Trop gentil, trop poli, il a fini par tourner les talons sans réclamer son billet de 10, ruminant peut-être sur l’inflation.
Il y a de l’écho
C’est la même question, posée à un petit intervalle par deux voix différentes.
— Combien ? Il doit y avoir une erreur ! Combien vous vendez ce kit ?
Moi, étonné :
— Non, il n’y a pas d’erreur, il est à 64 euros.
Lui, stupéfait :
— Mais moi, je l’ai payé 140 !
À mon tour :
— Combien ?!?
Et il m’achève :
— 150 même, elle ne m’a pas rendu la monnaie.
Il s’avère que le jeune homme, il a une petite vingtaine, a perdu sa vape en vacances dans un village du Sud-Est de la France. Démuni, il est entré dans la seule boutique de vape qu’il a repérée aux environs, qui lui a vendu un kit 140 euros. Il a payé 150 euros en espèces, et il a attendu la monnaie en vain, tandis que la patronne le fixait droit dans les yeux sans esquisser un geste.
Trop gentil, trop poli, il a fini par tourner les talons sans réclamer son billet de 10, ruminant peut-être sur l’inflation.
Piège à touriste
“À ce prix-là, il est plaqué or, votre mod ?” Il le sort de sa poche et me le tend : non, il est plaqué peinture bleue standard. Rien de particulier ne le distingue, sauf qu’à ce prix, instinctivement, je le manie avec d’extrêmes précautions.
Nous, au shop, des touristes, on en a. Venus assister à un festival de musique, visiter les alentours ou boire un verre sur notre pont habité médiéval, on parvient à deviner leur provenance à l’air qu’ils ont en entrant. Les Parisiens ont les yeux écarquillés devant l’immensité de la boutique selon leurs standards, les Belges sont émus par le simple fait de pouvoir toucher du matériel avant de l’acheter, et éclatent parfois en larmes quand on leur dit qu’ils peuvent même goûter les produits.
Et ainsi de suite. Jamais, au grand jamais, il ne nous est venu à l’esprit d’arnaquer un touriste, même si nous avions la certitude de ne jamais le revoir.
“Il est à combien ce produit ?”, me demande mon client escroqué.
“Vingt euros, mais pour vous, ce sera 80, du coup”. Je souris, il sourit, on rigole. Il a pris le produit, et je lui ai offert les boosters, comme pour m’excuser au nom de la profession.
Les petites histoires du vendeur en vapeshop