Selon les chercheurs, « aucune augmentation n’a été observée dans la progression du vapotage au tabagisme ».

La situation sanitaire se serait même améliorée

Effet passerelle cigarette électronique tabagisme Loire France

Cette nouvelle étude confirme que vapoter ne conduit pas à fumer.

Il y a quelques jours, l’Institut National du Cancer (INCa) et l’Institut pour la Recherche en Santé Publique (IRESP) ont publié les résultats d’une nouvelle étude1 dont l’objectif était d’évaluer et de comparer l’évolution de l’expérimentation et de l’usage du tabac et de l’e-cigarette chez les élèves scolarisés dans les écoles secondaires publiques de la Loire (42), en France. L’analyse a été conduite entre les années 2018 et 2020 auprès de 7 950 adolescents volontaires âgés de 15 à 16 ans, qui étudiaient dans 27 écoles du département. 

Un taux de tabagisme stable

Figure 2 : prévalence (d’usage et d’expérimentation) des tabacs et produits de vapotage pour les 7 950 adolescents français du département de la Loire inclus dans l’étude entre 2018 et 2020.

Au cours des trois années étudiées, les élèves se déclaraient fumeurs quotidiens à 10,24 % et vapoteurs quotidiens à 5,40 %. Les fumeurs occasionnels étaient quant à eux 17,27 % pour 20,44 % de vapoteurs à la même fréquence.

Notre étude montre que l’expérimentation de l’e-cigarette est significativement plus fréquente que l’expérimentation du tabac.<span class="su-quote-cite">Extrait de l'étude</span>

Le taux de prévalence tabagique quotidien aurait légèrement diminué entre 2018 (10,86 %) et 2020 (9,44 %), tout comme le nombre de fumeurs occasionnels passant de 17,11 % à 16,86 %.

Une légère hausse du vapotage

Concernant l’utilisation quotidienne d’un vaporisateur personnel, celle-ci aurait légèrement augmenté puisqu’elle était de 3,50 % en 2018 et de 5,13 % en 2020. L’expérimentation de la cigarette électronique aurait par contre fortement diminué, passant de 50,28 % à 41,25 %.

L’effet passerelle une nouvelle fois absent

Les auteurs se sont ensuite intéressés à la relation entre vapotage et tabagisme.

Ils relèvent qu’environ un adolescent sur cinq (19,76 %) était un double utilisateur, c’est-à-dire consommateur de tabac fumé et de cigarette électronique en même temps. L’utilisation exclusive de l’un ou l’autre des produits était plus faible, avec 7,90 % de fumeurs exclusifs et 6,15 % de vapoteurs exclusifs. Des résultats qu’ils soulignent être cohérents avec d’autres études françaises déjà publiées par le passé.

La situation sanitaire des adolescents français du département de la Loire âgés de 15 à 16 ans s’est globalement améliorée entre 2018 et 2020.<span class="su-quote-cite">Extrait de l'étude</span>

Si l’étude n’aurait pas permis d’obtenir de résultats fiables sur le nombre de fumeurs exclusifs devenus uniquement vapoteurs, ou consommateurs d’aucun produit, ils notent que 2 à 3 % des fumeurs exclusifs seraient passés à la double utilisation. « Cette progression peut s’expliquer par le fait que les fumeurs exclusifs commencent à vapoter avec l’intention de réduire ou d’arrêter de fumer à l’avenir », expliquent les auteurs. Comme ils le rappellent, de précédentes recherches ont démontré que les doubles utilisateurs auraient plus de chances d’arrêter de fumer que les fumeurs exclusifs.

Figure 3 : évolution des comportements de vapotage et de tabagisme chez les adolescents français de la Loire âgés de 15-16 ans de 2018 à 2020.

Ils soulignent également que leur « constatation la plus pertinente » est la « coïncidence temporelle entre une augmentation de la prévalence du vapotage quotidien et une diminution de celle du tabagisme quotidien ». Pour eux, cette observation pourrait s’expliquer « par le fait que les adolescents qui expérimentent pour la première fois la cigarette électronique sont plus susceptibles de ne pas commencer à fumer ou de retarder leur entrée dans le tabagisme ». Autrement dit, tout l’inverse du prétendu effet passerelle qui voudrait que le vapotage soit une porte d’entrée vers le tabagisme. De précédentes recherches menées au Royaume-Uni ou aux USA avaient déjà observé une relation entre augmentation du nombre de vapoteurs et diminution du nombre de fumeurs.

« Aucune augmentation n’a été observée dans la progression du vapotage au tabagisme dans notre échantillon (…) Compte tenu de l’augmentation de la proportion de « non-vapoteurs et non-fumeurs » et de la stabilisation de l’usage de la cigarette électronique, on peut dire que la situation sanitaire des adolescents français du département de la Loire âgés de 15 à 16 ans s’est globalement améliorée entre 2018 et 2020 », concluent les scientifiques.


1 A. Wamba, M. Nekaa, L. Leclerc, C. Denis-Vatant, J. Masson, J. Pourchez – Regional French evolution of tobacco and e-cigarette experimentation and use among adolescents aged 15-16years: A cross-sectional observational study conducted in the Loire department from 2018 to 2020 – Prev Med Rep, 35 (2023), p. 102278, 10.1016/j.pmedr.2023.102278.

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