Vous êtes ici : Vaping Post » Société » Cartouches scellées, une fausse garantie de sécurité

Cartouches scellées, une fausse garantie de sécurité

    Annonce
  • Calumette
  • le petit vapoteur
  • Pulp
  • Vaporesso
  • Innokin
  • Vincent
  • Voopoo

Selon les cigarettiers, les cartouches scellées seraient les seules garantes de la sécurité des utilisateurs de cigarette électronique contre les drames qui ont frappé récemment les Etats-Unis. Mais l’argument, examiné de près, ne tient pas.

Les cartouches scellées

Le principe des cartouches de vape scellées est simple : c’est un petit atomiseur hermétiquement fermé et jetable pré-rempli de e-liquide. Les cigarettiers plébiscitent ce format : c’est un système propriétaire qui leur garantit de conserver leur client, et la marge dégagée est plus qu’intéressante (voir parenthèse ci-dessous).

De nombreux arguments sont soulevés pour pousser ce mode de consommation : l’adéquation entre la résistance et la puissance envoyée, l’impossibilité d’avoir un contact direct avec un liquide, la faible quantité contenue qui limiterait la toxicité…

Et, dernièrement, les cigarettiers ont appuyé sur le fait que les cartouches scellées auraient été la panacée pour éviter la crise provoquée par la consommation d’acétate de vitamine E qui a fait beaucoup de victimes, principalement aux Etats-Unis. 

Une petite parenthèse sur le prix des e-liquides dans des cartouches scellées.

Le prix moyen constaté d’un e-liquide en boutique est de 5,90 euros les 10 ml. Ce qui nous donne un prix de 590 euros le litre. Sur le site internet d’une boutique bien connue, sont proposées des cartouches d’une marque bien connue, scellées, par pack de 2, proposées à 7 euros le pack.

Chaque cartouche contient 1,5 ml de liquide. Un rapide calcul nous apprend que le e-liquide est vendu 2334 euros le litre.

Certes, des frais peuvent s’ajouter, comme celui des cartouches scellées, mais leur coût de fabrication est minime et laisse une belle marge au fabricant, nettement supérieure à celle du fabricant de liquide classique. Nous traiteront plus loin le prix de revient des pods.

Un autre avantage n’est pas à négliger : la captivité de la clientèle. Quand on achète une vape d’un cigarettier, il faut ensuite acheter des cartouches spécifique à son pod. Pas question de mettre une cartouche de l’une dans l’autre, ni d’entrer dans une boutique de vape et choisir parmi les centaines de saveurs différentes proposées la plupart du temps.

Vous avez le choix entre les six ou sept parfums proposés par la marque, qui n’hésitera pas d’ailleurs à les supprimer à sa convenance selon l’air du temps.

L’industrie du tabac aime le scellé. Déjà, parce qu’il demande beaucoup de logistique pour pouvoir être fabriqué et conditionné, et même si le prix de départ est très élevé pour une chaîne de remplissage, le coût de fabrication est minime. Une opération impossible pour un petit fabricant indépendant avec peu de moyens. Surtout, parce qu’il lui assure une partie monopolistique dans la vente : il suffit de vendre le pod de départ pour ensuite garder le client.

La sécurité des cartouches, une illusion

La principale justification des cigarettiers qui veulent imposer des cartouches scellées est que l’usager ne pourra consommer qu’un liquide conforme aux normes fixées, et ne pas utiliser sa vape pour inhaler n’importe quoi. Au hasard, de l’acétate de Vitamine E, ou encore du Buddha Blue (PTC).

Exellente idée, en théorie, si il était impossible de la contourner. Malheureusement, ça l’est, avec une technicité à la portée de tous et avec un investissement minime, très vite rentabilisé. 

On trouve en effet sur des sites chinois ce genre de machine, proposée pour mois de 4000 dollars :

Et, à remplir, des pods :

Il est donc tout à fait possible de trouver sur un site de vente en ligne chinois des cartouches vides contrefaites pour les principaux pods du marché, principalement ceux des cigarettiers, une machine pour les remplir, et de se faire livrer le tout chez soi. Pour l’installation, un garage suffit. 

Reste ensuite à les remplir de ce que l’on veut, par exemple, de la drogue. Pourquoi ? Parce que la législation européenne sur les contrefaçons interdirait de remplir ces pods avec des liquides du marché et de les revendre ensuite légalement dans des boutiques. Un acquéreur opterait pour le marché des stupéfiants, à même de rentabiliser plus vite son “investissement”.

Un lieutenant de la brigade des stupéfiants à qui nous avons soumis nos chiffres nous l’a confirmé : au vu des prix qui se pratiquent auprès des dealers, l’opération serait rentable pour un trafiquant et, bien entendu, dangereuse pour le consommateur. 

Et inutile de s’attendre à ce qu’un trafiquant de stupéfiants se soucie de la TPD, de la norme AFNOR ou de la toxicité de la base qu’il emploie. 

D’ailleurs, dans l’affaire de l’acétate de vitamine E qui a fait plusieurs morts aux Etats-Unis et un en Europe à l’heure où ces lignes sont écrites, les quelques arrestations qui ont eu lieu se sont accompagné de saisies de cartouches pré-remplies, selon la police américaine.

La sécurité des utilisateurs de cartouches scellées n’est donc, sur ce point, absolument pas garantie.

Comment être sûr ?

Ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit : les flacons de liquides pour remplir soi-même son atomiseur ne sont pas plus sûr que les cartouches scellées. Ce que nous démontrons, c’est qu’ils ne le sont pas moins.

En revanche, pour se garantir une sécurité optimale, l’utilisateur ne doit pas se poser la question de ce qu’il achète, mais de où il l’achète. Les cartouches de THC à l’acétate de vitamine E ou le Buddha Blue sont vendus par le biais de sites internet spécialement créés ou par des revendeurs de rue. Dans un réseau parallèle, dans tous les cas.

Les réseaux officiels, qu’il s’agisse des boutiques de vape ou des sites internet basés en Europe ayant « pignon sur rue », à savoir une bonne réputation numérique et un enregistrement aux normes dans leur pays d’origine (stipulé dans les « mentions légales » obligatoires) sont contrôlés et ne vendent pas de produits stupéfiants illégaux.

Bref, si vous achetez un flacon de liquide dans une boutique de vape, vous ne craignez rien. Si, en revanche, vous l’achetez en espèces à minuit sur la place derrière l’église à un type qui n’a pas l’air d’être en règle avec l’URSSAF, ne vous étonnez pas d’avoir des problèmes. Cela peut paraître superflu à rappeler, mais néanmoins indispensable.

En un mot : l’affirmation selon laquelle les cartouches scellées pour pods des cigarettiers offrent aux autorités la garantie que l’affaire de l’acétate de vitamine E ne se produira plus est fausse. La seule garantie sur laquelle un gouvernement peut s’appuyer, c’est celle de disposer d’un réseau connu, identifié, professionnel, qui respecte les normes et la législation. En la matière, les boutiques de vape ont déjà amplement fait leurs preuves. 

Les commentaires sont fermés.