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Certains sujets s’imposent d’eux-mêmes, et on ne sait pas trop quoi en faire. Un article du vendredi ? Oui, mais encore. Pourquoi pas une sorte de jeu ? Voici l’article du vendredi interactif : à chaque fois que vous sautez sur votre siège en vous exclamant « j’ai la ref ! », vous l’écrivez en commentaire.
« Le monde contemporain n’est peut être pas l’endroit
le plus brillant où l’on puisse rêver de vivre.
C’est une espèce d’étrange carnaval.
Où il y a beaucoup de douleurs,
mais qui peut aussi être assez drôle ».
David Lynch
Vapoteurhead
C’était un mail étrange, et je restai un instant fixer l’écran, avant de lever les yeux vers le cosmos, autre endroit où le mystère se faisait encore plus profond, conduisant l’esprit dans un abyme d’ignorance comme sur une autoroute perdue.
« Comment ça, une nouvelle gamme de puffs ? Mais ce n’est pas interdit, ça ? ». La question était purement rhétorique, bien entendu, bien sûr que non, les puffs ne sont pas interdits. Mais cette publicité d’un distributeur français en proposait une nouvelle gamme pléthorique, incitant à en faire un stock massif parce qu’ils allaient s’écouler comme des petits pains, ce qui était d’ailleurs certainement le cas.
Pourtant, théoriquement, acheter un considérable stock de puffs aujourd’hui devrait être une idée aussi ridicule que Sting brandissant un couteau en Slip. C’est dire.
En France, tous les partis politiques étaient tombés d’accord sur leur interdiction (interdiction des puffs, pas des partis), et mettre tous ces gens d’accord, c’est déjà un exploit en soi. L’Assemblée Nationale avait voté pour l’interdiction, puis le Sénat, qui avait également voté favorablement à ce bannissement, et, ensuite, comme la France est une démocratie souveraine, les représentants élus de son peuple avaient demandé l’autorisation aux fonctionnaires non élus européens d’appliquer la décision qu’ils avaient prise, et les petits hommes gris avaient dis oui.
Et donc, les puffs étaient interdits ? Non. Pourquoi ? Parce que. Il y a très peu de gens qui ont la capacité de comprendre cela. Ce sont les mêmes qui ne trouvent rien de particulièrement énigmatique à Lost Highway.
Vil vape
Il me fallait d’urgence me rendre chez la personne la plus rationnelle que je connaisse, la plus connaisseuse de la nature humaine aussi. Immédiatement, j’enfourchai un tracteur tondeuse, et je filais à toute berzingue vers le donjon de Maîtresse Sévère. Après maint avanies et discussions avec des personnages étranges, je parvins enfin à destination, enrichi de toutes ces rencontres.
Maîtresse Sévère prenait la pluie devant son donjon.
Quelle est cette barre qui soudain traverse votre front ? Ça ne vous est jamais arrivé de sortir devant chez vous pour prendre le soleil ? Et bien, tout le monde n’est pas obligé d’aimer le beau temps.
La dominatrice point son doigt vers le tracteur tondeuse avant même que j’aie eu le temps de dire bonjour.
« Il y a un différentiel sur votre truc ? » demanda-t-elle.
« Je n’en sais rien ! » répondis-je, avant d’ajouter « vous vous intéressez aux différentiels ? ».
Elle soupira tristement. « Fut un temps, oui. Mais il semblerait maintenant que je ne saurai jamais ce que c’est ».
« Ne dites pas ça, Madame Sévère, renseignez-vous, agissez ! Pierre qui roule n’amasse pas mousse ! ».
« Non, mais il amasse des problèmes. Surtout en forêt ».
Nous nous esclaffâmes, puis je lui expliquai la question qui m’amenait. Elle réfléchit un instant, puis répondit : « quand on est bébé, on ne sait pas lire, on ne voit pas non plus à cause de la lumière soudaine qui vous éblouit, et on ne se souvient de rien en grandissant. Je suis persuadée que notre vie est comme un film, et que, juste avant d’y entrer, il y a un grand panneau qu’on ne peut pas voir et dont on ne peut pas se souvenir, et qui dit : Directed By David Lynch ».
Genève, Suisse
