Yannick MAILLOU est président du Collectif des Modeurs Français (CMF). Il nous explique en détail le pourquoi de cette association qui regroupe des professionnels aux activités bien particulières. Interview.
Pourquoi un collectif des Modeurs français ?
L’idée nous a été soufflée plusieurs fois par les utilisateurs de nos créations. Nous avons pour principal objectif de défendre notre profession face aux enjeux futurs. Faire découvrir notre travail afin de mieux aborder les années à venir. Le marché a évolué. Nous devons nous adapter.
Nous éprouvons le besoin de faire comprendre à nos futurs clients pourquoi un mod français coûte plus cher qu’un mod asiatique. Faire comprendre que derrière ce qui apparaît comme un simple produit ou un bout de métal ou de bois, il y a des heures de création, de tests, de production et d’échange avec des utilisateurs. Vivre de notre passion est un luxe, mais moder est un travail qui justifie une rémunération équitable.
Les associations de professionnels existantes (FIVAPE, SYNAPCE) ne répondent-elles pas déjà à vos attentes ?
J’ai constaté que les modeurs n’adhéraient pas spontanément à ce genre d’associations professionnelles. Ces associations représentent essentiellement les distributeurs et les fabricants de e-liquide, mais pas les modeurs. Je suis moi même membre de la FIVAPE, mais je suis presque une exception.
Les premiers mods ont été créés par des gens qui ne voulaient plus être dépendants des batteries jetables et des consommables. Cet aspect est culturel et il fait partie de nos gênes. Du coup, il est difficile d’adhérer à des associations comme la FIVAPE ou le SYNAPCE avec cette envie d’indépendance. Il apparaissait donc judicieux de créer une structure à part. Ce qui ne nous empêchera pas de travailler étroitement avec les associations de professionnels comme avec les associations d’utilisateurs.
17 Modeurs français sont membres de ce collectif. Combien à venir ? La France compte-t-elle beaucoup de spécialistes comme vous ?
Actuellement l’association regroupe 21 modeurs, artisans ou industriels, ce qui représente environ 80% de la profession. A la création de l’association nous espérions fédérer une dizaine de modeurs, c’est donc une belle preuve de confiance pour notre projet.
Qu’est-ce qui qualifie le mieux le savoir-faire français ?
Nos créations proviennent d’univers riches et variés. Aussi bien en terme de produit que d’esthétique: mod mécanique, mod électronique, box, e-pipe, atomiseur, tank, drip tip, plumber’s mod, customisation…
Le savoir-faire, c’est la rencontre entre le geste et la technologie, ancestral ou innovant. Les méthodes de production sont donc très variées, artisanales ou industrielles. Majoritairement, les modeurs français sont des artisans, ce qui peut être souligné comme une spécificité française.
Cette diversité permet une personnalisation en fonction des goûts de chacun, dans le respect de la matière et le respect de nos clients.