C’est ce qu’il manque parfois à certains vendeurs dans certaines boutiques, et c’est loin de se limiter à la vape : se souvenir qu’on a des humains en face.
Pas de nicotine, pas de crime
— Et donc, là, on découvre qu’en fait, il a découpé son cadavre et l’a mangé.
— Pas mal. Et celui que je vous ai conseillé ? Celui sur le fantôme de la prostituée assassinée dont la tête est juste un crâne ?
C’est sans doute à ce moment-là que nous nous rendons compte du silence dans la boutique. La cliente avec mon collègue nous regarde bizarrement, tout comme le couple qui attend son tour.
À force de côtoyer les clients, on finit par échanger plus que des banalités, les connaître mieux, et se découvrir des affinités. Comme cette dame avec qui nous partageons un amour immodéré pour la lecture de thrillers. C’est étonnant, d’ailleurs, pour une personne naturellement aussi gentille qu’elle, de connaître autant de moyens d’occire son prochain. Et savoir quoi faire du corps.
Ou cet autre, un métalleux, avec qui les conversations peuvent devenir vives, comme la fois où je lui ai soutenu que Summoning était le seul groupe qui avait une carrière parfaite alors que, selon lui, leur dernier album était une scorie abominable. Il se trompe évidemment. Ou ceux dont on suit, par procuration, les aventures de l’aînée, brillante étudiante partie dans une prestigieuse université parisienne après un passage dantesque en khâgne.
Le bon vendeur, il voit un truc, il le vend
C’est ce qu’il manque parfois à certains vendeurs dans certaines boutiques, et c’est loin de se limiter à la vape : se souvenir qu’on a des humains en face. Ça rend le travail plus plaisant et gratifiant, de savoir qu’on a prolongé la vie de telle personne. Et contribué, dans certains cas, à sauver la filière livre.
C’est aussi ce qui permet, dès le début, d’établir un lien de confiance. De pouvoir se permettre de dire à un client : « On va relever votre taux de nicotine, parce que depuis que vous avez baissé, en dépit de mes conseils, vous sentez à nouveau la clope. »
Il ne devrait pas exister de vendeurs de vape, uniquement des conseillers. La différence ? Le vendeur, vous lui achetez un truc. Le conseiller, vous lui faites confiance. Parler de soi en est une preuve.
C’est ce qu’on appelle le commerce de proximité.
Les aventures précédentes de notre vendeur en shop



















