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USA : opioïdes et tabac, vers les mêmes erreurs ?

Mis à jour le 4/01/2025 à 19h06
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Malgré les erreurs commises avec le Tobacco Master Settlement Agreement, l’accord destiné à la lutte contre la dépendance aux opioïdes semble prendre le même chemin.

Dans l’ombre du MSA

En novembre 1998, les USA remportaient un procès historique contre l’industrie du tabac. À l’époque, 46 États s’étaient ligués contre quatre cigarettiers, accusés d’être directement responsables des coûts pour le système de santé américain liés aux maladies du tabagisme. Lors de la conclusion de cet épisode judiciaire, un accord était trouvé entre Big Tobacco et le système américain : les cigarettiers devraient payer un total de 206 milliards de dollars aux États, au cours des 25 années à venir. Ce qu’on a appelé, le Tobacco Master Settlement Agreement (MSA).

Cet accord, dont nous racontions l’histoire en détail dans cet article, partait d’une bonne intention. À l’origine, les fonds versés aux différents États au cours des décennies à venir devaient servir à financer la lutte contre le tabagisme. Mais, comme l’ont démontré de nombreuses enquêtes et rapports, une majorité des bénéficiaires s’est servie de ces fonds pour financer d’autres projets, comme de nouveaux quais de chargement en Alaska, un système d’arrosage automatique pour un golf de New York, etc. En fait, toutes les sources se sont accordées à dire que moins de 2 % de l’argent récolté dans le cadre du MSA ont effectivement servi à lutter contre le tabagisme.

Big Pharma reconnue coupable

En 2021, un nouveau grand procès du même genre s’est tenu, cette fois, contre l’industrie pharmaceutique. De la même manière que Big Tobacco a été reconnu coupable d’être à l’origine des nombreuses maladies liées au tabagisme, la culpabilité de Big Pharma a été retenue concernant l’épidémie d’addiction aux opioïdes qui sévit aux États-Unis. 

Depuis 30 ans, le pays est rongé par la dépendance à ces substances, dont on entend encore parler aujourd’hui, par le biais du Fentanyl notamment. Depuis le début de cette crise, ce serait plus de 700 000 Américains qui seraient morts d’une overdose d’opioïdes. Et les choses ne sont pas allées en s’arrangeant avec le temps, bien au contraire. Il n’y a jamais eu autant de décès pour cette raison qu’aujourd’hui. 

L’industrie pharmaceutique s’est donc vue condamnée à payer. Les distributeurs (McKesson, Cardinal Health et AmerisourceBergen) devront payer 21 milliards de dollars au cours des 18 prochaines années. Le fabricant Johnson & Johnson devra quant à lui payer 26 milliards, sur un maximum de neuf ans.

À la fin de l’année 2022, c’était au tour des chaînes de pharmacies. CVS devra payer près de 5 milliards de dollars sur 10 ans, Walgreens devra verser 5,52 milliards sur 15 ans, et Walmart, 2,74 milliards rien qu’en 2023. 

Enfin, deux fabricants supplémentaires étaient condamnés en même temps. Allergan, qui paiera 2,02 milliards sur 7 ans, et Teva, qui paiera 3,34 milliards sur 13 ans, avec la possibilité, pour ce dernier, de fournir à la place d’une partie de l’argent, des doses du médicament générique Narcan (Naloxone), principal traitement destiné à lutter contre les surdoses d’opioïdes. 

Aucun contrôle mis en place

Grâce à tous ces milliards, les États-Unis réussiront-ils, enfin, à lutter efficacement contre cette crise qui ravage le pays depuis plus de trois décennies ? Rien n’est moins sûr.

Il y a quelques semaines, une équipe composée de journalistes et de diverses associations a publié une base de données permettant de savoir comment, en 2022 et 2023, l’argent versé aux États, dans le cadre de la lutte contre la crise des opioïdes, a été dépensé. Après avoir analysé plus de 7 000 dépenses, l’équipe a constaté que, comme dans le cadre du MSA pour le tabac, de nombreuses dépenses ne concernaient absolument pas la lutte contre les opioïdes. 

Il faut dire que, dans le cadre de cet accord, les États sont autorisés à dépenser jusqu’à 15 % de l’argent touché pour des projets sans relation avec cette crise. Problème, ce pourcentage fonctionne par le biais d’un système de confiance, et les États ne subissent aucun contrôle de qui que ce soit pour vérifier qu’ils ne dépassent pas ce plafond. Et lorsqu’on voit comment l’argent de la lutte contre le tabagisme a été dépensé, il est difficile de croire que la crise des opioïdes sera résolue de si tôt.

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