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La vérité sur Maîtresse Sévère

Mis à jour le 1/02/2024 à 18h19
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Elle est le caméo le plus récurrent des articles du vendredi, un running gag à elle toute seule. Il est temps, en ce dernier article du vendredi avant la pause estivale, de vous dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité sur Maîtresse Sévère.

Appuie où ça fait mal

Elle est le Stan Lee de l’article du vendredi. C’est à dire qu’elle y apparaît régulièrement et brièvement, pas qu’elle pique toutes ses idées à des jeunes beaucoup plus talentueux. Et ces apparitions la font d’ailleurs beaucoup rire. Parce que, oui, Maîtresse Sévère a de l’humour.

Levons tout de suite une ambiguïté : non, nous n’avons absolument pas ce genre de rapports-là. C’est une amie, une de ces amitiés qui naissent au hasard d’une rencontre.

Lors d’une soirée, je lui ai demandé ce qu’elle faisait dans la vie, elle m’a répondu, un brin provocante « je suis dominatrice dans un donjon, et toi ? », ce à quoi j’ai répondu « oh, moi, globalement, je fais la même chose, mais dans la vape ».

Évidemment, ils nous arrive de parler de nos boutiques respectives. Au début, Maîtresse Sévère pensait que ma réponse sur la vape était une boutade. Mais maintenant que nous nous connaissons mieux, elle m’appelle collègue.

Un jour, elle me racontait : « Ce que j’aime par-dessus tout, c’est leur dire précisément ce qui va se passer, leur décrire par le menu ce que je vais leur infliger et avec quelle intensité, et même si ils le désirent, à ce moment là, dans leur regard, il y a une délicieuse terreur ».

Je lui répondit : « Moi, ce que j’aime, c’est leur décrire leur vie libérée de la clope. Leur dire qu’ils n’auront plus d’excuses pour ne pas faire de sport, ne pas prendre soin d’eux, prendre l’ascenseur plutôt que l’escalier, et que leurs amis leur demanderont à nouveau de les aider à déménager. Et je regarde l’espoir d’une existence brève et sombre de fumeur mourir dans leurs yeux ».

Maîtresse Sévère m’a trouvé cruel.

Son métier, m’explique-t-elle, est de dominer. Elle reçoit ses clients, qui pourtant la paient à prix d’or, et c’est elle qui donne des ordres.« Mets-toi à genoux devant ta Maîtresse ! Nettoie mes semelles avec ta langue » s’imite-t-elle elle-même. 

« Pas mal » je lui réponds.

« Pas mal ? Tu leur dis quoi, toi, à tes clients ? ». Parce que Maîtresse Sévère a une haute opinion de son travail et est un peu susceptible, il faut le savoir. 

« Moi je leur dis : et vous croyez sérieusement qu’en fumant un paquet par jour, je vais vous laisser partir avec du 3 milligrammes ? En dessous de 16, je ne discute même pas avec vous ». 

Maîtresse Sévère m’a trouvé sadique. 

Une autre fois, elle me montrait quelques accessoires qu’elle utilisait pour ses séances. « La plupart, je les essaie sur moi, par sécurité, pour savoir ce que ça fait » m’expliqua-t-elle, « mais celui-là » en désignant un étrange appareil « c’est trop pour moi ». Et elle me décrivit le fonctionnement d’un accessoire qui devait faire passer à son « passager » un sale quart d’heure. Enfin, de mon point de vue. Du sien, évidemment…

Elle ne s’attendait pas à ce que je lui réponde « j’ai pire ».

« Vraiment ? », et on la sentait offusquée. « Vraiment » ai-je répondu, et, joignant le geste à la parole, je la priais d’essayer.

« Mais c’est abominable » s’écria-t-elle, en se tordant de douleur, « jamais je n’ai connu telle souffrance, quelle horreur ! Et comment tu dis que ça s’appelle ? »

« Un dry hit. Et ça arrive par surprise, sans prévenir, n’importe où n’importe quand ». J’étais fier de mon petit effet.

Maîtresse Sévère m’a trouvé diabolique.

Je maintiens ce que j’ai dit : Maîtresse Sévère et moi faisons le même métier. Nous confrontons des gens à quelque chose qui leur fait peur, nous leur faisons éprouver du plaisir avec quelque chose qu’ils pensaient qui les ferait souffrir, et, au bout de tout cela, nous leur montrons une nouvelle manière de vivre leur vie.

C’est pour cela que je trouvais idéal de clôturer cette saison d’articles du vendredi par un claquement de son fouet. Rendez-vous en septembre, et bonnes vacances à ceux qui en prennent.

Clac !

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