Imaginons un monde meilleur, où l’article 23 voulu par nos dirigeants bienveillants pour améliorer le sort de sa population, entre en vigueur. Ce monde serait celui où La Vape du Cœur cesserait immédiatement ses activités. Meilleur, vraiment ?
Asystolie
Est-il encore besoin de présenter La Vape du Cœur ? L’association, fondée il y a dix ans, s’est donné une mission : permettre aux plus démunis d’accéder à l’outil vape dans une démarche de sevrage tabagique. Difficile de trouver mission plus clairement tournée vers la santé publique, en s’assurant qu’elle ne soit inaccessible pour personne. Les derniers chiffres de l’OFDT révélaient d’ailleurs que, si le taux de prévalence tabagique est de 17 % chez les personnes touchant un revenu supérieur à 2 510 €, il culmine à plus de 30 % pour ceux dont le salaire est inférieur à 1 160 €.
Pour lutter contre ces inégalités, l’organisation collabore avec plus de trois cents structures de soins, qu’il s’agisse d’établissements médico-sociaux, sanitaires, résidentiels, ambulatoires ou encore d’interventions en milieu carcéral.
Ces partenariats se construisent avec plusieurs acteurs de l’addictologie, aussi bien de manière directe qu’à travers le réseau Fédération Addiction, ou des opérateurs majeurs, tels qu’Association Addiction France et SOS Solidarités. L’objectif principal consiste à mettre à disposition, sans frais, du matériel de vape et des consommables, afin de soutenir les personnes confrontées à des difficultés financières.
Concrètement, ce sont plus de 170 000 kits et 760 000 flacons qui ont été distribués.
Serge Le Faurestier, chargé de communication de La Vape Du Cœur
« Et tout cela, si l’article 23 venait à passer, nous serait impossible », explique Serge Le Faurestier, chargé de communication dans l’association . « Selon l’article 23, la vape, assimilée à un produit du tabac, serait impossible à offrir. Ce qui fait que nous ne pourrions plus recevoir de produits de nos partenaires, et nous ne pourrions plus les distribuer aux professionnels de santé. »
C’est un point important à souligner : la Vape du Cœur ne distribue pas de vapes au petit bonheur la chance à celles et ceux qui ont l’air un peu fauchés. Le matériel et les liquides transitent par des professionnels formés, dont la santé publique est le métier, et les bénéficiaires sont des personnes qui en ont clairement besoin.
Arrêt du massage
« Nos partenaires sont effarés, pour beaucoup, dans le milieu médical, la vape étant un instrument essentiel dans leur stratégie de réduction des risques. Il va y avoir un impact important en termes de santé sur les personnes aidées par l’association. »
Et ces 310 partenaires ne sont pas des amateurs. « La semaine dernière, nous avons signé cinq nouvelles conventions avec le SAMU social, souligne Serge. Si la loi passait, l’association s’arrêterait. Nous aurions encore le droit de distribuer du matériel, mais ça n’aurait pas de sens, sans liquide, qui est le pivot du sujet. Nous n’aurions plus non plus le droit de former les professionnels de santé à l’usage de la vape dans le cadre de la réduction des risques tabagiques ». Ce qui est une des activités principales de la Vape du Cœur, et qui est, là encore, cruciale.
Xavier Guyou, Président de la Vape du Cœur
Une fermeture qui laisserait, accessoirement, quatre salariés sur le carreau, en plus de tous les bénéficiaires. « Il faudrait que le gouvernement mène une étude d’impact sanitaire, ils vont avoir des surprises. »
Pourtant, l’équipe reste optimiste : « On garde espoir. Xavier Guyou, le Président de la Vape du Cœur, est cependant très inquiet pour l’avenir de l’association et pour tous les gens qu’on laisserait sur le bord de la route si cela venait à se concrétiser. »
Un point intéressant à connaître : il n’y a jamais eu, dans l’histoire, nulle part dans le monde, une association qui avait pour but de distribuer du tabac aux plus démunis, et c’est heureux. En revanche, des associations qui distribuent de la vape pour aider, justement, les plus démunis à se sortir du tabac, il y en a, avec l’assentiment, voire à la demande, du monde médical.
Dès lors, il est permis de se demander : une loi qui empêcherait une telle association de mener à bien sa mission est-elle juste ?
L’article 23, synonyme de nombreux dégâts



















