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La sournoise déprime aux obsèques d’août

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Ça y est : vous vous sentez flapi, flagada, abattu, triste, tout vous semble gris et morne, et le ciel lui-même se plombe ? C’est la rentrée, tout simplement. Du moins, c’est ce qu’on voudrait vous faire croire, pour masquer une vérité plus sinistre…

Le vol noir des stratocumulus sur nos plaines

Il fallait bien que ce moment arrive, et les prémices en étaient visibles depuis plusieurs semaines. Vous l’aviez constaté, d’ailleurs : les cartables Eastpack et les cahiers Super Conquerant avaient repoussé loin au fond du supermarché les merguez et chipos. Au détour d’un rayon, vous aviez pu croiser le responsable des produits laitiers pensif, tablette à la main, en train de préparer sa commande de fromage à raclette.

On en est là : les supermarchés sont un indicateur plus fiable que la météorologie nationale pour le climat. Température prévisionnelle : derniers apéros barbecue de début septembre, température ressentie : Halloween is coming.

C’est tout naturellement que la déprime s’est pointée au coin de votre esprit comme la goutte se pointe à votre nez lorsqu’arrivent les pollens de printemps. Ce sont d’ailleurs les mêmes causes, allergie. Pollen en avril, fin des congés en septembre.

Du moins, c’est ce qu’on croyait jusqu’à aujourd’hui. Fort heureusement, on peut toujours compter sur la science pour remettre les pendules à l’heure. Non, la dépression saisonnière n’y est pour rien, c’est la vape, mon brave monsieur, ma bonne dame, avouez que vous ne l’aviez pas vue venir.

Australie, c’est le jeu ma pauvre Lucette

Vous connaissez l’Australie ? C’est un joli pays, paraît-il. Fascinant, aussi. L’Australie, c’est une ancienne colonie pénitentiaire anglaise. Quand les Français condamnaient un criminel, ceux qui échappaient à la coupe Louis XVI, bien dégagée sur la nuque, allaient au bagne de Cayenne. Les Anglais, jaloux, ne sachant trop quoi faire de ceux qui échappaient à la cravate de chanvre, furent ravis de découvrir l’Australie et d’y envoyer leurs délinquants multirécidivistes.

Quand vous croisez un Australien, vous pouvez avoir la quasi-certitude qu’un de ses aïeuls a plus de mentions à son casier judiciaire qu’il n’y a d’amendements à une proposition de loi sur la réforme des retraites. Sauf que, contrairement à la jungle guyanaise, où tout essaie de vous tuer, l’Australie, une fois qu’on s’y est habitué, c’est assez joli, disent les survivants.

Soyons honnêtes : en Australie aussi, tout essaie de vous tuer. Là-bas, vous embrassez votre épouse ou votre époux, vous faites vos adieux à vos enfants, accompagnés d’ultimes recommandations et de conseils de vie qu’ils s’empresseront d’oublier, vous vérifiez votre testament, et enfin, vous pouvez sortir de chez vous pour aller chercher le courrier au bout de l’allée. Vous avez vu Mad Max ? Ce n’est pas un film de science-fiction, en réalité, c’est un documentaire sur les facteurs australiens.

Mais l’Australie, c’est joli. Il y fait toujours beau, il y a des plages superbes, et comme le disent les habitants eux même, ils ne peuvent pas s’empêcher de regarder les Anglais venus y faire du tourisme avec un petit regard moqueur.

L’œuf de la cause et la poule de la conséquence

Le rapport entre l’Australie et la déprime ? Et bien figurez vous que ce pays continent est l’endroit où on a découvert que la déprime chez les adolescents était causée par la vape. En gros, des chercheurs australiens se sont penchés sur une population d’irresponsables blasés acnéiques, des adolescents, donc, et ont découvert que ceux qui vapotaient étaient plus déprimés que les autres.

Et leurs conclusions sont définitives : non, cette déprime et ce stress ne sont pas liés au fait qu’à tout moment, ils peuvent se faire fracasser par un kangourou, parce que les kangourous, c’est rigolo, mais en vrai pas sympa du tout, ou qu’ils peuvent se faire dévorer par une meute de chiens sauvages à la nuit tombée, ou, plus communément, tomber nez à nez avec une araignée de la taille d’un four micro-ondes en rentrant dans leur studette étudiante, non, messieurs dames, c’est la vape.

D’ailleurs, c’est bien connu : avant que le vapotage ne soit inventé, aucun étudiant n’avait jamais été stressé, et les adolescents étaient des modèles d’exubérance et de joie de vivre.

Le fait que la science, particulièrement la psychiatrie, explique que c’est la pathologie mentale qui est un terrain propice à l’addiction, et non pas l’addiction qui favorise la pathologie mentale, il n’en est fait nulle mention. L’Australie, c’est loin, la nouvelle ne leur est sans doute pas encore parvenue.

D’ailleurs, l’auteur de l’article du vendredi, s’il peut se permettre une suggestion, voudrait que le gouvernement australien interdise la consommation de nicotine à tous les patients des hôpitaux psychiatriques et envoie George Miller, accompagné de Mel Gibson, filmer le tout. Le résultat pourrait sortir au cinéma, on appellerait ça Mad Max 4, ça ferait un joli succès au box-office.

Mais c’est ainsi, c’est la rentrée, bientôt sonnera l’heure des raclettes et des chocolats chauds sous le plaid. Et si le plaid gratte et bouloche, c’est sans doute qu’il provient de la réserve personnelle de Maîtresse Sévère, merci de bien vouloir le lui restituer. 

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