Gérard Menuel, Député de l’Aube sous l’étiquette Les Républicains, a posé récemment une question au gouvernement sur la distribution de la vape en supermarché. Nous avons voulu en savoir plus sur ce sujet et sur sa vision de la vape.
Le Vaping Post (VP) : Bonjour Monsieur le député, merci d’accepter de répondre aux questions du Vaping Post. Aujourd’hui plus de 2 millions de français vapotent. Comment voyez-vous ce produit ?
Gérard Menuel, Député de l’Aube (GM) : C’est une constante dans notre pays, dans de nombreux domaines le « curatif » est davantage développé que la prévention. Le vapotage est une réponse intéressante pour ceux qui font le choix et qui ont la volonté d’arrêter de fumer. Aussi la politique menée anti-tabac doit être plus globale et le volet prévention n’a pas la place qu’il devrait avoir et permettre ainsi de détourner le public le plus jeune de cette addiction.
VP : Dans votre question au gouvernement 9963, vous attirez l’attention de Mme la ministre de la Solidarité et de la Santé sur la vente de produits du vapotage en grandes surfaces. Ce phénomène est encore assez récent et très marginal pour le moment. Est-ce une anticipation de votre part, ou avez-vous constaté dores et déjà une augmentation substantielle de ces achats en grande surface ? Si oui pouvez-vous nous expliquer l’origine exacte de ces constatations ?
GM : Ce phénomène est certes récent et reste marginal mais plusieurs grandes surfaces et en particulier une notoirement implantée dans notre pays, fait de la vente de ce type de produit une promotion active. Le constat m’est remonté par certains buralistes mais aussi par des consommateurs de tabac.
VP : Un point de cette question nous a interpellé, lorsque vous affirmez « ce type de produit dont la vente était quasi exclusivement réservée, pour des raisons entre autre de conseils, aux distributeurs buralistes ». Pourtant, de l’avis général, les buralistes se sont intéressés au vapotage bien après qu’il ait été popularisé par des boutiques spécialisées, et, seconde remarque, les vendeurs dans ce type de boutiques dites « de vape » consacrent plus de temps à chaque client que les buralistes, ce qui leur permet de donner des conseils plus spécifiques. Êtes-vous en désaccord avec cela ?
GM : Les vendeurs des boutiques spécialisées, dont certains nous font remarquer leurs difficultés sur le plan de l’équilibre économique, proposent un service basé sur une offre plus large et sur des conseils appropriés. Les boutiques spécialisées ont popularisé et ont fait plus que d’autres, la promotion du vapotage et je ne souhaite pas les opposer aux buralistes. Ces derniers présents sur l’ensemble du territoire jouent un rôle essentiel comme commerce de proximité et ont besoin pour maintenir leur activité de diversifier leur offre. Ils connaissent leurs clients et travaillent avec eux en confiance et sont eux aussi bien placés pour donner les meilleurs conseils.
VP : Quel cadre réglementaire s’imposerait aux produits du vapotage, selon vous ?
GM : Que la vente soit exclusivement réservée à des distributeurs spécialisés ou buralistes en capacité d’accompagner leur acte commercial par des conseils appropriés.
VP : Madame Buzyn s’est récemment félicitée de la baisse importante du nombre de fumeurs, qu’elle a corrélé au paquet à dix euros, sans approfondir sur les méthodes de sevrage. Quelle est selon vous la part du vapotage dans cette baisse ?
GM : La baisse n’est pas du niveau annoncé et l’évolution du prix vers les 10 euros non accompagnée d’une politique de prévention forte accroit les circuits parallèles de vente légales ou pas. Il suffit par exemple d’observer les évolutions de vente de cigarettes dans les zones « duty free » dans les aéroports, de constater celles des distributeurs aux portes de notre pays pour ne pas être convaincu par les propos de Madame Buzyn. Certes le vapotage est une méthode de sevrage intéressante, mais toute action curative dans ce domaine doit être accompagnée d’un volet prévention en particuliers vis-à-vis des plus jeunes.
VP : Dans une interview que Philippe Coy avait accordée au Vaping Post, il a affirmé que le ministère de la Santé lui avait proposé le monopole du vapotage et que la confédération des buralistes avait décliné. Si c’est bien le cas, pensez-vous que c’est une erreur de leur part ? ?
GM : Je ne connais pas le niveau de relation entre le ministère de la santé et la confédération des buralistes.
VP : De nombreux politiques s’émeuvent des difficultés des buralistes. Pourtant, à travers toutes les époques, des métiers ont disparu. La volonté communément affirmée est d’aller vers la fin du tabac. Dans cette logique, les buralistes ne sont ils pas voués à disparaître ?
GM : Les buralistes sont très souvent les seuls commerces de proximité qui existent dans les bourgs les plus éloignés, en particulier dans les départements ruraux. Ils ont su, en diversifiant leur activité, maintenir une vie sociale et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Dans ma circonscription, j’ai soutenu des initiatives récentes d’installation qui sont pour le moins appréciées par un public qui se sent trop souvent marginalisé.
VP : L’Europe a lancé récemment une étude préliminaire afin d’imposer une taxe sur le vapotage. Quel est votre avis sur cette éventuelle taxe ?
GM : Avant de s’interroger sur une taxe sur le vapotage, l’Europe ferait mieux d’uniformiser les différentes politiques en matière de tabagisme chez les 27 pays membres.
VP : Dans une période où l’Europe est en crise, pensez-vous qu’une telle taxation, qui peut être perçue par les vapoteurs comme punitive, risque de renforcer l’euroscepticisme ?
GM : A la veille du renouvellement du parlement européen, je ne pense pas que la politique anti-tabac et une éventuelle taxe concernant le vapotage s’inscrivent comme éléments prioritaires des débats.