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Clopinette : interview de Eric de Goussencourt

Mis à jour le 8/08/2024 à 19h53

Avec un réseau de 87 boutiques physiques, 200 employés et 20 millions de chiffre d’affaires, la discrète enseigne Clopinette est aujourd’hui leader dans son domaine. Son fondateur P.-D.G., l’actif businessman Éric de Goussencourt, a accepté de répondre aux questions de PGVG magazine.

Éric de Goussencourt, le discret fondateur et P.-D.G. de Clopinette

Eric de Goussencourt, Clopinette

Eric de Goussencourt, P.-D.G. et fondateur de Clopinette

PGVG magazine : Pouvez-vous présenter Clopinette et en faire l’historique ?

Éric de Goussencourt : J’ai ouvert la première boutique Clopinette à Caen en 2011. Le premier point de vente parisien a, quant à lui, ouvert en septembre 2011, rue Notre-Dame-de-Nazareth dans le 3e arrondissement. Devant l’ampleur des premiers résultats, l’idée de créer un réseau de franchise m’est alors apparue comme une bonne stratégie pour accroître le développement des boutiques sur tout le territoire national. J’ai donc fait appel à un cabinet spécialisé dans le développement de réseaux de franchise. À ce jour, Clopinette dispose d’un réseau de 87 magasins localisés en France et en Belgique.

PGVG : La vape, c’est quoi pour vous ?

É. de G. : C’est un phénomène sans précédent, une révolution sanitaire.

PGVG : Avez-vous un passé tabagique, et si oui lequel ?

É. de G. : Comme de nombreux professionnels avec qui je discute, j’étais un gros fumeur avant de découvrir la cigarette électronique. J’en fais un usage occasionnel à ce jour.

“Nous sommes sur une prévision de croissance d’une ouverture de magasin par mois en succursale”Eric de Goussencourt

PGVG : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à investir dans ce secteur ?

É. de G. : Lorsque j’ai réalisé l’efficacité de ce produit, à partir d’articles, de témoignages, j’ai vite été persuadé que nous étions à la naissance d’un produit révolutionnaire. Depuis le démarrage de la société, nous avons eu la chance d’être toujours accompagnés par de bons partenaires bancaires, ce qui nous permet aujourd’hui d’être sur une prévision de croissance d’une ouverture de magasin par mois en succursale. À cela s’ajoute une demande croissante de franchisés (actuels et futurs) souhaitant ouvrir d’autres points de vente.

PGVG : Quelles étaient vos activités auparavant ?

É. de G. : Après avoir suivi une formation d’ingénieur textile, j’ai travaillé quelques années dans l’habillement pour homme, au sein de la société Devred en tant qu’ingénieur qualité. En 1998, j’ai créé ma première société d’import/export de textile, que je continue toujours à exploiter.

PGVG : Êtes-vous actif également sur d’autres secteurs économiques ?

É. de G. : Je suis un entrepreneur et j’aime effectivement investir d’autres secteurs d’activité. C’est le propre de l’entrepreneur d’être un peu “visionnaire”, de chercher à développer des projets, de varier ses domaines d’activité. Mon expérience dans le textile m’a amené à ouvrir deux magasins de chaussures homme haut de gamme en tant que franchisé. Il y a un peu plus d’un an, j’ai créé une entreprise d’apiculture ; celle-ci possède des ruchers, élève des abeilles, pour vendre des essaims et vendre du miel aux grandes et moyennes surfaces et aux épiceries fines. Je viens également de lancer une société informatique pour la création et la vente de logiciels.

“Nous sommes en procès contre la Confédération des buralistes pour concurrence déloyale”Eric de Goussencourt

PGVG : Vous n’apparaissez jamais dans les différentes manifestations de la vape (manifestations, Sommet de la vape, Vapexpo, etc.), pourquoi ?

É. de G. : C’est vrai ! Je suis peu familier de ces manifestations. Je pense que les associations de défense sont bien plus légitimes qu’un distributeur de cigarettes électroniques, mais je reste à la disposition de toute association ou autre qui pourrait avoir besoin de mes services. Il est important de noter que Clopinette ne reste pas inactive concernant la défense de la vape. Par exemple, nous sommes en procès contre la Confédération des buralistes pour concurrence déloyale et nous mettons tous nos efforts pour gagner ce procès. L’issue de ce procès – que nous espérons, bien évidemment, en notre faveur – profitera alors à tous les autres acteurs du secteur par jurisprudence. Nous serons présents à Vapexpo pour la première fois à Lyon en mars. L’occasion de rencontrer des professionnels et des particuliers intéressés par notre franchise.

“Nous avons toujours refusé l’entrée en gamme de liquides étrangers pour des raisons de précaution sanitaire”Eric de Goussencourt

PGVG : En tant que gros franchiseur français, vos enseignes sont assez exposées médiatiquement. Ressentez-vous une certaine responsabilité dans l’image que vous pouvez véhiculer de la vape ?

É. de G. : Bien sûr, nous sommes tout à fait conscients aujourd’hui de l’impact de notre image sur le marché de la vape. Dans un contexte sociétal où les messages de prévention face aux effets du tabagisme ne cessent de s’accroître, notre société ne peut rester indifférente à cela. Clopinette doit faire preuve d’exemplarité. Ainsi, à titre d’exemple : nous avons toujours refusé de vendre à des mineurs, bien avant que la loi ne l’impose. Nous avons toujours refusé l’entrée en gamme de liquides étrangers malgré la demande existante sur le marché pour des raisons de précautions sanitaires. Nous enregistrons les noms et adresses de nos clients pour des questions de traçabilité. Nous avons pris conseil auprès d’avocats spécialisés sur les discours à tenir en termes de marketing et de communication.

PGVG : Votre offre commerciale au niveau du matériel est assez restreinte et se limite à du matériel destiné aux débutants. Pourquoi ?

É. de G. : Ceci était vrai il y a encore deux ans. Aujourd’hui, comme vous avez pu le constater, nous effectuons plus de rotations dans notre gamme de produits car nous avons compris qu’il est nécessaire de suivre les évolutions des matériels pour répondre au mieux aux besoins de nos clients. Chaque mois, nous avons une commission “achats” composée de sept experts pour décider de l’entrée en gamme de cinq à six nouveautés. Nous avons également beaucoup travaillé à faire évoluer les compétences de nos conseillers de vente. À titre d’exemple, pour les primo-accédants, nous proposons souvent l’AIO de Joyetech, la PockeX d’Aspire ou l’iStick d’Eleaf. Pour les plus confirmés, nos clients cloud chasing amateurs, une box Nebula ou le kit Tarot Nano de Vaporesso avec un liquide The French de Savourea. Nos clients souhaitent avant tout des produits sûrs, efficaces et simples d’utilisation. C’est devenu notre positionnement client. C’est pourquoi nous avons toujours refusé des modèles reconstructibles pour l’instant.

“L’arrêt de la publicité sera plus pénalisant pour les gros acteurs comme Clopinette, qui disposent de moyens financiers pour des campagnes média”Eric de Goussencourt

PGVG : Avez-vous accusé le coup avec la transposition en France de la TPD ? Comment voyez-vous désormais l’avenir économique du secteur ?

É. de G. : Depuis la création de notre enseigne, aucune nouvelle loi n’a entravé notre progression. Les nouvelles lois s’appliquent dans tous les secteurs et les industriels doivent s’y plier, en général, pour le bien du consommateur final. Ce qui, pour nous, est un principe indiscutable. Bien sûr, elles sont parfois pénalisantes ou contraignantes, mais ne remettent en aucune manière en cause l’avenir économique du secteur. Par exemple : la majorité de nos formats étaient déjà en 10 ml. Ce qui a été le plus compliqué à gérer, c’est le retour de nos fournisseurs pour que tout soit conforme, notamment pour les fioles de plus de 10 ml et le conditionnement avec la notice obligatoire. Peut-être que cette directive européenne va influer sur le marché, que ce soit au niveau des prix d’achat ou sur les évolutions en termes de matériel, ceci dû aux délais imposés entre la déclaration et la mise sur le marché. Ce sera malheureusement plus difficile économiquement aux plus petits fabricants locaux de remédier aux charges administratives et financières. En revanche, l’arrêt de la publicité sera plus pénalisant pour les gros acteurs comme Clopinette, qui disposent de moyens financiers pour des campagnes média télévision ou presse à grande échelle, contrairement aux plus petites structures aux moyens limités.

PGVG : Le terme Clopinette fait référence à la clope et donc aux codes du tabac. Est-ce que cela vous pèse aujourd’hui ?

É. de G. : Le nom de la marque a été choisi en 2011 et, pour être franc, à l’époque, je ne me suis pas arrêté sur cet aspect. Nous avons modifié notre logo qui, à l’origine, arborait une cigarette électrique, trop proche des codes du tabac. Désormais, le nom et le logo de notre marque, avec une petite feuille verte, me semblent en adéquation avec nos valeurs.

PGVG : Que souhaitez-vous dire aujourd’hui aux professionnels ?

É. de G. : Nous avons tous eu cette chance d’oser nous lancer dans ce marché. Demain, notre métier va s’organiser et se structurer. Je suis très optimiste sur la croissance de la vape qui n’en est qu’à ses débuts. Les plus petits fabricants ou magasins d’e-cigarettes seront certainement les plus touchés pour des raisons de réglementation (contrôle produits), de visibilité face aux enseignes nationales, de puissance d’achat, etc. Aussi, je leur conseillerais de se regrouper, de s’associer, de se franchiser.


Interview publiée dans le numéro 18 de PGVG magazine