précédente. D’autre part, la société a déboursé 27 milliards de dollars pour acquérir Lorillard et sa marque de cigarettes menthol, Newport, qui détient 37% de parts de marché de la cigarette menthol. Pour finir, le géant américain est confronté à une baisse systémique et séculaire de ses ventes de cigarettes traditionnelles. Son opposition pourrait simplement être une question d’argent plutôt que d’intérêt public.
Source : Fool.com