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À la rencontre de Randall – UnAirNeuf.org

Mis à jour le 16/11/2023 à 17h59
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Interview de Randall, du site UnAirNeuf.org

Interview de Randall, du site UnAirNeuf.org

Voici une petite présentation de ce consultant en tabagisme très engagé, devenu ces dernières années l’un des spécialistes français de l’e-cigarette.

Pour ceux et celles qui ne connaissent par encore UnAirNeuf.org il s’agit d’un site traitant des solutions proposées comme remèdes au tabagisme.

Son auteur principal, Randall, étant très actif sur les sujets traitant de la cigarette électronique, c’est donc tout naturellement que j’ai décidé de lui poser quelques questions afin d’en savoir un peu plus sur lui et de faire le point sur ses prises de position.

Depuis une dizaine d’années, je suis “Consultant en tabagisme”, formulation que j’ai retenue à l’époque où il s’agissait aussi d’accompagner les entreprises dans l’interdiction de fumer sur les lieux de travail.

Ainsi par exemple, il aura fallu un an de préparation et de mise en œuvre pour rendre non-fumeur le siège de Veolia Eau à Paris, un projet piloté par son DRH : l’histoire a été rapportée un article dans la revue Personnel de l’ANDCP pour les curieux. Le siège social d’une autre entreprise du CAC 40 à La Défense a consacré 100 000 euros dans la seule communication pour inciter le gros millier de ses fumeurs à s’engager dans l’arrêt du tabac. L’aide à l’arrêt nécessite parfois des moyens conséquents, et la partie prise en charge des fumeurs – pour leur permettre de réussir – n’en représente que la partie émergée de l’iceberg.

Ce que j’ai constaté par exemple, c’est que dans les entreprises où le climat social est malsain (ou trop stressant), l’offre d’aide personnelle a peu d’effet. Fumer du tabac est une source de réconfort pour les personnes qui y sont habituées et leur enlever ce réconfort est tout bonnement impossible quand le terrain ne s’y prête pas. Donc conseiller et suivre les consommateurs ne suffit pas, il faut aussi conseiller et suivre les directions des entreprises, notamment les DRH. C’est un métier que l’on n’apprend pas à la Faculté de Médecine…J’ai choisi de publier UnAirNeuf.org sous le pseudo Randall pour une raison très simple : ne pas être sujet à des attaques m’accusant de vendre ma soupe. Pour la présentation de mes prestations, il faut chercher un peu.

Je suis titulaire d’un Master en Sciences de l’Éducation, d’un Certificat en Informatique et Ingénieur ENSI Chimie de formation initiale, spécialisé en Chimie Analytique. Cela me permet de lire les publications scientifiques, d’autant que je suis à l’aise dans la langue de Shakespeare.

Bien sûr que j’ai été fumeur ; c’est une question que les fumeurs posent systématiquement à quelqu’un qui prétend les aider. C’est le fondement d’un minimum de crédibilité. J’ai fumé (du tabac) pendant plusieurs décennies, et fait une dizaine de tentatives pour cesser. Mon erreur était de penser que je pouvais m’abstenir de décider de cesser pour toujours : je ne voulais pas prendre ce genre d’engagement. Malheureusement les aleas et les tentations de la vie font que si l’on aspire une seule bouffée, on rechute, et pour un bon bout de temps. Ma dernière tentative a été la bonne, et elle est à la source de ma compétence pour partager cette expérience réussie.J’ai cessé un samedi matin du siècle dernier, dans mon lit en flemmardant après mon café, sans l’avoir anticipé. C’était le moment ad hoc, j’étais mentalement prêt et suffisamment informé. Miracle, je n’ai pas pris un kilo, pas ressenti le moindre manque, rien. Cela semble irréel cependant beaucoup de ceux qui mettent fin à une addiction s’en sentent libérés, avec un souci de moins à gérer.

Je n’ai aucune allergie à la fumée d’autrui et la cigarette est autorisée durant mes sessions de formation.Comment est venue cette vocation ?Par cette expérience probante que l’on peut cesser sereinement de façon durable, par ma lecture du livre d’Allen Carr et enfin par des recherches en Sciences de l’Education. Je me suis intéressé au processus de changement humain, à l’éventualité de le mettre “sous assurance Qualité” : l’arrêt du tabac est un changement profond et j’ai imaginé comment faciliter l’apprentissage de sa future identité de ‘non fumeur’.

Les béquilles recommandées par les professionnels de santé ne contribuent pas à un tel apprentissage, au contraire. Elles rendent les choses plus compliquées et incertaines. Je suis convaincu que ces produits – ces « gri-gris » ! – n’aident pas les fumeurs. Le problème, ce ne sont pas les trois semaines du ‘sevrage’ comme ils disent : il est de ne pas reprendre ensuite.

Il y a des fumeurs malades, des fumeurs dont l’état relève de la médecine ou d’une prise en charge psychothérapeutique. N’ayant pas prononcé le serment d’Hippocrate, je m’abstiendrai ici de considérer ces cas compliqués, notamment en cas de trajectoires addictives pouvant relever de la psychiatrie. Sur les millions de fumeurs qui souhaitent se libérer de l’obligation de fumer au quotidien, un très faible pourcentage sont des ‘malades’ : fumer est un comportement, pas une maladie. C’est un premier point.

On peut guérir d’une maladie ; une dépendance reste imprimée, on apprend à vivre avec, avec l’empreinte du passé. La première difficulté est de redonner confiance au fumeur et que la meilleure ressource pour cesser le tabagisme est en lui. L’approche médicale est disymétrique, d’un côté le professionnel ‘sachant’ (en réalité ne sachant pas grand chose mais tentant de le faire croire), de l’autre un individu que l’on cherche rendre malade pour lui justifier des traitements inutiles et inefficaces. Les quelques médecins qui sont efficaces se torchent le derrière des recommandations officielles élaborées par des prétendus ‘experts’ stipendiés par l’industrie pharmaceutique. Chasser toutes sortes de fausses croyances, celles relayées par les media dépendant de la publicité notamment, est un long processus, comme un lavage de cerveau. Cela prend du temps et de l’énergie. Une fois le ménage fait, une fois que l’on s’est convaincu des erreurs passées, comme celle affirmant que l’on y arrivera à force de ‘volonté’, la transition est facile, parfois instantanée. Les psychologues nomment ce moment ‘insight’ : la révélation que l’on n’est plus fumeur.

La deuxième difficulté majeure est liée aux processus mentaux efficaces pour passer d’un état de fumeur à celui de non-fumeur. Il y a certes des connaissances à faire siennes pour comprendre contre quoi on se bat (pourquoi on a perdu la liberté de fumer), mais cela ne suffit pas. Ce qui est décisif se passe dans l’inconscient. L’inconscient est ce qui nous réveille la nuit en cas de bruit insolite ou de bébé qui pleure. Il est toujours actif, tout le temps à notre service. C’est le pharmacien Émile Coué, inventeur d’une méthode qui fut célèbre en France et encore plus outre Atlantique, qui a inventé l’effet placebo, en donnant de la mie de pain en guise de médicament à ses clients. Il a en particulier déclaré que quand le conscient et l’inconscient sont en conflit, c’est TOUJOURS l’inconscient qui gagne à la fin. Cesser de fumer est simple, indolore et immédiat, quand son inconscient y est prêt. La volonté consciente n’est pas d’une grande utilité dès lors que la décision a été prise.

Le problème est que la science médicale se méfie comme la peste des mécanismes inconscients, et de ceux qui manipulent l’inconscient : les prêtres, les gurus, etc. Il y a certes quelque bonne raison à ça, mais s’abstenir de magnifier les forces inconscientes qui rendent possible l’arrêt d’une addiction revient à se désarmer. Je vais même plus loin : toutes les méthodes qui peuvent être évaluées objectivement, scientifiquement, en évacuant les aspects subjectifs, sont des attrapes-nigaud(e)s. Il est clair pour moi que le dogme scientifique que la médecine traine comme un boulet n’est pas adapté à la situation d’aide.

Que veut dire ce terme “addiction” ? Il n’existe pas de définition faisant consensus. C’est une formule d’origine anglo-saxonne, il y a aussi : dépendance, assuétude, toxicomanie, etc. Ces termes sont datés, marqués culturellement et il convient de faire attention à ne pas borner sa compréhension.

Et il n’y a pas de dépendance “au tabac” ! Il y a éventuellement une dépendance à la consommation de tabac, sous certaines formes, notamment le tabac scaferlati roulé dans du papier et fumé. Mais je ne crois pas qu’il y ait – facilement – de dépendance au seul narghilé, dont le tabamel contient un tiers de tabac le plus souvent. Il est incompréhensible que l’on en combatte l’usage alors qu’il permet justement au jeunes de s’amuser sans grand risque. Mon ami Kamal Chaouachi est la référence sur ces questions, mais on ferait des progrès dans la prévention du tabagisme – compris ici comme la consommation régulière de tabac – en laissant ouverte cette option.

De la même façon, beaucoup de fumeurs de cigare ne sont pas dépendants. Il me semble que l’ex-président Sarkozy entre dans cette catégorie, et, pour sûr, mon dentiste. Fumer le cigare ne rend pas dépendant. Chez les chamans d’amazonie, qui utilisent le tabac dans leurs rituels, peu sont dépendants.

Cependant on devient vite dépendant de la consommation de cigarette, presque tous ceux qui y ont goûté, même de façon innocente. Dans ma jeunesse, 90 % des conscrits dans l’armée ressortaient fumeur du service militaire : les ‘Troupes’ ne rataient leur cible que pour les petites natures… C’est une consommation très piégeuse, très vite et très fortement piégeuse. Pour ma part, je considère qu’une personne est dépendante au tabagisme si elle consomme une fois par jour au moins. Même une cigarette en fin de journée suffit à s’empoisonner l’existence, même si les poumons apprécient l’effort de contrôle que cela impose (on y pense beaucoup à cette cigarette réputée ‘plaisir’ !).

Pourquoi est-on devenu incapable de contrôler son comportement ? C’est la bonne question. Certains neurologues analyseront les rôles de la dopamine, de la sérotonine, etc. dans le cerveau, et effectivement ces médiateurs chimiques jouent un rôle. Mais le cerveau continue de fonctionner : il est rare qu’il soit “cassé” (c’est le cas des schizophrènes par ex.). Je vois la dépendance comme la neutralisation réversible d’une capacité naturelle à contrôler mentalement des sensations corporelles et des événements externes. L’éducation à la propreté consiste à dominer son corps. L’éducation à la cessation du tabagisme résulte d’un apprentissage à dominer ses ‘envies’. C’est assez similaire.

La meilleure – l’unique – façon de cesser son comportement est de réactiver des fonctions mentales gommées/bombardées/effacées/etc. par l’afflux répété des produits du tabac ayant traversé la barrière sanguine du cerveau. Je préconise l’arrêt total et immédiat, en un mot « franc » : ce qui rend légitime l’arrêt franc est qu’avoir envie de fumer ne fait mal nulle part. Contrairement au marketing des vendeurs de gri-gris (pharmaceutiques ou pas), cesser le tabagisme ne fait mal nulle part. En quelques jours on sent au contraire ses poumons revivre.

Il y a parfois des effets secondaires désagréables, comme un gros rhume : ils passent bien vite si on les traite comme ils le méritent. Boire du lait chaud ou un grog le soir aide les anxieux à s’endormir ; faire un peu bouger son corps aidera ceux qui craignent les humeurs dépressives : marcher rapidement une demi-heure après le dîner y palliera ; manger des pommes, croquer dans une pomme à chaque grosse envie pour les gros fumeurs les premiers jours, ça aide aussi : ce n’est pas breveté bien sûr, et il serait long d’expliquer pourquoi ça marche si efficacement ; boire de l’eau aussi aide à éliminer les toxines accumulées durant des années et qui tout à coup vont se relarguer dans l’organisme.

Bref, j’ai tellement vu de GROS fumeurs cesser sans aucun souci ni effet secondaire notable que je pense que l’arrêt franc est la voie à privilégier. C’est la voie de 90 % de ceux qui ont réussi durablement ; en plus, elle est gratuite. Lire UnAirNeuf.org ou les ouvrages que nous avons mentionnés.

UnAirNeuf.org a commencé à parler de la cigarette électronique dès son apparition en France il y a cinq ans maintenant. Nous l’avons initialement considérée comme un nouveau gri-gri, puis avec le temps avons changé d’avis. Et notre compréhension de ce dispositif change encore tous les jours ou presque, tant il reste à découvrir avec ce dispositif et ses évolutions incessantes grâce à l’inventivité chinoise.

Nous y avons consacré une centaine d’articles déjà, en principe favorables. J’en ai testé différents modèles et liquides, même avec nicotine. Il y a des produits de qualité insuffisante ou variable, les liquides sont peu normalisés encore, etc. On est au début d’une nouvelle industrie, qui dépassera en valeur celle des aides médicamenteuses d’ici deux ou trois ans (seulement !). L’innovation est permanente, impressionnante, aussi bien du produit que par ceux qui le commercialisent.

Ce dispositif met à mal les services des tabacologues formatés par Big Pharma et ses immenses ressources d’influence. On cesse de fumer sans autre forme d’aide. C’est comme la profession de maréchal-ferrant : disparue ou presque avec l’apparition de l’automobile. Des carrières sont brisées, celles de ceux qui ont misé sur la souffrance des fumeurs pour en tirer quelque menu profit. Ma position en tant que consultant en tabagisme est évidemment d’encourager à l’usage en évitant les fournisseurs véreux, encore trop nombreux sur un marché atomisé.

La cigarette électronique permet de maintenir un comportement sans s’intoxiquer avec une fumée nocive. Il n’y a pas de transformation à accomplir sur son sentiment d’identité fumeur –> non-fumeur : c’est confortable. Mis à part le cas des fumeurs relevant de la médecine dont j’ai parlé précédemment, le mystère de la dépendance au tabagisme est potentiellement résolu. Il ne semble pas y avoir de demande solvable d’aide de vapoteurs invétérés pour cesser le vapotage, mais ceci reste à évaluer. Le cas échéant, je pourrais proposer des services…

La pharmacie est un juteux business sur le dos de la santé. On peut donc s’attendre à une concurrence durable. Tous les médecins ne sont pas ripous, heureusement, mais bien peu acceptent de réduire leurs honoraires auprès de publics en difficulté (j’en connais et je les estime particulièrement).

La cigarette électronique n’étant pas et n’ayant pas vocation à devenir un ‘produit de santé’ que les médecins peuvent prescrire, ils défendront plutôt les solutions commerciales (labélisées ‘médicament’) dont ils ont le monopole. Ce qui se discute au niveau de l’Union Européenne – notamment à la DG Sanco de la Commission de Bruxelles – sera déterminant pour un bon paquet d’années.

Les études de Pfizer montrent que les médecins généralistes ne sont pas très intéressés par l’aide au sevrage tabagique : ils se savent relativement impuissants à une prise en charge efficace. Si une solution viable existe, ils botteront gentiment en touche et fermeront les yeux : beaucoup commencent à le faire discrètement, y compris des pneumologues ou des cardiologues.

Avec le temps, le risque sanitaire invoqué en 2011 (on ne sait pas si c’est dangereux ou pas) finira par se préciser, ou s’évaporer. On a déjà cinq ans de recul et la quasi absence de signalements de risques sur des millions d’usagers vaut mieux que ces rares études épidémiologiques sur des produits obsolètes au moment de la publication. Big Pharma aurait été bien inspirée de prendre le train technologique en marche. Vouloir protéger son monopole sur les palliatifs de nicotine – et son réseau de prescripteurs attentionnés – est une erreur stratégique. Vive l’innovation !

Merci à Randall pour avoir répondu à ces questions. Vous pouvez également suivre l’activité d’UnAirNeuf.org sur Twitter @unairneuf