Un répit pour la filière française du vapotage. L’article 23 du PLF 2026, qui prévoyait une taxation, l’interdiction de la vente en ligne, et le changement de statut des vape shops, a été supprimé par les députés. Le combat n’est toutefois pas terminé.
Ce qu’il faut retenir
- L’amendement I-1277 déposé par La France Insoumise a été voté ;
- Cet amendement supprime purement et simplement l’article 23 du PLF 2026 ;
- La filière française du vapotage peut respirer.
Du répit pour la cigarette électronique en France
Les députés français ont majoritairement voté pour la suppression de l’article 23.
C’était un moment attendu depuis des semaines par toute la filière française du vapotage. Depuis l’annonce du projet de loi finances (PLF) 2026, contenant l’article 23 qui signerait la mort du secteur de la vape en France, sa lecture à l’Assemblée nationale était particulièrement surveillée. C’est désormais chose faite, puisque les députés français se sont finalement prononcés et ont choisi de le supprimer. Voir le tableau récapitulatif des amendements
Les députés ont ainsi adopté l’amendement I-1277. Déposé par La France Insoumise, et soutenu par le Rassemblement National, cet amendement proposait la suppression de l’article 23. Notons également que les deux groupes parlementaires s’en sont directement pris à Amélie de Montchalin, ministre de l’Action et des Comptes publics. Si tous ont salué la qualité de son travail depuis le début des débats sur le PLF il y a plusieurs semaines, ils ont également souligné le fait que cet article aurait de toute façon dû être débattu avec la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, et qu’il n’avait pas sa place dans un budget.
Les conséquences
- À l’heure actuelle, la menace qui pesait sur la filière française du vapotage est levée.
Quelle est la suite du parcours législatif de l’article 23 ?
Ce vote des députés ne marque pourtant pas la fin de la bataille qui se joue actuellement en France. L’Assemblée nationale doit encore se prononcer sur 991 amendements avant de pouvoir voter ou rejeter l’ensemble du PLF 2026, au plus tard, le dimanche 23 novembre.
Qu’elle y parvienne ou non, le texte partira ensuite au Sénat pour une durée de 15 à 20 jours. Et ce qu’il contiendra à ce moment-là dépend de plusieurs facteurs :
- Le vote, ou non, du texte par l’Assemblée ;
- En cas d’absence de vote par manque de temps : le choix que fera le gouvernement de transmettre au Sénat, son texte initial, ou celui qui a été amendé par les députés.
Le Sénat a d’ores et déjà averti qu’il remanierait très largement les amendements votés par les députés. Les profonds changements que comptent instaurer les sénateurs devraient donc conduire à la tenue d’une commission mixte paritaire (CMP), durant laquelle 7 députés et 7 sénateurs devront trouver un accord sur une version commune du PLF 2026. Les discordances entre les deux chambres étant très marquées, il y a peu de chances qu’elle y parvienne.
L’échec de la CMP ouvrirait la porte à une seconde lecture du texte à l’Assemblée nationale, puis au Sénat. Des débats qui auraient peu de chance d’aboutir puisque le calendrier constitutionnel impose une date limite au 23 décembre, au-delà de laquelle le gouvernement disposerait d’autres options si aucun accord n’a été trouvé.
Et ces options, les voici :
- Donner le dernier mot à l’Assemblée nationale, ce qui nécessiterait une majorité pour voter le texte ;
- Avoir recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer son texte « en force ». Une méthode que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a assuré ne pas vouloir utiliser lors de son arrivée à Matignon ;
- Reconduire le budget de l’année dernière à l’aide d’une loi spéciale ;
- Invoquer l’article 47 de la Constitution et utiliser le système d’ordonnance budgétaire, une procédure qui n’a jamais été utilisée au cours de la Ve République. Dans ce cas, l’ordonnance serait prise en Conseil des ministres et ne serait pas soumise à la ratification du Parlement. Cependant, cette méthode n’ayant jamais été utilisée auparavant, elle soulèverait de nombreuses incertitudes juridiques. Bien qu’elle permette, théoriquement, au gouvernement de mettre en œuvre le PLF 2026, personne ne sait précisément quel serait son contenu. Le texte initial ? Une version amendée ? Le texte initial en plus de certains amendements choisis par le gouvernement ? Mystère. Point important à souligner : l’utilisation d’une ordonnance budgétaire ne peut se produire que si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée sur le texte. En cas de vote pour ou contre, cette option n’est plus disponible.
L’avenir de l’article 23, et, plus largement, du projet de loi de finances 2026, reste donc, pour l’heure, très incertain.
Les amendements adoptés et rejetés
| N° d’amendement | Parti politique | Produit(s) concerné(s) | Résumé de l’amendement | Statut |
|---|---|---|---|---|
| I-176 | 🟦 | Vapotage | Supprimer l’article 23 | Non défendu |
| I-1277 | 🟥 | Vapotage | Supprimer l’article 23 | Adopté |
| I-1706/I-1819/I-2520 | 🟦🟪 | Vapotage/Chanvre | Ne pas taxer les produits sans nicotine/Interdire la vente en ligne des produits nicotinés | Tombé |
| I-1512/I-1699/I-1795/I-2519 | 🟦🟪 | Chanvre | Ne pas taxer les produits sans nicotine issus du chanvre | Tombé |
| I-2271/I-2341 | 🟫🟩 | Tabac chauffé/Vapotage | Différencier produits fumés, produits inhalés, et produits chauffés. Aucun impact | Tombé |
| I-3816/I-3817/I-2515/I-2163 | 🟪🟫🟨 | Sachets de nicotine | Limiter le taux de nicotine maximum et réserver leur distribution aux buralistes | Tombé |
| I-1732 | 🟩 | Vapotage | Supprimer les produits du vapotage du champ d’application de l’article 23 | Tombé |
| I-2588 | 🟪 | Vapotage | Supprimer la qualification juridique même des produits du vapotage. L’article 23 ne s’appliquerait pas à la cigarette électronique et sa potentielle taxation future serait rendue plus difficile | Tombé |
| I-1164/I-2517 | 🟪🟨 | Vapotage | Taxation de 0,15 €/ml pour tous les e-liquides, avec ou sans nicotine | Tombé |
| I-1166 | 🟨 | Vapotage | Augmenter la taxation prévue à 0,10 €/ml pour les e-liquides dont le taux de nicotine est inférieur à 15 mg/ml et 0,20 €/ml pour les produits dont le taux est supérieur | Tombé |
| I-679 | 🟫 | Vapotage | Taxation unique de 0,10 €/ml pour tous les e-liquides, avec ou sans nicotine | Tombé |
| I-3638 | 🟦 | Vapotage | Passer l’accise sur les e-liquides à 0 € | Tombé |
| I-723 | 🟦 | Chanvre | Ne pas augmenter la taxation des produits du chanvre. Ne pas confier leur distribution exclusive aux buralistes | Tombé |
| I-760 | 🟦 | Tous | Passer la nouvelle accise à 0 € pour tous les produits concernés par l’article 23 (hors tabac) | Tombé |
| I-2518 | 🟪 | Vapotage | Obliger une entreprise à réaliser au moins 20 % de son chiffre d’affaires avec des produits du vapotage pour pouvoir prétendre à l’agrément qui permettrait d’en vendre | Tombé |
| I-2594 | 🟧 | Vapotage | Supprimer l’interdiction de la vente en ligne | Tombé |
| I-2467 | 🟧 | Vapotage | Repousser l’interdiction de la vente en ligne | Tombé |
| I-3551/I-3950 | 🟪 | Vapotage | Interdire la vente des produits du vapotage aux mineurs | Tombé |
| I-2516 | 🟪 | Sachets de nicotine | Mettre en place un encadrement pour leur commercialisation | Tombé |
| I-998/I-1324/I-2165/I-1491/I-682/I-1863/I-3820 | 🟪🟫🟨⬛️ | Sachets de nicotine | Mettre en place un encadrement pour leur commercialisation et réserver leur vente exclusive aux buralistes | Tombé |
| I-32 | ⬛️ | CBD | Mettre en place une taxe de 10 % sur tous les produits du CBD | Tombé |
| I-3017 à I-3033 | 🟦 | N/A | Amendements rédactionnels | Tombé |
| 🟦 : Droite Républicaine 🟥 : La France Insoumise 🟪 : Ensemble pour la République 🟫 : Horizons & Indépendants 🟨 : Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires 🟩 : Union des droites pour la République 🟧 : Socialistes et apparentés ⬛️ : Rassemblement National |
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