Bientôt Halloween, la fête où les enfants vont de maison en maison mendier des bonbons en marmonnant d’antiques sortilèges vous promettant une brochette de journées pourries. Bref, Halloween, c’est se faire du bien avec le mal. Et, justement, on a une experte à la rédaction.
Un coup de fouet ou un mauvais sort
Votre serviteur est toujours décontenancé par l’attitude de Maîtresse Sévère face aux évènements qui jalonnent nos existences. On a l’impression qu’elle comprend le concept, mais imparfaitement. Lorsqu’elle y arrive, c’est presque un accident. Exemple : sa manie de vouloir être la mère fouettarde à Noël.
Aussi fus-je surpris, en lui rendant visite, de constater que tout semblait prêt pour Halloween, et que, non seulement, elle était parfaitement dans les temps, mais qu’en plus, tout était conforme à ce qu’on attendait de cette soirée. La décoration était terrifiante, et les bonbons attendaient, près de la porte, dans un petit panier d’osier même pas barbelé.
Des bonbons, eux aussi, tout à fait conformes, venus du supermarché, dans des petits sachets scellés. Aucun piège, fus-je obligé de constater, après avoir prudemment décidé de tester un paquet de fraises Tagada.
J’arrivai dans le bureau où la Domina comptait l’immense passe de pognon que lui rapportait son activité. Une fois, lors d’une conversation, je lui avais demandé s’il n’y avait pas, tout au fond d’elle, un côté masochiste pour contrebalancer son sadisme. « Oui, il y en a un » m’avait-elle répondu, « je déclare tout au Fisc ».
« Félicitations pour votre décoration d’Halloween, Madame Sévère ! » la saluais-je, « oh, et vous étiez en train d’essayer votre costume ? Il est parfait ! ».
Elle me lança un regard interloqué « Hein ? Mais de quoi vous parlez ? ».
« Et bien, de votre déc… » puis, réalisant : « ah, je comprends… C’est toujours comme ça, n’est-ce pas ? ».
Elle me confirma qu’elle avait refait la décoration de l’entrée de son donjon, et pas en l’occasion d’un évènement particulier. « J’ai dépensé sans compter » dit-elle fièrement, comme John Hammond dans Jurassic Park. Vu l’âge moyen de ses clients, je me dis que le thème dinosaure était parfaitement respecté.
« Et donc, votre nouvelle tenue, c’est ? » m’enquis-je.
« Un nouveau client a un kink un peu à part, il veut être un animal de cirque. Je n’ai pas trouvé de costume de dresseuse, et à la place, j’en ai pris un de clown. De clown sadique, évidemment. Vous aimez ? ».
« On flotte tous en bas, Georgie » pensais je, mais, à haute voix, je préférais opter pour « c’est pile-poil ce qu’il faut, à mon avis ».
« Il coûte une blinde, il est fait en cuir d’écureuil vegan » précisa la domina, et je préférai ne pas creuser le sujet.
« Mais j’ai prévu des bonbons pour Halloween » expliqua-t-elle. « Voyez-vous, j’ai toujours beaucoup d’enfants qui viennent sonner à la porte du donjon le 31 octobre ».
« Et qu’est-ce qui explique ce succès fracassant ? »
« Leurs parents le leur interdisent. D’ailleurs, ça m’a donné une idée, une nouvelle attraction dans mon donjon, à base d’un fauteuil de dentiste SM. Et bien, figurez-vous que j’en ai parlé à mes habitués, et l’idée a fait un flop. Il semble que certains traumatismes sont insurpassables ». Puis elle s’enquit : « et vous, Monsieur du vendredi, qu’avez-vous prévu pour Halloween ? »
« Eh bien, figurez vous que j’ai des révélations à faire sur le vapotage qui vont terrifier nos lecteurs. Ils ne regarderont plus leur vape du même œil ».
Elle jeta un coup d’oeuil au calendrier : « mais… Halloween tombe un jeudi, c’est dommage ! ».
« Oui, Madame Sévère, mais cette année, l’article du vendredi sera publié un jeudi, tin-tin-tiiiiin ! »
« Euh… tin-tin-tiiiiin ? »
Je conclus, un peu dépité « je voulais un effet de musique qui fait peur, pour conclure, mais le rédac’chef a refusé de débloquer le budget pour acheter les droits. Mais je me suis vengé, je n’ai mis qu’un seul intertitre dans tout l’article ».