Vous êtes ici : Vaping Post » Politique » La Californie part en guerre contre l’e-cigarette. Une affaire d’argent ?

La Californie part en guerre contre l’e-cigarette. Une affaire d’argent ?

Mis à jour le 7/07/2024 à 21h49
    Annonce
  • Calumette
  • le petit vapoteur
  • Pulp
  • Vaporesso
  • Innokin
  • Vincent
  • Voopoo
La Californie multiplie ses attaques contre l'e-cigarette et fait pression pour classer le dispositif comme un produit du tabac.

La Californie multiplie ses attaques contre l’e-cigarette et fait pression pour classer le dispositif comme un produit du tabac.

Les autorités Californiennes continuent d’alerter les citoyens sur les dangers supposés de la cigarette électronique. Elles déclarent s’inquiéter notamment de la renormalisation de l’acte de fumer et estiment qu’une nouvelle génération de personne est susceptible de devenir accroc à la nicotine à cause de ce dispositif.

Après que le département éducatif du comté d’Orange en Californie ait mis en ligne un site web dédié au combat contre l’e-cigarette (notsosafe.org), c’est au tour du département de la Santé publique de publier un communiqué de presse accompagné d’un poster de mise en garde.

Ron Chapman, Directeur du département de santé publique de l’état Californien, affirme que l’e-cigarette contient au moins 10 substances cancérigènes, notamment le nickel et le benzène. Est également évoqué le nombre croissant d’adolescents qui se seraient mis à vapoter ainsi que le nombre d’enfants “empoisonnés par les liquides électroniques”.

Alors que l’information sur l’e-cigarette est clairement brouillée par certaines organisations, cet homme politique ajoute qu’il y aurait des “mythes et de la désinformation” au sujet du dispositif, et que beaucoup de personnes ignorent que la cigarette électronique présente les mêmes risques sanitaires que les cigarettes et les autres produits du tabac. Selon lui, le fait d’expliquer que ce produit puisse permettre aux fumeurs d’arrêter de fumer participe déjà à la désinformation…

Un journaliste de NBC News qui relaie les propos de Chapman évoque également le nombre d’incidents sur les e-liquides recensés par le centre d’appels anti-poison de l’état Californien, sans pour autant les mettre en parallèle avec les autres accidents liés à d’autres produits de consommation courante (comme l’avait récemment fait Clive Bates).

En substance voici la liste californienne des reproches faits à l’e-cigarette :

  • Les arômes peuvent attirer les plus jeunes
  • L’e-cigarette n’émet pas de la vapeur d’eau
  • Le marketing des vendeurs d’e-cigarettes s’adresse aux jeunes
  • Les jeunes ne réalisent pas que les e-liquides peuvent contenir une drogue très addictive (nicotine)
  • La vapeur des cigarettes électroniques comporte des composés chimiques reconnus comme cancérigène ou comme dangereux pour le développement du foetus
  • Les réservoirs et cartouches des e-cigarettes fuient souvent
  • L’e-cigarette peut enfin provoquer des accidents domestiques (projection de e-liquide, explosion de batteries, etc.)

Nous ne prenons pas la peine ici de déconstruire chaque idée, le moteur de recherche qui se trouve en haut à droite de ce site internet vous permettant aisément de trouver des arguments contraires.

La Californie très dépendante des revenus industriels du tabac

Afin de mieux comprendre la position extrême de la Californie sur le sujet de l’e-cigarette, il est intéressant de reprendre certains propos de Robert Proctor, l’auteur du fameux ouvrage Golden Holocaust- La conspiration des industriels du tabac.

En 1998, certains États américains ont signé un accord (Tobacco Master Settlement Agreement – MSA) avec des cigarettiers pour financer les coûts de santé publique liés aux maladies causés par le tabac. Cet accord issu d’une quarantaine de poursuites judiciaires obligent désormais les cigarettiers à payer aux États 246 milliards de dollars en 25 ans. Certains États dont fait partie la Californie ont alors sécurisé ces “dettes du tabac” en produisant des bons du trésor, valorisant ainsi leur propre économie et permettant de financer certaines dépenses de santé publique.

Les bons du trésor peuvent être considérés comme des emprunts émis par le Trésor américain. Ils servent schématiquement à financer les États, eux mêmes endettés. Ils sont généralement considérés comme des emprunts à très faible risque et attirent souvent les investisseurs lorsque les marchés financiers deviennent difficiles.

Les “hommes du tabac”, écrit Robert Proctor, “ont été assez habiles pour y inclure des annexes qui leur permettent une cessation des versements au cas où leurs revenus chuteraient en dessous d’un certain seuil“.

La Californie, qui vend ses bons du trésor “spécial tabac” via la Golden State Tobacco Securitization Corporation, a cette particularité d’offrir aux investisseurs une sorte d’assurance (appropriation pledge*). Ainsi, si l’industrie du tabac essuie des pertes ou ne génère pas des revenus suffisants, l’État réinjecte de l’argent dans son budget pour maintenir un certain niveau de rentabilité des bons.

On peut alors imaginer qu’il est dans l’intérêt d’un État comme la Californie que les entreprises du tabac puissent continuer à verser correctement leur dû. Une relation malsaine que Proctor qualifie comme étant une “forme d’étreinte incestueuse avec les marchands de cancer”.