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Un groupe de recherche ouvre à nouveau le geyser de boue sur la cigarette électronique

Mis à jour le 28/11/2024 à 17h02
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Alors que les médias se sont déjà emparé de la nouvelle via une dépêche AFP (la cigarette électronique ne serait pas efficace pour l’aide à l’arrêt du tabac) les réactions scientifiques ne se font pas attendre. Jacques Le Houezec nous propose ici une traduction des propos de Clive Bates qui critique vivement les conclusions de cette étude américaine.

"Analyse longitudinale de l'utilisation de cigarette électronique et arrêt du tabac" sur jamanetwork.com

Analyse longitudinale de l’utilisation d’e-cigarette et arrêt du tabac” sur jamanetwork.com

Seulement quelques semaines après la découverte d’un faux effet passerelle de la e-cigarette vers le tabagisme, la science est encore mal menée, poussée aux limites de la crédulité, et médiatisée afin de la jeter en pâture à la communauté du contrôle du tabac pour qu’elle s’en empare.

Cette fois, c’est Rachel Grana et ses collègues de l’Université de Californie à San Francisco, faisant partie du groupe du professeur Stanton Glantz, qui répand sa propagande prohibitionniste, médiatico-politique et contraire à l’éthique scientifique.

La communication de cette étude poursuit un but établi d’avance :

1 . Publier un article dans une revue inadéquate, dans ce cas le JAMA de médecine interne, s’intitulant « Analyse longitudinale de l’utilisation de cigarette électronique et arrêt du tabac ». Les auteurs de l’article, limité par des biais évidents, tirent une conclusion qu’ils ne peuvent pas faire. Ce qui n’a pas empêché l’article de passer la critique des pairs, qui vraisemblablement ne sont pas confrontés à de type d’article bien souvent.

2 . Faire un communiqué de presse qui peut facilement induire en erreur par l’utilisation de termes statistiques traduits en langage courant, pour lancer le battage médiatique avec un titre accrocheur: L’e-cigarette n’est pas associée à l’arrêt ou la réduction de la consommation de tabac.

3 . La couverture médiatique, sans critique, qui gobe l’appât et se fonde sur ce biais – par exemple : « Une étude montre que les cigarettes électroniques n’aident pas les fumeurs à arrêter de fumer ».

4 . Mais attendez … ce qui n’est pas dans le plan organisé d’avance… certains organes de presse sont plus sceptiques (ex : Reuters) et certains mastodontes de la lutte antitabac se rebiffent, ayant honte de ce qui se fait au sein de leur discipline.

Je vais laisser la réponse, sobre et poliment désobligeante, à rien de moins que l’American Cancer Society (ACS) qui manie le couteau avec dextérité. Je ne peux pas plus souligner à quel point il est important pour la bonne réputation d’une telle institution, souvent trop prudente, de s’exprimer sur la contamination de la science de la santé publique avec une pseudo-science axée sur le militantisme. La réponse d’ACS est la bienvenue :

Une étude, sous embargo jusqu’à 16h00, le lundi 24 mars 2014, conclut que l’utilisation de cigarettes électroniques par les fumeurs n’est pas associée à des taux plus élevés d’arrêt du tabac, ou de réduction de consommation de cigarettes au bout d’un an. L’étude est publiée dans le JAMA de médecine interne. Dans l’étude, Rachel Grana et ses collègues de l’Université de Californie à San Francisco, ont suivi 949 fumeurs de cigarettes, dont 88 ont également utilisé l’e-cigarette, pendant un an. A la fin de cette année, 9 des 88 utilisateurs d’e-cigarettes ont déclaré qu’ils avaient arrêté de fumer. Sur la base de ces données, les auteurs concluent que les e-cigarettes n’aident pas les fumeurs à arrêter de fumer. Voici les commentaires de Thomas J. Glynn, PhD, directeur du département des Sciences et tendances du cancer et du contrôle internationale du cancer, en réponse à l’étude.

  • Malheureusement, cette étude a de nombreuses limites, que les auteurs reconnaissent, comme “le faible nombre d’utilisateurs d’e-cigarette dans l’échantillon … a peut-être limité la puissance statistique pour détecter une relation significative entre l’utilisation d’e-cigarette et l’arrêt du tabac” et “nous n’avions pas de données détaillées sur les caractéristiques d’utilisation de l’e-cigarette, tels que la fréquence, la durée, les modes d’utilisation, ou la motivation pour son utilisation“.
  • Ces limitations réduisent considérablement la capacité de l’équipe de recherche à tirer des conclusions significatives de leurs données, et mettent en cause les titres publiés par le communiqué de presse accompagnant l’étude, à savoir “La e-cigarette n’est pas associée à l’arrêt du tabac chez les fumeurs, ni à une réduction de la consommation“. Cette conclusion ne peut simplement pas être justifiée sur la base des données recueillies par les auteurs.
  • Ce que cette étude fait, cependant, est de mettre à nouveau l’accent sur la nécessité d’une recherche plus indépendante, objective, et responsable sur l’e-cigarette, pour aider à définir le rôle qu’elle pourrait jouer le cas échéant, à réduire les coûts économiques dus au tabagisme aux États-Unis.
  • Elle renforce également la nécessité pour la FDA (organisme de réglementation du tabac et des médicaments) d’affirmer son autorité en mettant en place une réglementation pour l’e-cigarette et les produits délivrant de la nicotine, afin d’informer et de protéger les consommateurs, et de promouvoir la santé publique. L’American Cancer Society, par l’intermédiaire de son groupe de prévention, le réseau American Cancer Society Cancer Action (ACS CAN) ont été, et continuent d’être, des promoteurs forts de cette approche, à savoir l’appel pour une recherche sur l’e-cigarette plus indépendante, objective, et responsable, et pour une réglementation de ces produits par la FDA.

Une critique plus détaillée et plus virulente de cette étude par Michael Siegel. La nouvelle étude sur les cigarettes électroniques par des chercheurs de UCSF, n’est pas seulement une dérive de la science, mais est aussi malhonnête [La réaction complète du Dr Siegel sera prochainement publiée sur ma-cigarette.fr]. Le désespoir et le dégoût du Dr Siegel est par trop évident :

Je suis triste de dire que c’est un déchet de science. C’est vraiment un exemple de fausse science, ou de mal-science [ndt : comme on parle de mal-bouffe].Je crois que ces chercheurs avaient une conclusion prédéterminée, selon laquelle les e-cigarettes sont inefficaces et qu’ils ont cherché à fabriquer des résultats qui appuient leur conclusion prédéterminée.

Je ne sais pas si Stan ‘ Drowning Man’ Shatenstein faisait allusion à cette étude, lorsqu’il a pointé son doigt métaphorique vers moi et les lecteurs de mon blog dans ses commentaires suite à mon dernier billet sur la pratique douteuse des chercheurs de UCSF. Mais voici ce qu’il a déclaré dans son commentaire de vendredi 21 Mars :

Attendez la semaine prochaine. Je ne saurais briser l’embargo, mais il y a d’autres choses à venir qui devrait provoquer une pause sur cette liste.

Je soupçonne qu’il faisait allusion à cette étude, parce que rien d’autre de notable n’a émergé depuis, pouvant faire frémir les prohibitionnistes, à part ce communiqué de presse qui était sous embargo pour publication le lundi 24, mais disponible le 20. Oui, ça a causé une pause – une pause pour rejeter encore plus de déchets, de désinformation, de la part des héros de la recherche de la lutte antitabac. Une pause oui, mais encore une perte de temps supplémentaire pour dénoncer cette pseudo-science.


Traduit de l’anglais d’après l’article original : http://www.clivebates.com/?p=2073